Polypes et polypectomie
(Polyp, مُرَجَل، مُرَجلات)
- Définition :
- Définition de Larousse-Bordas 1998
- Polype (du grec : polus, nombreux, et pous, pied).
- Tumeur bénigne, molle, généralement. pédiculée,
qui se développe sur une muqueuse.
- Définition du dictionnaire de Médecine Flammarion (Edition
1991, page 684) :
- Terme d'anatomie macroscopique désignant une formation sessile
ou pédiculée développée aux dépends
d'une muqueuse.
- Par extension, le mot est utilisé dans le langage histologique
pour désigner une tumeur bénigne développée
aux dépends d'un revêtement épithélial
cylindrique ou cylindro-cubique, alors que le terme d'adénome
devrait être réservé aux lésions tumorales
bénignes développées aux dépends des glandes.
- En fait, les muqueuses cylindriques étant presque toujours
associées à des glandes dans le chorion sous jacent;
il est bien souvent impossible de préciser s'il s'agit d'un
polype ou d'un adénome, d'où le terme préférable
de polyadénome.
- Polypose (polyposis) : affection caractérisée par
la coexistence de multiples polypes au niveau d'une muqueuse.
- En arabe : polype = سَليلَة (pluriel : سَلائل) ou
مُرَجَّل (pluriel : مُرَجلات).
- Polypose : داء السليلات ou داء المرجلات
- Histologiquement :
- Il s'agit d'une formation tumorale sous forme d'une excroissance développée
au dépens d'une muqueuse ; cette formation peut être pédiculée
ou sessile (base d'implantation large). Microscopiquement on constate
la présence de trois éléments histologiques :
- un axe de tissu conjonctif [1] (appelé : stroma ou chorion cytogène)
occupé dans son centre par une ou plusieurs artérioles [2] à parois épaissies ;
- un revêtement [3] formé d'une muqueuse cylindrique,
ou cylindrocubique, parfois métaplasique quand le polype se
trouve dans un milieu agressif (polype endocervical accouché
par le l'orifice externe du col et donc en contact avec le milieu
vaginal).
- En Gynécologie :
- Les polypes font partie des affections dystrophiques tumorales bénignes
des organes génitaux de la femme, ils sont classés ci-dessous
en fonction de leurs fréquences :
- Au niveau du col utérin :
- Polype endocervical :
- C'est une lésion dystrophique du col utérin.
- Sa fréquence est de l'ordre de 2 % (1 - 6 %)
des admissions gynécologiques, de préférences
entre 30 et 50 ans et chez les multipares.
- Le polype endocervical résulte d'un allongement
hyperplasique d'un pli endocervical.
- Il est en général
unique, rond ou allongé, pédiculé ou
sessile ,
de taille variable (de lentille ou noyau de cerise) de consistance
molle, inséré à n'importe quel niveau
du canal endocervical ; lorsque il dépasse les 2 cm
de grand axe, il tend à sortir par l'orifice cervical
externe.
- Il a une surface lisse ou lobulée, souvent rouge
brillant (hypervascularisé), parfois ulcéré
à son sommet
- Il est souvent asymptomatique, donc le diagnostic se fait
fortuitement, à l'occasion d'un examen gynécologique
; dans les autres cas, il peut se révéler par
des leucorrhées ou des métrorragies. Il peut
se compliquer par l'infection.
- Après la ménopause, la présence d'un
polype endocervical, nécessite une exploration de la
cavité utérine car il peut être un polype
sentinelle pour une lésion endométriale
endocavitaire
- A l'examen anatomopathologique :
- Le polype endocervical est formé d'un axe congestif,
contenant une ou plusieurs artérioles aux parois
épaissies ; sa surface est recouverte par une muqueuse
endocervicale cylindrique ou métaplasique
- Le risque de cancérisation est exceptionnel.
- Polype fibreux :
c'est un fibrome, endocavitaire,
pédiculé et accouché par le col utérin
avec un pédicule naissant du fond utérin ou
une des parois des la cavité utérine. Il a une
consistance ferme, de couleur rouge foncé, mais parfois
inflammatoire, friable, nécrotique (sphacèle)
; de taille variable pouvant atteindre parfois la les 5- 6 cm ou plus.
- Sphacèle accouché par le col utérin :
Le sphacèle est un morceau de tissu nécrosé.
Parfois, certaines tumeurs pédiculées évoluant dans la cavité utérine peuvent, sous l'effet des contractions utérines, être expulsées partiellement en dehors de la cavité utérine vers le vagin ; alors le prolongement de son pédicule et son son exposition à l'infection favorisée par sa présence dans un milieu non stérile qui est le vagin, entraînent sa nécrose (on dit qu' elle est sphacélée).
Les sphacèles utérins sont souvent des fibromes endocavitaires (sous-muqueux utérins), pédiculés et accouchés par le col utérin, mais ils peuvent êtres aussi des volumineux polypes pédiculés, fibreux ou endométriaux.
(voir ce cas de léiomyosarcome accouché par le col utérin et sphacélé) : , .
- Kystes de Naboth :
- ou les follicules de Naboth ; kystes glandulaires ou de kystes de rétention.
Les kystes de Naboth visibles sur l'exocol peut évoluer de façon à former des petits granulations visibles à l'œil nu, ou des tuméfactions polypoïdes saillantes , à paroi translucide, avec une base d'insertion large (kyste sessile) ou étroite (kyste pédiculé ) qui peuvent être confondues avec les différents types de polypes du col utérin.
- Au niveau de l'endomètre :
- Le polype endométrial , , , , , , , , , , :
- Il résulte d'une hyperplasie localisée de
la muqueuse de l'endomètre,
c'est-à-dire une croissance focale des glandes et du
stroma autour d'une ou de plusieurs artérioles spiralées
aux parois épaisses aboutissant à la formation
d'une masse saillante, pédiculée, pouvant dilater
la cavité utérine et parfois, l'occuper en totalité
et faire protrusion par le col utérin dans le vagin.
- Le polype endométrial témoin d'un déséquilibre
hormonal (dysovulation, hyperoestrogénie, insuffisance
lutéale...), ce déséquilibre est à
l'origine de plusieurs phénomènes pouvant donner
naissance au polype, ces phénomènes sont :
- l'absence d'involution cyclique mensuelle des artérioles
spiralées de l'endomètre ;
- la perte de récepteurs à la progestérone et la persistance des récepteurs aux strogènes.
- La fréquence des polypes endométriaux est
de l'ordre de 6 % des curetages et pièces opératoires utérines. L'âge
d'apparition est entre 12 et 81 ans avec un maximum entre
30 et 59 ans.
- Cliniquement le polype endométrial peut se manifester
par des métrorragies,
des ménorragies, des leucorrhées, mais il
peut rester latent, asymptomatique et que l'on découvre
fortuitement à l'hystérosalpingographie, hystéroscopie et à l'échographie , ou lors un examen gynécologique en cas de protrusion
par le col utérin.
- Sa taille et de moins de 0.5 cm jusqu'à 12 cm, mais
en moyenne, il mesure de 2 à 3 cm, souvent solitaire,
multiple dans 22 % des cas ; pédiculé ou
sessile (base d'implantation large) ; sa localisation est
le plus souvent dans le fond de la cavité utérine,
mais toutes les locations endométriales sont possible
y compris l'isthme utérin ;
- de consistance molle, mais dans certains cas, il peut être
ferme simulant les léiomyomes (fibrome), .
- Histologiquement on trouve un stroma conjonctif occupé
dans son centre par une ou plusieurs artérioles à
parois épaissies ; la surface est revêtue par
une muqueuse endométriale glandulaire (parfois en phase sécrétoire simple).
- Le polype endométrial peut être le site focal d'une hyperplasie endométriale simple ou complexe avec parfois des atypies cytologiques.
- Le polype endométrial peut être isolé,
ou associé à d'autre anomalie comme l'adénomyose,
le fibrome et l'hyperplasie de l'endomètre sans ou avec atypies ; l'adénocarcinome se voit dans
0,36 à 0,55 % des cas.
- L'adénocarcinome endométroïde de l'endomètre peut prendre la forme de polype endométrial exophytique se projetant dans la cavité utérine.
- Au niveau de l'endomètre on peut trouver d'autres
variétés particulières de polypes :
- Polype télangiectasique :
- C'est un polype riche en vaisseaux dilatés.
- Polype de la matrone :
- C'est un volumineux polype riche en glandes prolifératives
développées dans un stroma plutôt
fibreux
- Polype adénomyomateux ou
adénomyome pédiculé de Hertig
et Gore :
- Il se voit dans 1,3 % des polypes de l'endomètre,
chez des femmes jeunes, infertiles, sans adénomyose ni endométriose associées
- Polype placentaire : ;
- Il se voit après un accouchement, suite à
une rétention d'un segment du placenta (cotylédon) qui prend, au bout de quelques semaines
de rétention, la forme d'une masse fibreuse, pédiculée
ou sessile, occupant partiellement ou totalement la cavité
utérine.
- Le polype placentaire peut rester silencieux pendant
des mois mais souvent il est à l'origine de métrorragies
tardives du post-partum (qui peuvent être parfois
sévères) et des endométrites.
- Cliniquement l'utérus est mal involué
par rapport à la date de l'accouchement, et à
l'échographie ,
on trouve une masse hyperéchogène occupant,
selon sa taille une partie ou la totalité de la
cavité utérine. Le polype placentaire peut
être confondu à un fibrome sous muqueux, endocavitaire, surtout, quand l'accouchement
remonte à quelques mois auparavant ; dans ce cas
là, le diagnostic devient histologique, anatomopathologique.
- Polype déciduale (rétention de la caduque) :
- Il se voit rarement après un accouchement, suite à
une rétention de la caduque qui devait, normalement être expulsée en partie avec le placenta, et le reste, durant le post-partum. Cette rétention peut prendre la forme et la taille qui peuvent simuler parfaitement les caractéristiques du polype placentaire ; c'est seulement l'examen anatomopathologique qui permet de faire le diagnostic. Consultez ce cas très parlant.
- Fibrome (myome) pédiculé polypoïde endocervical :
- Il peut s'agir d'un fibrome pédiculé ou sessile évoluant dans le canal endocervical et parfois accouché par l'orifice externe du col utérin ; sa nature myomateux ne peut être déterminée que par l'examen anatomo-pathologique de la pièce opératoire.
- Au niveaux des trompes :
- Le polype du segment intramural de la trompe
:
- C'est un polype endométrial avec chorion cytogène
revêtu de la muqueuse tubaire, sa bilatéralité
est fréquente. Il obstrue partiellement ou complètement
la portion intramurale d'une ou des deux trompes.
- Polype endotubaire :
- C'est un bourgeon fibreux, ou fibro-épithélial
qui obstrue partiellement ou totalement la lumière tubaire
avoisinant et une dilatation tubaire en aval du segment obturé.
- Il résulte d'un épaississement d'un pli de la muqueuse
tubaire suite à une infiltration focale ou lésion
vasculaire.
- Il peut expliquer dans certains cas la survenue d'une stérilité ou une grossesse extra-utérine tubaire.
- Au niveaux du périnée et de la
vulve :
- Polype fibroépithélial de
la vulve et du périnée (acrochordon) :
- Une tumeur saillant, molle, à axe conjonctif adipeux et
à revêtement hyperkératosique ou atrophique,
il peut être confondu à un condylome acuminés. Dans certain cas les cellules stromales présentent
des atypies (pseudosarcome botryoïdes).
- Au niveaux du vagin :
- Polype fibro-épithélial
à cellules atypiques (pseudosarcome botryoïdes
postopératoire) génito-urinaire :
- c'est un polype bénin ; il apparaît après
une chirurgie et pendant la grossesse et chez les femmes sous contraception hormonale.
- Il se voit 2 à 3 semaine après une intervention
chirurgicale vaginale, souvent unique mais il peut être
multiple ; de 1,5 à moins de 4 cm de diamètre, pédiculé
ou sessile.
- Granulomes à corps étranger
:
- Ce sont des lésions qui peuvent être confondues
aux polype. Il s'agit de bourgeons charnus, rouges, télangiectasiques
; ils se voient souvent dans le fond du vagin,
après une hystérectomie,
au niveau de cicatrice du dôme vaginal ; c'est une réaction
inflammatoire aux particules du talc ou aux fils de la suture chirurgicale.
- Le pavillon tubaire migrant vers le fond du vagin à travers une béance de la cicatrice du dôme vaginal (après une hystérectomie totale) peut être facilement confondu avec le granulome à corps étranger.
- Les granulome peuvent aussi être mis en évidence
au niveau de la vulve, du périnée et du péritoine suite à des interventions chirurgicales
concernant ces organes.
- Polypectomie (polypectomy) :
- C'est
l'ablation du polype :
- Références :
- E. Philippe, C. Charpin "Pathologie gynécologique et
obstétricale", Editions Masson 1992 ; p:8, 27, 43, 97, 136
et 162.
- Bernard Blanc, Léon Boubli "Gynécologie",
éditions Pradel 1989 ; p: 297, 352 et 397.
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