- Alphabet ougaritique : premier véritable et unique alphabet cunéiforme connu datant de 1400 av. J.-C.
Les tablettes textuelles découvertes à Ugarit (sur le site de Ras Shamra en Syrie) en 1929 par l’archéologue Claude SCHAEFFER sont écrites en cunéiforme syllabique ou d'autres écritures syllabiques appartenant aux différentes langues répandues au Proche-Orient à cette époque (XVe - XIIIe siècles av. J.-C.) : le sumérien, l'akkadien, l'hittite, le louvite, le hourrite, et puis l'égyptien et le chypro-minoen, mais la célébrité de la ville antique d'Ugarit en Syrie est attribuée à la découverte d'environ 2000 tablettes inscrites dans une langue locale et dans une écriture cunéiforme méconnue.
En 1930, trois savants, Hans Bauer à Halle, Charles VIROLLEAUD à Paris et Édouard DHORME à Jérusalem, réussirent à déchiffrer cette écriture et ses signes cunéiformes, ils découvrirent qu'il s'agit d'une écriture alphabétique d’une langue sémitique occidentale qu’ils appelèrent ougaritique.
Cette écriture est formée de trente signes (lettres) cunéiformes avec la composition des mots qui ne comportent que rarement plus de quatre signes, puis chaque mot est isolé du suivant par un séparateur vertical. Le caractère alphabétique de cette écriture ougaritique fut confirmé en 1955 suite à la découverte, à Ugarit (Ougarit) en Syrie, aux archives du Palais royal, d'une tablette mutilée présentant les dix premières et dix dernières lettres de cet alphabet ougaritique en face de leur équivalent syllabique akkadien. ; ce fut donc, la découverte du premier et le seul alphabet (abjad - de l'arabe = أبجدية) cunéiforme, connu, complet (de 30 lettres sémitiques) attesté à Ugarit et datant entre le (XVe - XIIIe siècles av. J.-C.).
La tablette cunéiforme présentée dans cette page et qui fut déchiffrée en 1939, est un abécédaire des trente lettres de cet alphabet ougaritique ; l'ordre des lettres ougaritiques sur cette tablette, qui se lit du gauche à droite, fut ensuite respecté dans tous les alphabets sémitiques ultérieurs tout en sachant que ces alphabets n'utilisent habituellement que vingt-deux lettres (ou consonnes) comme le phénicien, l'ébreu, l'araméen, le syriaque et également dans la plupart des alphabets plus récents comme le grec, le latin, l'étrusque…
Comme on peut l'observer, il s'agit de 30 signes cunéiformes correspondant aux 30 lettres alphabétiques sémitiques ougaritiques dont le choix de configuration fut arbitraire, c'est-à-dire leurs configurations ne sont basées sur le système de l'acrophonie qui fut utilisé ultérieurement pour créer l'alphabet phénicien de Byblos : cette dernière écriture emprunta de l'écriture ougaritique son principe alphabétique (un son ou un phonème = une lettre et chaque mot est une succession de sons, c'est-à-dire de lettres), mais pour figurer ces lettres, on abandonna le système cunéiforme et on le remplaça par le système de l'acrophonie (le fait d'attribuer à un idéogramme la valeur phonétique de son premier phonème), donc pour chaque consonne de cet alphabet phénicien qui comporte 22 consonnes on attribue un idéogramme dont le premier phonème a la même valeur phonétique que cette consonne, ainsi le caractère sémitique phénicien (mèm ou mem ou mim = 𐤌), son idéogramme "eau" par ce que le mot "eau" dans les langues sémitiques commence par le phonème "m" (mém, mèm, mim et maa en arabe ـ ماء), pour cela, l’idéogramme de "eau - (𐤌)" a servi à désigner le son "m", alors chaque fois que l'on rencotre l’idéogramme "eau - (𐤌)" on sait qu'il s'agit du son "m". Autre exemple, l’idéogramme "maison = beit بيت - 𐤁 " désigne le son "b", et l’idéogramme "tête = rach, roch, rèch, resh - رأس - 𐤓" désigne le son "r".
Bien sûr, les idéogrammes ont subi des simplifications au cours de leurs utilisations comme on peut le marque par exemple : de 𐤌 à m ; de 𐤁 à b ; de 𐤊 = paume à k…
L'alphabet ougaritique cunéiforme est disparu avec l'extinction du royaume d'Ougarit vers XI-XII siècle av. J.-C. sous la domination Hittite, mais les principes de son fondement sont toujours présents jusqu'aux nos jours grâces aux autres peuples sémites et certaines peuples du bassin méditerranéen qui les ont empruntés.
Consulter également :
|