Le royaume d'Ugarit florissait au IIe millénaire sur la côte méditerranéenne. Les fouilles commencées en 1929 par la découverte fortuite d'une tombe ont mis au jour en soixante ans de recherches, les quartiers d'une capitale, des temples, les restes d'une fortification, un vaste palais royal et de nombreuses demeures. Elles n'ont cependant encore touché que le 1/6 du site.
Les tablettes d'archives rédigées en akkadien et en ugaritien, sans compter les documents en plusieurs langues ainsi qu'une très grande variété d'objets archéologiques, revêtent une importance exceptionnelle à l'échelle universelle.
Les richesses du royaume provenaient de l'agriculture (vignes, oliviers, céréales, élevages, forêt), de l'artisanat qui semble avoir atteint dans certains domaines une maîtrise jamais égalée (le travail du métal par exemple: figurines, outils... ), les ateliers de faïence de l'ivoire) et surtout de l'activité commerciale : trafic méditerranéen très actif avec l'Egée et la Crète, Chypre, et toutes les régions côtières du Levant : Arwad, Byblos, Sidon, Tyr.... et avec l’Égypte. Du côté continental Ugarit apparait comme l'intermédiaire entre la Méditerranée, la Syrie Centrale et la Mésopotamie.
Au début du Bronze récent, la ville était entourée d'un rempart puissant dont on ne connait actuellement qu'une partie, celle qui protège le palais royal du côté occidental de la ville. La forteresse à l'ouest du glacis s'appuie sur le palais du rempart. La zone royale possédait sa propre entrée fortifiée à l'ouest.
La principale voie de circulation urbaine a une largeur de 4 m beaucoup moins que les rues ordinaires (entre O,90 m et 2,50m).
Le palais royal du Bronze récent, construit en plusieurs fois au cours des XlVe et XlIle siècles, s'étendait sur près d'un hectare et provoquait par sa splendeur l'admiration des contemporains. Malgré les destructions dues à l'incendie du Xlle siècle av. J.-C., aux pillages de pierres et à trois mille ans d'érosion les ruines restent spectaculaires, avec des murs de pierre conservés par endroit jusqu'au premier étagé. Près d'une centaine de cours et de pièces couvertes ont été reconnues au niveau du plan au sol, mais il faut y ajouter tout l'espace construit en étage, dont la présence de nombreux escaliers atteste l'existence.
La disposition du plan et la nature des documents archéologiques et des tablettes d'archives qu'on a retrouvés dans les différentes parties du palais, font apparaître une répartition entre des zones réservées à la fonction royale-avec une salle du trône et à l'administration, et des parties privées ainsi qu'un ensemble réservé au culte funéraire de la famille royale et contenant de très beaux caveaux.
En haut de la ville, acropole se situaient les Temples où des stèles ont permis d'identifier les divinités à qui étaient consacrés ces monuments.
Entre les temples s'élevaient des constructions dont la « maison du grand prêtre » qui a livré les plus importants documents écrits de l'histoire du site : d'une part la série des tablettes qui portent les récits mythologiques " cycle de Bâal " qui ont fait la célébrité d’Ugarit depuis soixante ans, d'autre part un lot d'outils de Bronze portant des dédicaces en ougaritique qui ont permis en 1930 le déchiffrement de cette langue.
Les maisons varient dans leurs formes et leurs dimensions, mais semblent répondre à un prototype : un vestibule d'entrée menant à la cour et donnant accès à l'escalier ; maison séparée en deux zones autonomes munies chacune de son entrée sur la rue et reliées entre elles intérieurement... C'est l'image d'une cité serrée sur elle-même où la vie privée se protège au fond de rues étroites.
La ville ne présente aucun tracé régulier, puisqu'elle est l'aboutissement de nombreux siècles pendant lesquels elle s'est indéfiniment reconstruite sur elle-même.
L'intérêt exceptionnel d'Ugarit pour la connaissance de l'urbanisme et de la civilisation d'une cité du Levant à la fin de l'âge du Bronze récent est indéniable. Les qualités aussi exceptionnelles des œuvres d'arts ne souffrent d'aucun doute. Mais ce qui a le plus contribué à sa célébrité depuis qu'elle a été exhumée est certainement la découverte de certaines de tablettes inscrites dans une langue locale et dans une écriture de trente signes, très vite identifiée comme un alphabet.
La ville ayant été définitivement détruite dans les premières années du Xlle siècle av. J.C., ces tablettes qui s'échelonnent sur environ deux siècles, sont les plus anciens témoins d'une véritable littérature inscrite dans ce nouveau système d'écriture révolutionnaire qu'est l'alphabet.
La chute et la disparition définitive de la ville d'Ugarit ont marqué la fin de cet alphabet uniforme. Mais l'invention elle-même, le principe de l'écriture alphabétique a survécu aux bouleversements qui ont affecté toute la côte au début du Xlle siècle av. J.-C. et à l'invasion des « Peuples de la mer ». Vers l'an 1000 av. J.-C. à Byblos une inscription gravée sur un sarcophage atteste l'existence de l'alphabet Phénicien à cette époque. Entre le Xe et le VlIle siècle av J.-C. I'alphabet a été aussi emprunté par les Grecs qui sont à l'origine de toute la tradition européenne tant latine que cyrillique tandis que l'alphabet araméen a donné naissance à tous les alphabets sémitiques actuellement en usage, arabe, syriaque ou hébreu. L'alphabet s'est ainsi répandu dans toute la Méditerranée et tout le Proche-Orient.