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L'échographie obstétricale
Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour :
7 Mai, 2023
Limites de l'échographie
obstétricale
Une échographie obstétricale normale ne veut
pas dire que l'enfant à la naissance sera toujours normal car l'examen
échographique ne permet pas toujours de diagnostiquer toutes les anomalies
morphologiques, et elle est incapable de mettre en évidence les anomalies
fonctionnelles des organes étudiés surtout s'ils sont morphologiquement
normaux.
L'exploration échographique est basée sur le principe d'émission
des ultrasons par une sonde, ces ultrasons vont pénétrer dans
l'organe à explorer, puis par plusieurs phénomènes physiques,
et en particulier la réflexion, une partie de ces ultrasons vont revenir
à la sonde qui va les transformer en signaux électriques, ces
signaux, une fois traités par l'appareil d'échographie vont
apparaître sur l'écran et sur les clichés échogrphiques
sous forme d'images, mais bien sur, elles ne sont pas des photographies en noir
- blanc ou en couleurs de l'organes étudiés ; elles ne sont
que les ombres de cet organe et l'échographie,
en vérité, est une étude des ombres. Ce qui dit des ombres il peut dire qu'il y a de temps en temps des points
d'ombres invisibles ou d'interprétation impossible, ce qui explique
que l'on ne peut pas voir tout à l'échographie et qu'une
échographie ftale normale n'est pas toujours synonyme d'un enfant normal.
- Toutes les études mondiales montrent que
l'échographie obstétricale ne détecte que :
- 60 % des malformations ftales et
- 75 % des ftus atteints par la trisomie
21.
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Quand et pourquoi les échographies
obstétricales sont réalisées
Les explorations échographiques que l'on peut effectuées pendant
la grossesse sont les suivantes :
- L'échographie du premier trimestre de
la grossesse
- Date de réalisation :
- si la grossesse se déroule normalement, cette échographie
est habituellement pratiquée entre 11 et 13+6 semaines d'aménorrhée (c'est-à-dire entre la 11e et la 13e semaine et 6 jours).
- mais chez certaines femmes elle doit être pratiquée
plus précocement, et si nécessaire à plusieurs
reprises :
- si la grossesse est associée à des symptômes
inhabituels (métrorragie ; douleur abdominale et/ou pelvienne ; troubles digestifs très
prononcés ; malaises...) ;
- chez certaines femmes présentant des antécédents
particuliers (grossesse
extra-utérine ; avortements répétitifs précoces ; grossesse survenant
spontanément ou par PMA chez des
couples présentant une stérilité...).
- Cette échographie permet de :
- S'assurer de la présence de la grossesse.
- Localiser la grossesse dans ou à l'extérieur de la cavité utérine (intra-utérine ou extra-utérine)
;
- En combinant
l'échographie aux dosages de hCG plasmatique, il est admis qu'une grossesse évolutive intra-utérine
est visible :
- par l'échographie par voie
abdominale à partir d'un taux plasmatique de hCG égale ou supérieur à 2500 mUI/ml
;
- par l'échographie par voie
endovaginale à partir d'un taux plasmatique de hCG égale ou supérieur à 1500 mUI/ml.
- Étudier de la vitalité de l'embryon , ou du fœtus.
- Dater le début de la grossesse :
Pour cette datation, l'échographiste
utilise plusieurs mesures en fonction de l'âge de la grossesse
:
- entre 4,5 et 7 semaines d'aménorrhée il mesure
la longueur maximale du sac gestationnel (le sac contenant la
grossesse).
- entre 7 et 13+6 semaines d'aménorrhée il mesure
la longueur
cranio-caudale ; le degré de précision avec
cette mesure est de l'ordre de + 3 jours.
- entre 14 et 18 semaines d'aménorrhée il utilise
les mesures biométriques suivantes :
- BIP : diamètre bipariétal ;
- PC : périmètre céphalique
- LF : longueur fémorale
- A ce terme de grossesse, il faut priviligier la biométrie du pôle céphalique (BIP et PC) afin de dater le début de la grossesse.
- Ces mesures, à ce terme de la grossesse donnent
le terme avec une précision de + une semaine
- entre 20 et 24 semaines d'aménorrhée il utilise
en particulier la LF qui donne (après corrélation avec les autres mesures)
le terme avec un précision de + une semaine
- après 24 semaines d'aménorrhée l'échographie
n'est pas capable de déterminer le terme avec une bonne
précision (précision de l'ordre de + deux
semaines).
- Actuellement, lorsque l'âge gestationnel est incertain au-delà de 22 SA, un contrôle biométrique à 15-20 jours permet de réévaluer la dynamique de croissance et parfois de mieux préciser l'âge gestationnel (accord professionnel).
- Détecter les grossesses
multiples , :
si une grossesse multiple est mise en évidence, l'étude
échographique des membranes qui séparent les cavités
amniotiques permet de préciser la chorionicité et le
type de placentation. celà est très important dans la détermination de la stratégie de prise en charge de la grossesse et aussi la détermination de le terme de l'accouchement.
- Mettre en évidence certaines anomalies de la grossesse ne pouvant pas donner une naissance d'un enfant à terme : les grossesses
môlaires ; œuf clair...
- En réalisant une étude morphologique approfondie du premier trimestre de la grossesse, il est possible de mettre en évidence certaines anomalies mineures ou majeures détectables
à ce terme de grossesse comme (absence de l'os propre du nez, régurgitation de la valve tricuspide du coeur ; anomalie du Doppler du ductus veineux ; anomalies majeures comme l'anencéphalie, hygroma cervical, omphalocèle...).
- Si l'échographie est réellement pratiquée
entre 11 et 13+6 semaines d'aménorrhée, l'échographiste
mesure la
clarté nucale dans le cadre du dépistage précoce
de certaines anomalies chromosomiques fœtales (en particulier la trisomie
21) ; cette mesure permet à elle seule de dépister seulement
70% des trisomie 21, donc 30 % des fœtus trisomiques 21 ont une épaisseur
de clarté nucale normale.
Les trois possibilités de dépistage de la trisomie 21 fœtale |
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Dépistage du premier trimestre
(calcul du risque combiné) |
Dépistage du deuxième trimestre
(calcul du risque intégré) |
Dépistage du deuxième trimestre
(calcul simple du risque sérique
par dosage des MSM) |
Semaines d'aménorrhée |
11 à 13 SA et 6 jours |
14 à 17 SA et 6 jours |
14 à 17 SA et 6 jours |
- Dosages des marqueurs sériques materness (MSM)
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- PAPP-A (protéine plasmatique placentaire A)
- Sous unité β libre de hCG
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- Sous unité β libre de hCG
- UE3 (unconjugated estriol)
- α foetoprotéine
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- Sous unité β libre de hCG
- UE3 (unconjugated estriol)
- α foetoprotéine
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- CN (clarté nucale)
- LCC (longueur crânio-caudale)
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- CN (clarté nucale)
- LCC (longueur crânio-caudale)
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En France, depuis l'arrêté de 23 juin 2009, pour valider le calcul du risque de la trisomie 21 foetale, la clarté nucale (CN) et la longueur crânio-caudale (LCC) doivent être mesurées entre 11 et 13 SA et 6 jours par un échographiste accrédité (inscrit à un réseau de périnatalité avec numéro d'identifiant CPDPN)
- L'échographie du deuxième trimestre
de la grossesse (échographie morphologique) :
- Réalisée habituellement entre 22 et 24 semaines d'aménorrhée
- Elle permet de :
- Évaluer la croissance fœtale ; pour cela certains mesures
sont réalisées sur le fœtus, en particulier :
- au niveau du pôle céphalique :
- BIP : diamètre bipariétal
- PC : périmètre céphalique
- d'autres mesures sont pratiquées dans un but de
mettre en évidence des anomalies morphologiques fœtales
:
- au niveau l'abdomen fœtal :
- DAT : diamètre abdominal transverse
- PA : périmètre abdominal
- Au niveau des extrémités
- Réaliser une étude morphologique approfondie dans
le but de mettre en évidence de certaines anomalies morphologiques
physiques détectables par l'échographie en sachant
que :
- seulement 86 % des malformations du cerveau
et de la moelle épinière sont détectables
par l'échographie ;
- seulement 42 % des malformations graves
du cœur sont détectables à l'échographie
;
- seulement 25 % des fente labiales (bec
de lièvre) sont détectables par l'échographie
;
- seulement 85 % des malformations graves
des reins et de la vessie sont détectables par l'échographie
;
- seulement 67 % d'absences complètes
d'un membre sont détectables par l'échographie ;
- et que le taux de dépistage global
par échographie des malformations fœtales est de l'ordre
de 60 %.
- Mettre en évidence des petites anomalies morphologiques fœtales mineures (petits marqueurs) qui peuvent conduire à
la réalisation de l'étude du caryotype fœtal par une amniocentèse (souvent écho-guidée )
et de diagnostiquer la trisomie 21. Mais la recherche de ces signes
ne permet de diagnostiquer que 75 % des cas de la trisomie 21, même
si ce dépistage a été réalisé par
les meilleurs échographistes et en utilisant les meilleurs
appareils d'échographie ; donc il existe
des fœtus atteints par la trisomie 21 avec une échographie
morphologique normale (un trisomique sur quatre).
- Étudier la mobilité fœtale.
- Étudier les annexes fœtales :
- Certains échographistes mesurent systématiquement à ce terme par
le Doppler l'index des résistance des artères utérines maternelle.
L'intérêt de cette étude est de réaliser
un dépistage précoce des femmes enceintes à risque
élevé de pathologies vasculaires (hypertension artérielle
; retard de croissance intra-utérin ; hématome rétroplacentaire...).
- Enfin, certains échographistes mesurent à ce terme, chez la femme enceinte,
la longueur du col utérin et le degré de l'ouverture
de son orifice interne dans le but de dépister les femmes à
risque d'accouchement prématuré.
- L'échographie du troisième trimestre
de la grossesse :
- Réalisée habituellement entre 32 et 34 semaines d'aménorrhée
- Elle permet de :
- Diagnostiquer certaines anomalies morphologiques fœtales d'apparition
tardive.
- Évaluer l'état de la croissance fœtale en se basant
sur les principales mesures qui permettent cette étude (BIP, PC, DAT, PA et LF).
- Étudier la
mobilité fœtale.
- Déterminer la position fœtale.
- Déterminer la position de l'insertion
placentaire et son degré
de maturité.
- Évaluer la quantité du liquide amniotique.
- Étudier les index du Doppler
fœtal (index de résistance de l'artère ombilicale
et si besoin l'index de l'artère cérébrale).
- Dans certains cas, il est nécessaire d'étudier par Doppler l'index de résistance des artères utérines maternelles,
surtout si cet index était pathologique à l'échographie
du deuxième trimestre ou si la patiente présente une
pathologie vasculaire (hypertension artérielle, un retard de
croissance intra-utérin, diabète gestationnel, pathologie
rénale...).
- Dans certaines circonstances, il est nécessaire d'effectuer
d'autres échographies à la fin de huitième mois
de grossesse et au cours du 9ème mois pour :
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Auteur : Dr Aly Abbara.
Dernière mise à jour :
7 Mai, 2023 -->->->
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- L'article du Dr Brideron a été publié sur le site
de Gyneweb.fr
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