La mort d'Adonis - Peinture - Emilio Savonanzi (1580 - 1660) - Musée du Capitole - Rome - Italie

 

La mort d'Adonis

Aphrodite et Eros auprès d'Adonis, mort blessé par un sanglier
Emilio Savonanzi (1580 - 1660)
Musée du Capitole - Rome - Italie

 
  • Aphrodite (Vénus) :
    • Aphrodite est une des divinités les plus célèbres de l'antiquité : c'est elle qui présidait aux plaisirs de l'amour.

    • Vénus était une très ancienne divinité latine qui protégeait la végétation des jardins, mais les romains l'ont assimilé complètement à Aphrodite grecque, parce ces romains prétendaient être des Énéades (descendants d'Énée dont la mère était Aphrodite).

    • Vénus représentée dans cette Chef-d'Œuvre nue, accroupie, posant sa fesse gauche sur le dos d'une tortue, un de ses attributs habituels.

  • Aphrodite et Adonis :

    Les Phéniciens qui fréquentaient les ports du Chypre, la Crête et la Grèce Antique avaient apporté avec eux leur récit sur la liaison amoureuse de leur déesse Astarté (ou Ishtar, Inanna - عِشتار - عِناة) avec le mortel Adonis (ou "Dummuzi ; Tammuz" - دَمُّوزي - تَمُّوزي - un demi-dieu syro-babylonien ; l'esprit ou divinité agraire de la végétation annuelle, dieu de la moisson).

    Dans ces pays (Chypre, la Crête et la Grèce) le récit d'Adonis subit des modifications adaptatives ; Astarté fut remplacée par Aphrodite.

    Le nom "Adonis" et la forme hellénisée du mot sémitique "adôni ; adon ; adonaï" qui signifie "seigneur ; mon seigneur ; mon maître" que les femmes phéniciennes répétaient sans discontinuité en lamentant la mort de Tammuz, au cours des fêtes de deuil annuelles célébrant sa mort (Les Adonies).

    Cet amour le plus constant d'Aphrodite fut le plus traité par les poètes et les artistes de l'Antiquité gréco-romaine.

  • Version 1 et ses variantes

  • Adonis, fils et frère de Myrrha et de Cynire (Cinyras), roi de Chypre (fils d'Apollon selon une version ; un syrien devenu roi de Chypre selon une autre) et grand prêtre d'Aphrodite.

  • Un jour, Kenchréis l'épouse du roi Cinyras
    • ou l'épouse du roi Phoenix de Byblos au Liban, fils d'Agénor et d'Alphésiboia ; avant lui, le Proche-Orient s'appelait Canaan, mais depuis sa prise de pouvoir et en son honneur, on appela son pays la Phénicie ;
    • ou encore l'épouse du roi Théias l'Assyrien selon selon la version de Panyasis (V° siècle ap.J.-C.),

  • se venta que sa fille Smyrna (ou Myrrha ou Myrrhe) était la plus belles de toutes les femmes, voire plus belle qu'Aphrodite elle-même.
    Dans d'autres versions, c'est Smyrna elle-même qui s'inventa qu'elle était plus belle qu'Aphrodite ; ou tout simplement, sans se comparer à la déesse de la beauté d’Aphrodite, Smyrna négligea ses devoirs de vis-à-vis du culte sa déesse.

    Aphrodite, sentit offensée et insultée, décida de se venger en faisant naître chez Smyrna un désir incestueux ; une passion pour son propre père et une envie irrésistible de s'accoupler avec lui.
    Avec la complicité de sa nourrice qui fit croire au roi, qu'une jeune et belle femme désire de partager son lit, Smyrna s’introduisit dans le lit de son père Cinyras et s'unit avec lui durant douze nuits consécutives (dans certaines versions le nombre de nuits passe à deux nuits seulement), mais ce dernier finit par apercevoir que cette femme mystérieuse qui venait partager son lui n'était que sa propre fille.

    Fou de colère, Cinyras décida de tuer sa fille avec son épée, Smyrna fuit du palais vers une colline avoisinant, mais au moment où il la rattrapa, elle émit le vœu de disparaître ; Aphrodite (ou les dieux), ayant pitié pour elle la métamorphosa en arbre de myrrhe.

    Cinyras, en s’ablatant sur l'arbre à l'aide de son épée, le fendit en deux et l'enfant, Adonis, que sa fille Smyrna portait déjà de lui par inceste apparut. Voulant le protéger de son père et des regards des dieux, Aphrodite prit Adonis et le cacha dans un coffre qu'elle le confia à Perséphone, la reine du monde des morts.

    Dans d'autres versions, Smyrna, Adonis se développa à l'intérieur de l'arbre de myrrhe pour naître neuf mois plus tard en présence d'Aphrodite ; ou encore le père de Smyrna, Théias (le roi d'Assyrie) en découvrant la vérité que cette femme qui partageait son lit était sa fille, il se donna la mort, et Adonis naquit avant la métamorphose de sa mère en arbre de myrrhe.

    Perséphone, curieuse, ouvrit le coffre et trouva Adonis, un charmant et très bel enfant, alors elle décida de l'élever dans son propre palais ; devenu homme vigoureux et d'une beauté saisissante, elle le prit comme amant. Aphrodite, apprenant connaissance du devenir d'Adonis, retourna au palais de Perséphone afin de le récupérer.

    Perséphone, amoureuse d'Adonis refusa de le laisser partir avec Aphrodite qui également l'aimait passionnément.

    Pour solutionner cette querelle de cœur, Aphrodite fit appel à Zeus, mais ce dernier l'adressa vers la Muse Calliope (selon la version d'Hygien) qui jugea que les deux déesse ont une des droits égaux sur Adonis : Aphrodite le fit naître et Perséphone le fit sortir du coffre et l'éleva et protégea jusqu'à devenir un homme. Calliope divisa l'année en trois parties égaux ; Adonis devait passer la première partie avec Aphrodite, puis la deuxième partie avec Perséphone et au cours de la troisième partie, il se reposera seul, mais il pouvait choisir de rester avec l'une ou l'autre.

    Dans la version d'Apollodore, ce fut Zeus lui-même le juge dans ce litige entre Aphrodite et Perséphone.

    Dans les faits, grâce aux redoutables armes de séduction d'Aphrodite, Adonis passait la majorité de son temps qui lui était consacré avec elle.

    Adonis était passionné par la chasse des bêtes sauvages, lions, ours, sangliers... Aphrodite redoutait, pour lui, en pratiquant ce type de chasse à haut risque, un sort funeste, alors pour le protéger et essayer de le détourner de cette activité inutile et dangereuse, elle abandonna ses lieux de culte, et l’accompagna dans ses parties de chasse en se revêtant et se comportant pas comme une déesse de l'amour et la beauté, mais plutôt comme la chasseresse, Artémis.
    Sentit comme étant abusée par Aphrodite, Perséphone alla à Thrace rencontrer Arès pour lui faire comprendre qu'Aphrodite préférait Adonis, le simple mortel efféminé sur tous ses amants immortels et en particulier, lui-même Arès, le dieu de la guerre.

    Arès, rongé par la jalousie et voulant venger son honneur bafouée, se métamorphosa en féroce sanglier (ou ours), qui attaqua, lors d'une partie de chasse sur le mont de Liban, Adonis et lui infligea par ses défenses, sous les yeux d’Aphrodite, une blessure fatale à l'aine. De son sang qui se répandit dans la terre naquirent des fleurs rouges écarlates (les coquelicots).

    Des larmes d'Aphrodite qui tombent sur le sol naquirent les anémones, fleurs éphémères du printemps, elles témoigneront pour toujours, de la courte de vie de son amant Adonis. Puis, le sang provenant des éraillures sur la peau de la déesse colora en rouge, et pour l'éternité, les roses blanches qui se trouvèrent à proximité de du lieu de l'accident.

    L' âme d'Adonis descendit au monde des mort, au palais de Perséphone.

    D'autres mythes identifient le tueur d'Adonis comme étant Apollon : Érymanthe, le fils d'Apollon avait vue Aphrodite nue entrain de se baigner ; pour le punir, la déesse le rendit aveugle. Pour se venger, Apollon se changea en sanglier et tua Adonis.
    Érymanthe est une montagne en Grèce portant le nom du fils d'Apollon et qui était consacrée à Artémis.

    Certaines versions attribuent la mort d'Adonis à Artémis elle qui voulait se venger son frère Apollon ; ou également se venger d'Adonis, elle même, parce qu'il a osait la voir nue entrain de prendre son bain sur la montagne d'Érymanthe.

    Aphrodite, attristée et en larmes, demanda et obtint de Zeus qu'Adonis ne passera pas qu'une partie du temps avec Perséphone et le reste de l'année le passera sur la terre. Ce est lui qui représente le cycle perpétuel des saisons et le cycle annuel de la végétation.

    Aphrodite, de sa relation avec Adonis, eut un fils, Golgos, fondateur de la dynastie chypriote des Golgides. Elle eut également un fille, Béroë qui fonda la ville de Béroé en Thrace.

    Les Adonies :
    Des fêtes phéniciennes annuelles célébraient aussitôt après la moisson, à Byblos au Liban, à Chypre et à Alexandrie en Egypte ; ce sont des fêtes de deuil en l'honneur de Tammuz (devenu Adonis). Le culte de Tammuz était répandu dans tout le Proche-Orient, mais c'est dans la région de Byblos (جْبَيِل) que les Adonies furent célébrées avec le plus d'intérêt et de pompe.

    Au Liban, à mi-chemin entre Byblos et Baalbek, à proximité du village d'Afca (Aphaca en grec) se trouvait un sanctuaire dédié à Astarté qui fut détruit par l'empereur Constantin. Ce sanctuaire fut édifié tout près d'une grotte de laquelle jaillit un fleuve nommé (fleuve d'Adonis - نهر أدونيس ; fleuve d'Ibrahim - نهر إبراهيم ; et actuellement fleuve du chien - نهر الكلب) ; l'eau de ce fleuve descend en suite vers le fond de la gorge sous forme de cascade à étages. Les croyances locales font de ce lieu, l'endroit où Adonis fut mortellement blessé par un sanglier ; on croyait également qu'Adonis revenait annuellement en ces lieux et le sang qui jaillit de sa blessure changeait l'eau du fleuve qui devint rouge. Ce phénomène s'explique géologiquement par le détachement des particules d'hématite rouge des roches près de la source du fleuve lors grandes précipitations.

    Le myrrhe est une plante aphrodisiaque. Les gouttes de résine qui tombent habituellement de l'écorce l'arbre étaient vues comme étant des larmes de Myrrha, la mère et sœur d'Adonis.

    Jardin d'Adonis :
    Paniers ou pots dans laquelle on plantaient, surtout en Grèce Antique, des herbes pour les faire flétrir au soleil. Ce petit jardin, symbolisaient la brièveté du cycle de vie de la végétation annuelle qui ressemble à la brièveté de la vie d'Adonis.

    La grenade, d'après la mythologie grecque naquit du sang de Dionysos, mais il fut aussi l'arbre de Tammuz-Adonis : le fruit mûr, en s'ouvrant on voit apparaître une fissure sur sa surface ressemblant à une plaie avec au fond, des grains de couleur rouge écarlate.
    Le fruit de grenade symbolise la mort et l'assurance de la résurrection, c'est pour cela on la voit dans la main de certaines déesse comme Héra et Perséphone.

    La muse Clio reprocha à Aphrodite sa passion sans mesure pour Adonis ; la déesse de l'amour mécontente la punit en faisant naître dans son cœur un amour irrésistible pour le roi de Macédoine Piéros. Clio, de cet amour eut un enfant, Hycinthos dont le destin fut très triste :
    Hycinthos
    fut un beau jeune homme apprécié par les dieux de l'Olympe ; un jour fut blessé mortellement par le palet d'Apollon au cours d'un jeu ; ce n'était pas la faute d'Apollon, mais une mauvaise action intentionnelle de de Zéphyre qui était très jaloux d'Apollon parce que ce dernier témoigna beaucoup d'affection pour Hycinthos ; alors lors du jeu, il détourna par son souffle le trajet du palet d'Apollon pour frapper Hycinthos au front et le tuer. Pour ne pas oublier le souvenir d'Hycinthos, Apollon changea son sang qui a coulé sur la terre en fleur pourpre, c'est l’hyacinthe dont la corolle prend la forme d e Y (l'initiale de hycinthos).

    Clio dont le nom signifie en grec "fêter, célébrer", on lui attribut le rôle de chanter la gloire des guerriers et des peuples ; elle fut la patronne de l'Histoire, elle est représentée portant dans la main droite soit une trompette soit une cithare, ou encore une clepsydre, emblème de la chronologie de l'Histoire.

    On raconte également que Cinyras, le roi de Chypre avait trois filles qu'Aphrodite les contraint à se prostituer par colère contre elles.

  • Version 2
    (P. Commelin. Mythologie grecque et romaine. Editions Garnier Frères. Paris. - Pages 70-71 - 1948).

    Adonis naquit des relations incestueuses et involontaires de Cinyras roi de Chypre avec sa fille Smyrna ou Myrrha

    Myrrha, mère d'Adonis, fuyant le courroux paternel, s'était retirée en Arabie, où les dieux la changèrent en l'arbre qui porte son nom la myrrhe.

    Le terme de la naissance étant arrivé, l'arbre s'ouvrit pour faire jour à l'enfant. Adonis fut reçu par les nymphes qui le nourrirent dans les grottes du voisinage.

    Devenu adolescent, il passa en Phénicie. Vénus le vit, l'aima, et, pour le suivre à la chasse dans les forêts du mont Liban, elle abandonna le séjour de Cythère, d'Amathonte et de Paphos, et dédaigna l'amour des dieux.

    Mars, jaloux et indigné de cette préférence donnée à un simple mortel, se changea en sanglier furieux, s'élança sur Adonis, et lui fit à la cuisse une blessure qui causa sa mort. Vénus était accourue, mais trop tard, au secours de l'infortuné jeune homme. Accablée de douleur, elle prit dans ses bras le corps d'Adonis, et, après l'avoir longtemps pleuré, le changea en anémone, fleur éphémère du printemps.

    D'autres racontent qu'Adonis fut tué par un sanglier que Diane lança contre lui, pour se venger de Vénus qui avait causé la mort d'Hippolyte.

    Adonis, descendu aux enfers, fut aimé encore de Proserpine. Vénus s'en plaignit à Jupiter. Le maître des dieux termina le débat en ordonnant qu'Adonis serait libre quatre mois de l'année, qu'il en passerait quatre avec Vénus, et le reste avec Proserpine.

    Sous le voile de cette fable on peut reconnaître dans Adonis la Nature en ses diverses phases et sous ses différents aspects. Au printemps, elle se montre belle et féconde; l'hiver, elle semble morte, mais bientôt elle reparaît avec la même splendeur et la même fécondité.
 

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 30 Juillet, 2016

  • Bibliographie :
    • Annie Collognat. Dictionnaire de la Mythologie gréco-romaine. omnibus 2016.
    • Catherine Salles. Mythologie grecque et romaine Pluriel 2013.
    • Philip Wilkinson, Neil Philip. La Mythologie. Gründ 2008.
    • Félix Guirand, Joël Schmid. Mythes Mythologie - Histoire et dictionnaire - Larousse 2006.
    • Jacques Lacarrière. Dictionnaire amoureux de la Mythologeie. Plon 2006.
    • Robert Graves. Les mythes grecs- La pochothèque, Fayard 2005.
    • Dictionnaire de l'Antiquité. Sous la direction de Jean Leclant. puf. 2005.
    • Timothy Gantz. Mythes de la Grèce archaïque. Belin 2004.
    • Catherine Salles " La Mythologie grecque et romaine " Hachette littérature. Tallandier Éditions, 2003.
    • Dictionnaire de la civilisation mésopotamiennne _ Robert Laffont. 2001.
    • Commelin " Mythologie grecque et romaine " Edition Pocket 1994.
    • Jean Chevalier, Alain Gheerbrant."Dictionnaire des symboles" Edition Robert Laffont 1989.
    • Jeannie CARLIER . Dictionnaire des mythologies (Sous la direction de Yves BONNEFOY). Flammarion, Paris - 1981 ; tome I.
    • Pierre Grimal, La Mythologie grecque (collection Que sais-je ?) 1972.
    • P. Commelin. Mythologie grecque et romaine. Editions Garnier Frères. Paris. 1948.

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