Syrie "Homs" (l'antique ville d'Émèse) - Syrie - Porte de Tripoli - 1827

 

Syrie "Homs" (l'antique ville d'Émèse) - Syrie
Chamelier s'apprêtant à pénétrer dans la ville de "Homs" par la porte de Tripoli.

Détail de la planche montrant la Nécropole royale de la dynastie des Sampsigéramides
à "tell Abou Saboun - تل أبو صابون"
Vue dessinée par Léon de Laborde (qui séjourna en Syrie de 6 janvier au 12 mai 1827), elle
fut lithographiée par Freeman et imprimée par Kaeppelin.
Ce détail a été colorié par Dr Aly Abbara.
Extrait du livre de l'exposition : Le Voyage en Orient de Léon de Laborde
Voyage de la Syrie (Syrie - Liban - Palestine)
Amis de la Bibliothéque Municipale du Blanc (Le Blanc) - 2010.

  • Le commentaire de Léon Laborde (1827) conncernant cette planche :
    • Titre : Homs - vue de la ville prise des ruines d'un tombeau antique.
    • Commentaire : Située à la lisière du désert de Syrie, Homs était la ville de départ vers Palmyre. Ce dessin montre l'un des deux tombeaux, tours funéraires à plan carré, situés à l'extérieur de l'enceinte médiévale. Un cavalier s'apprête à pénétrer dans la ville par la porte de Tripoli.

      « Homs est une petite ville de douze à quinze mille habitants. On y compte mille maisons grecques. Elle est bâtie en belles pierres, bien pavée et assez propre. C'est comme une sœur d'Halep, une
      ur cadette moins développée.
      C'est aussi une des villes les plus industrialisées de la Syrie. On y fabrique des étoffes de soie, des manteaux et autres pièces d'habillement. Partout on ne voit que métiers, que gens occupés à tisser, à préparer des laines, etc.
      A deux cents pas de la porte de Tripoli on me montre et je dessine un tombeau antique construit en brique, et revêtu d'un petit appareil de pierres disposées en guise d'ornement. Il se détruit jour par jour, pierre par pierre, et son inscription grecque est devenue presque illisible ».

  • Histoire de la ville d'Émèse (l'Actuelle ville de Homs) :

    Très tôt, des tribus arabes en provenance des confins de la Haute-Mésopotamie et de l'Est anatolien, s'installèrent dans la région de la future ville d'Émèse ; ce sont les " Emesenoi ", conduits par leurs chefs fondateurs de la dynastie des Sampsigéramos qui préservèrent leur indépendance vis-à-vis du pouvoir séleucide durant longtemps. Le roi séleucide Alexandre Balas confia en 151 av. J.-C. son fils aux soins de "Iamblichos" (Jamblique ou Yamlik en Arabe) chef de ces tribus qui nomadisaient à l'époque autour d'Aphamée (آفاميا).

    Au début du premier siècle av. J.-C., les " Emesenoi " quittèrent la région d'Aphamée et se déplacèrent vers la région située autour d'Aréthsue (al-Rastan) et la ville qui prit le nom de ces tribus, c'est-à-dire la ville d'Émèse. Vraisemblablement, les " Emesenoi " s'installèrent dans le premier temps dans la forteresse d'Aréthuse qui appartenait au début du premier siècle av. J.-C. à leur dynaste "Sampsigéramos" puis à son fils "Iamblichos" ; dans le deuxième temps les " Emesenoi " s'installèrent dans Émèse qui porte leur nom où ils fondèrent une puissante et indépendante dynastie en alternant les noms dynastiques royaux : "Iamblichos" (Jamblique ou Yamlik en Arabe) et "Sampsigéramos" (Sampsigéram).

    En 69 av. J.-C., Sampsigéramos I, le roi Arabe Emésénien, qui fut aussi le grand prêtre de Baal solaire, s'empara d'al-Rasatn (Aréthuse) et quand Pompée, en 63 av. J.-C. quitta Antioche afin de traverser la Syrie intérieure, cette ville était la capitale de son royaume émésénien. Pompée renonça à soumettre ce roi et reconnut sa suprématie sur Émèse et Aréthuse ; le roi émésénien devint son allié.

    En 46 av. J.-C., Aréthuse était gouvernée par Samsigéramos II, et Émèse était gouvernée par Jamblique I (tous les deux sont les fils de Samsigéram I).

    En 38 av. J.-C., Marc Antoine qui entra avec son armée en Syrie, laissa subsister le royaume d'Émèse, mais lui enleva la citadelle d'Aréthuse pour la donner à un chef Parthe (Monaeses).

    En 31 av. J.-C., Marc Antoine encouragea le meurtre du roi d'Émèse Jamblique I par son propre frère (Alexas ou Alexandre) parce qu'il le soupçonnait de trahison.

    Après la victoire d'Octave sur Marc Antoine et son alliée Cléopâtre, il déposa Alexandre et confisqua le royaume "d'Émèse - Aréthuse", mais finalement il le rendit son indépendance en 20 av. J.-C. et nomma à sa tête à Jamblique II, le propre fils de Jamblique I qui fut assassiné en 31 av. J.-C.

    Jamblique II règne sur le royaume "d'Émèse - Aréthuse" de (20 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) ; il s'agissait de l'âge d'or du royaume qui se poursuit sous le règne de son successeur Sampsigéramos de (14 à 48 ap. J.-C.). C'était une période d'indépendance, de stabilité politique et d'enrichissement grâce au développement du commerce de Palmyre dont Émèse est l'accès obligatoire à la Syrie occidentale et à la mer.

    Émèse (Homs ou Hims - حمص) est la ville antique syrienne la plus détruite à travers l'histoire par des phénomènes naturels et par les guerres ; pour cette raison, il ne reste de la gloire de la dynastie émésénienne fondatrice de la ville, au début du premier siècle av. J.-C. que quelques superbes sarcophages, puis dans les fouilles pratiquées en 1936, dans la nécropole royale de "tell Abou Saboun - تل أبو صابون" à l'Ouest de la ville actuelle, dans la tombe de Jamblique II ou de son fils Sampsigéramos, ils furent trouvés les objets suivants (datés du début du premier siècle ap. J.-C.) :
    - un masque funéraires en or ;
    - un superbe casque guerrier
    - un bracelet en or massif orné de turquoises ;
    - un collier composé de 19 grains en forme de double amandes ;
    - une boucle de ceinture ;
    - une agrafe en or et en turquoises ;
    - plusieurs bagues dont une est rehaussé d'une cornaline rouge sur laquelle fut représenté Apollon nu tenant un arc et une flèche.

    Le successeur de Sampsigéramos fut Azizos qui mourut vers 53 - 54 ap. J.-C. : il participa à la réunion des princes clients de " l'Empire romain d'Orient " à Tibériade ; il accepta de subir la circoncision afin d'épouser la juive Drusilla, la sœur d'Agrippa II, et qu'elle le quitta plus tard pour épouser Félix.

    Le successeur d'Azizos était son frère Sohaimos qui fut nommé par Néron à la tête de la Sophène. Cette double fonction donnée par l'empereur à Sohaimos, fit apparaître Émèse comme une puissance régionale au sein de l'empire romain d'Orient.

    Il n'existe pas de documents historiques attestant la date de l'annexion du royaume d'Émèse à l'Empire romain, mais souvent les historiens situent cette date entre 72 et 78 ap. J.-C., car en 72 ap. J.-C., un nommé Souhaimos, par sa qualité du roi d'Émèse, participa avec le gouverneur romain de la Syrie, Caesennius Paetus, à la campagne militaire contre Commagène, mais un document datant de 78 ap. J.-C. cita le nom d'un membre de la famille royal sans faire aucune référence dynastique, donc il le présenta comme un simple citoyen romain.

    La dynastie garda son potentiel dynastique en atteignant le titre suprême d'empereur à Rome à travers la famille de Julia Domna, la fille du Grand prêtre d'Émèse et l'épouse de l'empereur Septime Sévère. Ce couple impérial donna à Rome deux empereurs, Caracalla (211 - 217 ap. J.-C.) et Géta (211 - 212 ap. J.-C.).
    Julia Mésa prolonge le règne de cette dynastie en faisant proclamer empereur de Rome ses deux petits fils, Héliogabale (Elagabal - 218 - 222 ap. J.-C.) et Alexandre Sévère (222 - 235 ap. J.-C.)

    Le descendant de la dynastie émésénienne, l'empereur romain Héliogabale ou Elagabal (Varius Avitus Bassianus) (v. 203 - 11 mars 222) voulut imposer l'adoration le son Dieu Montagne (al-Jabal - الجبل) d'Émèse à Rome.

    En 253, les Perses, conduits par Shapour lancèrent un grand campagne militaire offensif contre la Syrie romaine. Après la prise de Doura Europos, les troupes Perses longèrent l'Euphrate et pénétrèrent en Syrie jusqu'à Aréthuse pour ensuite être arrêtés entre Aréthuse et Émèse par une milice locale commandée par Uranius Antoninus, un Emésénien apparenté à la dynastie des Sampsigéramos d'Émèse et probablement le prêtre d'al-Uzza/Aphrodite (العُزى) qui était lié aussi à la famille sévérienne.

    A Aréthuse, il semble vénérer la déesse Vénus ; le musée national de Damas possède de multiples statues de Vénus provenant d'Aréthuse ; il s'agit de sculptures exaltant la beauté et la volupté, tandis que, les statues de Vénus retrouvées à Émèse (Homs) mettent l'accent sur la maternité (Vénus Genetrix).

    Les " Emesenoi " (les Eméséniens) honoraient le dieu Montagne ("Jabal" en Arabe - جبل), mais en effet la région d'Émèse (Homs) est dénuée de montagnes, pour cette raison, les historiens pensent que cette croyance ne peut que confirmer leur région d'origine, c'est-à-dire le Sud-Est anatolien montagneux.

    Une inscription d'Aréthuse, datée de 317 Séleucide atteste que la ville suivait un double calendrier, le premier est celui des Séleucides, et le deuxième est celui de l'ère d'Actium (le calendrier romain).


Auteur d'image : Dr Aly Abbara
Mise à jour le 3 Janvier, 2021

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