Antigène
(antigen)
Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 3 Mai, 2023
  • Substance d'origine biologique (par exemples des molécules constitutives de virus, de bactéries, des groupes des hématies sanguines) ou d'origine synthétique qui dans l'organisme provoque une réaction immunitaire et induit la production d'un anticorps spécifique.

  • Antigénie : propriété spécifique des antigènes de susciter la formation d'anticorps (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970) ; le degré de cette propriété est synonyme : de potentiel antigénique (d'après Dictionnaire des termes techniques de médecine (MARCEL GARNIER, VALÉRY DELAMARE)

    • Ex : l'antigène HBs qui est un fragment de l'enveloppe du virus de l'hépatite B.

    • Un antigène peut être allergène (provoquant une allergie), comme les pénicillines chez certaines personnes.  

    • Les antigènes du groupe sanguin Rhésus et les autres groupes érythrocytaires :

      • Le groupe Rhésus des hématies sanguines (globules rouges) est caractérisé par la présence (positif) ou l'absence (négatif) sur ces hématies, d'un ou plusieurs de ces six antigènes : antigène D, antigène d, antigène E, antigène e ; antigène C, antigène c.

      • Si le groupe Rhésus des hématies fœtales est positif pour un ou plusieurs de ces antigènes (D, d, C, c, E, e), alors :
          • en cas de passage de ces hématies fœtales, à travers le placenta, de la circulation sanguine fœtale à la circulation sanguine maternelle (par hémorragie fœtomaternelle d'importance variable) ;
          • et si la mère est de sous-groupe négatif pour un ou plusieurs de ces sous-groupes Rhésus ;

        • chez cette mère, ces antigènes étrangers, inconnus par son organisme et qui sont portés sur les hématies fœtales, vont stimuler son système de défense immunitaire qui, à son tour, produira des anticorps (anti-Rhésus) dirigés contre ces antigènes (le principe d'allo-immunisation, ou l'immunisation contre des antigènes venant d'autrui).

      • Quand ces anticorps anti-Rhésus produits par le système de défense immunitaire de la mère passent de la circulation sanguine maternelle (encore à travers le placenta) vers la circulation sanguine du fœtus, ils se fixent sur ses hématies sanguines et provoquent une réaction immunitaire de type antigène-anticorps détruisant un certain nombre de ces hématies fœtales ; cela se traduit par une anémie fœtale plus ou moins grave en fonction de la quantité des anticorps maternels qui passent dans la circulation sanguine fœtale.

      • Les anticorps des sous-groupes Rhésus qui peuvent être à l'origine de ce type d'anémie fœtale hémolytique sévère immunitaire (par destruction des hématies sanguines) sont le plus souvent :

        • le sous-groupe anti-D (ou D + C ou D + C+ E), puis les sous-groupes anti-petit (c) seul et anti-(c+E).

          • Il faut ajouter à cette liste les anticorps anti-Kell (anti-K).

        • Les anticorps des sous groupes anti-E seul anti-C seul comportent un risque limité d'une maladie hémolytique de nouveau-né.

          • Il faut ajouter à cette liste les anticorps anti-e ; anti-Fya et anti-Fyb ; anti-JKa et anti-JKb ; anti-S et anti-s, puis anti-M.

        • Les autres anticorps qui ne comportent pas un risque d'une maladie hémolytique de nouveau-né :

          • les anticorps anti-Lea et anti-Leb ; anti-P1 ; anti-H ; anti-HI ; anti-I ; anticorps Autobromélie et anticorps Autopapaïne.

      • L'administration des anticorps anti-D (immunoglobulines anti-D) chez la femme enceinte de sous-groupe Rhésus (D) négatif, permet à son organisme de neutraliser et d'éliminer les hématies fœtales de sous-groupes (D) positif qui peuvent, dans certaines situations, passer de la circulation sanguine fœtale à la circulation sanguine maternelle (par une hémorragie fœtomaternelle à degré variable : de micro passage à une vraie hémorragie fœtale vers la circulation sanguine de sa mère).

        Cette neutralisation rapide des hématies fœtales, avant 72 heures de leur passage vers le sang maternel, en administrant des (immunoglobulines anti-D), empêche le système de la défense immunitaire de la mère de produire ses propres anticorps anti-D, parce que, en la présence dans le sang maternel, des hématies fœtales porteuses des antigènes (D), il faut à peu près 72 heures pour que son système de défense immunitaire commence à réagir et à produire des anticorps anti-D (le temps nécessaire pour atteindre les sites immunocompétents).

        Donc, chez la femme enceinte de sous-groupe Rhésus (D) négatif et non allo-immunisée contre ce sous-groupe : dans toutes les circonstances qui favorisent le passage des globules rouges fœtaux vers le sang maternel (avortement, grossesse ectopique, métrorragie, mort fœtale in utero, manœuvres obstétricales ou acte chirurgical de diagnostic anténatal, accouchement...), il est impératif de lui administrer à titre prophylactique, dans un délai ne dépassant pas les 72 heures, une dose prophylactique de (200 µg) d’anticorps anti-D (immunoglobulines anti-D) ; cette administration doit être précédée par une prise du sang permettant de confirmer l'absence d'allo-immunisation anti-D chez la mère (absence d'anticorps anti-D dans le sang maternel lors de la recherche des agglutinines irrégulières), et permettant aussi de quantifier le nombre éventuel de globules rouges fœtaux circulant dans le sang maternel (par le test de Kleihauer) s'il y a eu une hémorragie fœtomaternelle.

        Normalement, une dose prophylactique de 200 µg d'immunoglobuline anti-D, permet de neutraliser jusqu'à 24 hématies fœtales pour 10 000 hématies maternelles, puis il faut augmenter d'une dose 200 µg d'immunoglobuline anti-D par tranche de 40 hématies fœtales par 10 000 hématies maternelles d'après le test de Kleihauer.
        Le rapport 1/10 000 représente environ 0,5 ml de sang fœtal (ou 0,25 ml d'hématies foetales) dans le sang maternel.

        Cette prophylaxie n'est pas nécessaire : si le père du fœtus est de sous-groupe Rhésus (D) négatif (paternité certaine), et si le fœtus est de sous-groupe Rhésus (D) négatif (confirmé par un génotypage des hématies fœtales dans le sang maternel).
         
      • Afin de réduire le taux d'administration systématique d'immunoglobulines anti-D au cours de la grossesse et après l'accouchement, il est possible de réaliser un génotypage RhD chez le fœtus par recherche de l'ADN fœtale dans le sang maternel.
        Cette exploration permet de déterminer le groupe sanguin RhD fœtal (et également le groupe Kell si besoin) : un génotypage RhD négatif (ou Kell négatif) doit être confirmé par une deuxième recherche ; la négativité du groupe RhD fœtal par génotypage permet de ne pas effectuer la recherche mensuelle des recherches d’agglutinines irrégulières dans le sang maternel et de ne pas administrer systématiquement les doses prophylactiques d'immunoglobuline anti-D.

      • En France, depuis 24 mai 2017, la détermination prénatale du génotype RhD fœtal à partir du sang maternel est prise en charge par l'Assurance Maladies sous certaines conditions (acte 4085)

        • Par PCR en temps réel utilisant au moins deux exons. 
        • L’acte 4085 sera réalisé à partir de la onzième semaine d’aménorrhée.
        • Les renseignements cliniques nécessaires sont les suivants : 

          • – date des dernières règles ou date de la grossesse ;
          • – groupe sanguin ABO RH1 (D) de la femme enceinte ;
          • – origine géographique de la patiente si possible ;
          • – notion d’allo-immunisation anti-RH1 (D) connue ou non. 

        • Lorsque le résultat de l’acte 4085 est négatif ou indéterminé, il est nécessaire de réaliser 15 jours après (ou avant ce délai de 15 jours en cas de grossesse de terme avancé) une seconde détermination, soit l’acte 4086.



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