Paysage avec Callisto enceinte (vers 1633 - 1639) - Keirinck Alexander  (~1600-1652) et Poelenburgh Cornelis Van (1586-1667) - Musée Fabre - Montpellier - France
 

Paysage avec Callisto enceinte (vers 1633 - 1639)

Keirinck Alexander (~1600-1652) et Poelenburgh Cornelis Van (1586-1667)
Musée Fabre
Montpellier - France

Sur ce tableau on observe Callisto enceinte semi-allongée sur le côté droit, sous un
grand arbre et à l'écart des autres nymphes qui se baignent dans une rivière calme.


 
  • Callisto (Calisto- Kallisto) :
    En grec, son non signifie "la très belle - la plus belle" ; fille de Lycaon, roi d'Arcadie qui avait rejoint la suite d'Artémis après avoir exprimé son vœu de chasteté et fidélité.

    Elle fut, dans une autre version, une nymphe chasseresse et la compagne favorite d'Artémis qui exigeait de ses compagnes une parfaite chasteté.

    Zeus, séduit par Callisto, prit l'apparence et le costume d'Artémis (ou d'Apollon) et s'unit à elle. De cette union résulta une grossesse que Callisto essaya de cacher à ses compagnes et à sa chaste déesse, mais cette dernière finit par la découvrir lors d'un bain dans un étang (ou une rivière ou un ruisseau) avec tout son cortège ; c'était à la suite d'une journée de chasse éprouvante : toutes les jeunes nymphes présentes se préparèrent à descendre dans l'eau en retirant délicatement et aisément leur vêtement sauf Callisto qui paraissait très hésitante et craintive, alors ce fut ses compagnes qui se chargèrent de la déshabiller ; la surprise fut bien visible devant leurs yeux, la plus belle des nymphes porte un enfant dans son ventre. Artémis, furieuse et en colère devant cette trahison impardonnable, décida de chasser définitivement Callisto de son cortège.

    Après un terme de neuf lunaisons, la belle nymphe Callisto mit au monde un enfant, il s'agit d'Arcas qu'Hermès récupéra à la demande de Zeus puis le confia à sa mère Maia pour l'élever.

    Après cette naissance, Héra, l'épouse jalouse de Zeus, en voulant se venger de Callisto, l'amante de son époux, elle la métamorphosa en ourse errant dans les forêts et les bois d'Arcadie, tout en conservant intacts son esprit et sa conscience d'humaine.

    Arcas, en grandissant devint un des grands et remarquables chasseurs d'Arcadie au point de le présenter à son grand-père, Lycaon, le roi du pays qui le reçut avec beaucoup de joie et l'associa à la gouvernance de son royaume.

    Arcas enseigna aux Arcadiens tous les métiers et les procédés qu'il les avait appris lui-même auprès de Triptolème, le favori de Déméter et Aristée le dieu jardinier, fils d'Apollon ; parmi ces procédés on note : la semence de blé, l'obtention de la farine, la fabrication du pain, le filage de la laine, le tissage.. Les sujets de son royaume étaient tellement lui reconnaissants qui donnèrent à leur pays son nom "Arcadie, le pays d'Arcas". Les Arcadiens revendiquent dans leur généalogie une ascendance divine liée à Callisto et son fils de Zeus "Arcas".

    Lycaon, à cause de sa cruauté fut métamorphosé par Zeus et loup (lupus) errant, alors Arcas se trouva seul à régner sur le royaume d'Arcadie, mais ce jeune homme qui avait l'âme de chasseur, se livra surtout à cette activité en parcourant, avec sa suite, les forêts et les montagnes.

    Un jour, lors d'une partie de chasse, Callisto, sous forme d'ourse, reconnut son fils Arcas, alors elle s'arrêta afin de le contempler et l'admirer comme puisse le faire toute mère privée de son enfant. Arcas aperçut sa mère comme une ourse et un trophée de chasse, alors il s'apprêta, dans son ignorance, à la tuer en la perçant par ses flèches. Zeus qui observait la scène décida d'intervenir afin d'éviter ce parricide (le fait de tuer sa mère ou son père ou un autre de ses ascendants) en métamorphosant Arcas en ours puis en honorant la mère et son fils en les plaçant dans la voûte céleste afin de former les deux constellations voisines qu'on connait sous les noms de Grande Ourse (Ursa Major) et Petite Ourse (Ursa Minor, ou l'Arctophylax = gardien de l'Ourse).

    Cette fin honorable que Zeus offrit à Callisto et son fils Arcas mit Héra de nouveau en colère, alors elle demanda au dieu des mers et des océans Poséidon d'interdire aux deux constellations, la Grande Ourse et la Petite Ourse de se coucher dans les mers et les océans, pour cette raison, ces deux constellations qui sont placées dans le Nord de la voûte céleste, restent fixes toujours au-dessus de l'horizon (ne se couchent pas à l'Ouest, et ne se lèvent jamais à l'Est) et une des étoiles qui composent la constellation de la Petite Ourse indique le Nord partout sur l'hémisphère nord de notre terre ; elle est connue sous le nom "l'étoile Polaire boréale".

    Les premiers astronomes grecs puis les Romains appelaient également ces deux constellations voisines les "Chariots" "Hamaxa" : le "Grand Chariot" et le "Petit Chariot" en raison de leur configuration morphologique imaginaire ; deux étoiles voisines parmi les sept qui constituent la constellation du Grand Chariot ressemblent à deux bœufs et les cinq restants dessinent un chariot.

    La constellation de la Grande Ourse avoisine la constellation de "Bouvier" (Bootes, Boo - بؤوطس)" qui se trouve entre la constellation de la "Grande Ourse" et la constellation de la "Couronne Boréale". Dans cette constellation, les étoiles les plus remarquables sont : l'étoile nommée Bouvier (β Boo, Nekkar chez les Arabes = Baqqār = البَقَّار = celui qui conduit les vaches). Cette étoile a donné son nom à la constellation ; la deuxième étoile est celle la plus brillante du groupe, elle fut appelée par les Grecs "Arcturus = α Boo" que les Arabes appellent "Azimech Alramech" (Al-Samak Al-ramih = السماك الرامح = le "Simak armé de lance".

    La Petite Ourse fut appelée également "Cynosura" ou "Queue de chien" : Cynosura fut, dans la mythologie grecque l'une des nymphes nourricières de Zeus sur le mont Ida ; sa compagne fut la nymphe Hélicé. Ces deux nymphes ont été fixées dans le ciel sous le nom des "Ourses" : Cynosura ou la Petite Ourse qui indique le Nord pour les Sidoniens (de Sidon en Phénicie) et Hélicé, ou la Grande Ourse qui indique le Nord chez les Grecs.

    Les Romains appelaient également la constellation de la Petite Ourse par les "Sept Bœufs - septem Triones" et leur emplacement dans la partie boréale de la voûte céleste fut appelé "Septenrion". De ce terme dérive l’adjectif "septentrional", c’est-à-dire "situé au Nord ; relatif aux régions du Nord".

    La constellation de la Petite Ourse fut appelée également "Phénicé", car celui qui la découvrit pour la première fois était Thalès le Phénicien.

    La constellation de la Grande Ourse est la troisième en terme de grandeur au niveau de la voûte céleste, elle serait d'après le mythe, la nymphe Callisto, qui en perdant sa virginité, Artémis la changea en ourse ou "arctos" et sous cette forme d'ourse qu'elle donna naissance à son fils "Arcas" ; Arctos et Arcas étaient poursuivis par des chasseurs, alors la mère et son fils se réfugient dans le temple de Zeus qui, pour les protéger il les déplaça dans le ciel et les fixa parmi les étoiles sous le nom d'Arctos (Callisto) et d'Arctophylax (son fils Arcas).

    Dans une autre version, Callisto fut remplacée par Mégisto, la fille de Cétée et la petite-fille de Lycaon, roi d'Arcadie.

    Mégisto, Hélicé et Callisto furent chacune, l'origine mythologique de la constellation de la Grande Ourse. Arcas (fils de Callisto) et Cynosura (la nymphe nourricière de Zeus) furent l'origine mythologique de la constellation de la Petite Ourse.

    Dans d'autres versions, ce fut Artémis qui changea sa suivante Callisto en ourse, pour la punir d'avoir perdu sa virginité avec Zeus et d'avoir porté un enfant de lui, puis Artémis fit appel à ses chiens pour la traquer et la tuer, mais Zeus la protégea en la plaçant sur la voûte céleste parmi les étoiles.

    Pour d'autres, Callisto, après avoir été auparavant métamorphosée en ourse par Zeus, Artémis (Diane chez les Romains) la transperça sans pitié de ses flèches suite à une erreur de chasse provoquée par la jalouse Héra, épouse de Zeus.

  • Textes anciens citant Callisto :

    • La métamorphose de Callisto selon Ovide dans son ouvrage "Métamorphoses", Livre II, vers 410-496.
      Texte extrait de : Annie Collognat. Dictionnaire de la Mythologie gréco-romaine. omnibus 2016. p:181-183.

      Callisto ne filait pas, de ses doigts délicats, la toison des brebis. Elle n'occupait pas ses loisirs à natter ses tresses et à changer de coiffure. Mais dès qu'une agrafe avait attaché son léger vêtement, dès qu'une bandelette blanche avait négligemment relevé ses cheveux, ses mains s'armaient de l'arc ou du javelot et elle volait à la suite de Diane. Nulle nymphe ne fut plus chère à cette déesse. Mais existe-t-il une faveur durable et sans fâcheux retours ?

      Déjà l'heure de midi est passée, la nymphe se couche sur le gazon d'une forêt ancestrale, détend son arc, et pose, sur son carquois, sa tête languissante. Jupiter la voyant fatiguée, seule et sans défense, dit :
      - Junon ignorera cette infidélité ! Ou, si elle en est instruite, que m'importent, à ce prix, ses jalouses fureurs ?
      Il prend aussitôt les traits et les habits de Diane :
      - O Nymphe, la plus chérie de mes compagnes, sur quelles montagnes avez-vous chassé aujourd'hui ?
      Callisto se lève, et s'écrie :
      - Je vous salue, déesse que je préfère à Jupiter, et qu'en sa présence même, j'oserais mettre au-dessus de lui !
      Le dieu l'écoute, et sourit. Il s'applaudit en secret de se voir préféré à lui-même. Il l'embrasse, et ses baisers brûlants ne sont pas ceux d'une chaste déesse. [...] Jupiter enfin se fait connaître par un crime, Callisto se défend autant qu'une femme peut se défendre. O Junon, pourquoi ne vois-tu ses efforts ? Elle t'aurait paru digne de pardon. Elle combat, mais quelle nymphe peut résister à Jupiter ? Après sa victoire, le dieu remonte dans les cieux.
      Callisto déteste les bois témoins de sa honte ; elle s'en éloigne, et peu s'en faut qu'elle n'oublie et son carquois, et ses traits, et son arc qu'elle avait suspendu.
      Cependant Diane, suivie de ses nymphes, paraît sur les hauteurs ; elle aperçoit la nymphe, elle l'appelle ; la nymphe s'enfuit : elle craint de trouver encore Jupiter sous les traits de Diane. Bientôt, voyant ses compagnes, elle cesse de craindre, et se mêle à leur suite. Mais qu'il est difficile que les secrets du cœur ne soient pas trahis par les traits du visage ! A peine Callisto lève-t-elle ses yeux attachés à la terre. Elle n'ose plus, comme autrefois, prendre sa place à côté de la déesse, elle garde le silence ; elle rougit, et sa confusion annonce l'outrage fait à sa pudeur. [...]
      Neuf fois, la lune renouvelle son croissant. Un jour de chaleur, la déesse fatiguée, trouve un bocage ombreux, où serpente, avec un doux murmure, un calme ruisseau sur un sable léger. [...]
      - Puisque nous sommes loin des regards des mortels, baignons-nous dans cette eau qui semble nous inviter.
      Callisto rougit ; les nymphes détachent leurs vêtements légers. Callisto hésite ; et comme elle tarde encore, ses compagnes découvrent sa honte en lui ôtant sa tunique. Confuse, interdite, elle cherche à se faire un voile de ses mains. La déesse indignée s'écrie :
      - Va-t'en loin d'ici ! Ne souille pas ses eaux sacrées ! [...]
      Depuis longtemps, l'épouse de Jupiter connaît l'aventure de Callisto, mais elle a remis sa vengeance à des temps meilleurs ; les voici arrivées. La nymphe, sa rivale, vient de donner le jour à Arcas. Junon n'a pas plutôt jeté ses regards sur cet enfant, que, transportée de colère, elle s'écrie :
      - Malheureuse adultère, ta fécondité rend manifestes et le crime de Jupiter et la honte de sa compagne ! Mais je serai vengée, et je te ravirai cette beauté fatale dont tu es si fière, et qui plut trop à mon époux.
      Elle saisit la nymphe par les cheveux et la renverse à terre. Callisto suppliante tend les bras, et ses bras se couvrent d'un poil noir et hérissé. Ses mains se recourbent, s'arment d'ongles aigus, et deviennent pattes. Sa bouche, qui reçut les caresses de Jupiter, s'élargit, hideuse et menaçante. Pour que sa voix ne puisse attendrir personne sur ses malheurs, Junon lui ravit le don de la parole. Il ne sort plus de son gosier, qu'un grondement rauque, furieux, terrifiant. Callisto devient ourse ; mais sous cette forme nouvelle, elle conserve sa raison. Ses gémissements disent sa douleur. Elle lève, vers le ciel, les deux pattes qui furent ses deux mains, elle ressent l'ingratitude de Jupiter, et ne peut l'exprimer. N'osant demeurer seule dans les forêts, elle erre autour de son ancienne maison ; les aboiements des chiens la font fuir à travers les montagnes ! Elle qui se plaisait tant à la chasse doit fuir épouvantée devant les chasseurs. Souvent, la malheureuse oublie sa transformation et se cache, en tremblant, à la vue des fauves. Ourse, dans les montagnes, elle craint les ours ! Elle évite les loups alors que Lycaon, son père, est au milieu d'eux.

      Appel aux Grande et Petite Ourses :
      Ovide, les tristes III, 1 :

      Grande et Petite Ourses, vous qui servez de guides, l'une aux vaisseaux des Grecs, l'autre aux vaisseaux phéniciens, qui restez toujours éloignées du contact des flots de l'Océan, et qui, du haut du pôle où vous êtes placées, voyez tout ce qui se passe sur le globe, sans jamais vous plonger dans la mer occidentale ; vous, enfin, qui, dans votre révolution, décrivez, sans effleurer la terre, un cercle au-dessus de l'horizon, tournez les yeux, je vous prie, vers ces murs que le téméraire Remus, fils d'Ilia, osa, dit-on, franchir autrefois ; portez vos éclatants regards sur mon épouse bien-aimée, et apprenez-moi si elle est ou non fidèle à mon service.

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 25 Juin, 2020

  • Bibliographie :
    • Annie Collognat. Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine. omnibus 2016.
    • Catherine Salles. La mythologie grecque et romaine. Pluriel 2013.
    • Histoire de la Mythologie. National Geographic France. 2012.
    • Jean-Claude Belfiore. Dictionnaire des Croyances et Symboles de l'Antiquité. Larousse in extenso. 2010.
    • Philip Wikison, Neil Philip. La Mythologie ; création ; dieux ; héros ; monstres ; lieux mythiques. Edition Gründ 2008.
    • Félix Guirand, Noël Schmidt. Mythes, Mythologie, Histoire et dictionnaire. Larousse 2006.
    • Jacques Lacarrière. Dictinnaire amoureux de la Mythologie. Plon 2006.
    • Dictionnaire de l'Antiquité. Sous la direction de Jean Leclant. Quadrige / puf. 2005.
    • Timothy Gantz. Mythes de la Grèce archaïque. Belin 2004.
    • Anthony Rich. Dictionnaire des antiquités romaines et grecques. Editions Molière 2004.
    • Arthur Cotterell. Mythes et légendes du monde. Encyclopédie illustrée. Maxi-Livres, Paris. 2002.
    • Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Rboert Laffont. 1982.
    • P. Commelin. Mythologie grecque et romaine. Paris, Editions Garnier Frères. 1948.

Contact
www.aly-abbara.com
Paris / France