Hermès de la Grèce antique et Mercure des Romains
Le messager des dieux auprès des dieux et des mortels

Photo prise par Aly Abbara, au Musée du Louvre à Paris en 1987.

Sur cette image on distingue bien ses attributs matériels : le casque muni d'ailes et les sandales ailés sur les talons,
ils symbolisent sa rapidité car il se déplace à la vitesse du vent.
Il porte aussi à la main un caducée d'or, surmonté d'ailes et autour duquel s'enroulent deux serpents intercalés.


Hermès, fils de Zeus et de la nymphe Maia (une des sept Pléiades filles du Titan Atls) suite à une histoire d'amour clandestine dans une grotte située sur le mont Cyllène en Arcadie.

Après sa naissance sur le mont Cyllène, sa mère le dépose dans ses langes sur un van en osier, dès quelle tourne la tête, le nouveau-né se dégage de ses langes et s'enfuit pour explorer le monde extérieur ; arrivant à Piérie (mont Piéros) en Thessalie, là où Apollon garde un troupeau divin de cent bovins qui ne se multiplient pas, donc il reste en nombre fixe étant en pâturage sur une terre divine. Hermès l'enfant s'empare de cinquante vaches et laisse à son grand-frère Apollon les taureaux et les chiens de garde. Sur son chemin de retour il parcourt avec les vaches volées la Grèce puis il s'arrête dans la vallée de l'Alphée, là les animaux trouvent des étables, un abreuvoir et surtout une prairie de trèfle et de souchet, le fourrage des animaux domestiques. En laissant les vaches vivre et se nourrir sur la terre des humains, il les rend des animaux mortels et capables à se reproduire, exactement comme les troupeaux des hommes, mais bien sûr il manque pour accomplir cette fonction les taureaux fertilisants qui sont laissés à Apollon.

Pour que l'on ne puisse pas le trouver au cours de son retour, Hermès prend des chemins inconnus et infréquentables, puis pour dissimuler les traces laissées par son passage avec le troupeau divin volé, il fait avancer le troupeau à reculons et il entrelace à ses sandales des branches de myrte pour effacer les traces de ses bas.
D'après une autre version, il fabrique rapidement des sandales avec l'écorce d'un chêne abattu et il les fixe à l'aide d'herbes tressées aux pattes des vaches. Dans une troisième version, il attache à la queue des vaches des branches effaçant leurs traces au fur et à mesure qu'elles avancent.

Une fois arrivé à destination à Arcadie, Hermès l'enfant installe les vaches dans l'étable et allume un feu (on dit qu'il fut le premier à faire du feu en frottant deux bâtons l'un contre l'autre) puis il sacrifie deux d'entre elles selon les règles rituelles, c'est-à-dire, la nuit, avec des animaux abattus, têtes tournées vers le sol, sans écoulement du sang en transperçant mortellement la moelle épinière, puis il fait rôtir les animaux et il fait douze parts identiques qui désigne comme étant des offrandes aux divinités olympiennes ; il ne mangera pas de la chair de ces animaux domestiqués et humanisés car il se considère comme étant divin, un dieu qui se satisfait de l'honneur que l'on lui rend.
Hermès - Paris - Musée du Louvre

Apollon, constatant le vol de ses vaches, il se met à la recherche du voleur mais sans succès, alors il promet une récompense à Silène et les satyres s'ils trouvent le coupable ; quelques uns de ces satyres, en passant en Arcadie, ils entendent une musique saisissante provenant d'une caverne ; en s'approchant de la source de la musique il trouvent la nymphe Cylléné, la nourrice d'Hermès qui les informe qu'un enfant doué vient de naître, et que cet enfant a déjà créé un jouet musical, la lyre, à partir d'une carapace d'une tortue et de boyaux de vache. En écoutant la nourrice d'Hermès et constant la présence des peaux de vaches à l'extérieur de la caverne, les satyres identifient le lieu où se trouve le voleur du troupeau d'Apollon.

Quand Apollon se présente dans l'antre pour réveiller et informer Maia de l'aventure de son fils Hermès, né le même jour, au matin. Maia trouve les paroles d'Apollon ridicules car Hermès le nourrisson, qu'elle vient de mettre au monde le matin est bien au chaud dans ses langes, dormant sur son lit, donc l'histoire du vol du troupeau de vache par son fils Hermès ne tient pas.
Apollon insiste sur le fait que le voleur est Hermès, car il a identifié clairement que les peaux des vaches qui se trouvent à l'extérieur de la caverne sont bien les peaux de certaines de ses vaches.

Apollon emmène l'enfant Hermès devant Zeus à l'Olympe ; ce dernier n'arrive pas à croire que ce vol est possible de la part d'un nourrisson, mais devant l'insistance d'Apollon, Hermès se voit obligé d'avouer son crime et en même temps il signale qu'il est prêt à rendre le troupeau mais avec deux vaches manquant, puis il se déclare comme étant la douzième divinité de l'Olympe. Oui il est un dieu, des animaux qui a déjà sacrifié , il a fait douze parts égales pour offrir aux douze dieux ; quant Apollon lui demande, alors c'est qui le douzième dieu, il répond que c'est précisément, lui ce douzième.

Apollon et Hermès quittent l'Olympe et retournent à la caverne ; Hermès présente à son grand-frère Apollon la lyre qui a déjà fabriqué et il se met à jouer à cet instrument, Apollon, saisit par le son de la lyre, il demande à Hermès de lui donner l'objet musical en échange avec le troupeau de vaches, Hermès accepte l'échange puis il fabrique une flûte de berger (la syrinx ou flûte de Pan) et il l'échange avec Apollon contre de leçons de magie divinatoire et de sa houlette en or (son bâton de berger à pouvoirs magiques, en particulier celui d'endormir les gens). Hermès, en utilisant ce bâton un jour pour séparer deux serpents qui se battent, les deux reptiles s'enroulent autour d'elle de façon symétrique pour former un ensemble connu sous le nom du caducée d'Hermès.

Les deux frères retournent à l'Olympe pour informer Zeus des échanges faites à l'amiable ; Zeus constate qu'Hermès malgré son petit âge, est un dieu ingénieux, intelligent, malin, persuasif, rapide... Il lui demande de s'abstenir de faire des mensonges, d'éviter les imprudences et respecter les droits de propriété, puis il accepte de le déclarer comme étant le messager des dieux, le médiateur, responsable de la sécurité des propriétés divines, supervisant l'établissant des contrats entre les dieux et entre les humains, favorisant le commerce, protégeant les voyageurs et garantissant la libre circulation des gens et des biens, partout, sur les routes et sur les voies de navigation.
Pour qu'Hermès puisse jouer le rôle de messager divin, Zeus lui donne des sandales ailés et un chapeau rond et ailé pour le protéger de la pluie durant ces missions ; bien sûr les ailes aux sandales et sur le chapeau lui permettent de se déplacer à la vitesse du vent.

Hadès le dieu du monde des morts adopte aussi Hermès comme le messager qui escorte les âmes des morts du monde des vivants vers le monde inférieur (Hermès psychopompe) c'est-à-dire le conducteur ou l'accompagnateur de l'âme des morts pour les confier à Charon, le nautonier des Enfers ; il réalise ce passage en posant le bâton d'or de son caducée sur leurs yeux. Hermès ressemble dans ce rôle funèbre à certains dieux de l'Égypte antique comme Anubis et Thot.

Hermès est aussi le dieu du sommeil, car comme il a été cité précédemment, Apollon lui donne son bâton de berger en or possédant des pouvoirs particuliers dont ce de provoquer le sommeil. Hermès utilise ce bâton qui fait partie de son caducée à plusieurs reprises : un jour, il plonge dans un sommeil profond le terrible Argos aux cent yeux, chargé de surveiller Io ; puis pour violer Chioné, il l'endorme grâce à ce bâton magique, de ce rapport naquit son fils Autolycos, le roi des brigands, des fraudeurs, le spécialiste dans le vol des troupeaux.

D'après les légendes, Hermès est un dieu civilisateur, il assiste les trois Parques à composer l'alphabet, il invente l'échelle musicale, la lyre à sept cordes (d'autre pensent que sa lyre n'avait que 3 ou 4 cordes et que c'est Apollon qui la transforme en 7 cordes). Hermès invente aussi l'astronomie, les poids et les mesures, il est le maître de la rapidité et la précision du geste ; maître de l'artisanat. Il invente aussi la culture de l'olivier et quelques sports comme le box et la gymnastique. Il trace les routes et le chemin et il invente les tas de pierres qui balisent les routes (herma = tas de cailloux disposés à intervalle régulier comme étant des indicateurs des routes et des frontières). Il souffle à la jeune mariée les mots qui facilitent son rapprochement de son époux, et l'aide à parcourir le chemin qui sépare le domicile de son père du domicile du future mari, et il facilite son intégration dans la nouvelle famille.

Hermès est un dieu à caractères multiples et de temps en temps contraires, il est le dieu protecteur des bergers, pour cela il est fréquemment présenté en criophore, c'est-à-dire portant un agneau sur ses épaules. Hermès et aussi le dieu protecteur des voyageurs, des navigateurs, des commerçants ; dieu des échanges et du contrat, mais il est aussi le dieu du vol et des voleurs, de la ruse et de la tromperie ; il est un brouilleur de piste, un brigand ; il est organisateur et désorganisateur.

En conclusion, on est devant un dieu insaisissable, il est comme le métal de mercure dans son état liquide, d'ailleurs c'est son métal préféré puis mercure c'est ce nom chez les romains ; n'oublions pas la planète mercure que se caractérise par ces déplacements rapides dans la voûte céleste.
C'est le dieu olympien le plus près des humains dans ses caractères et ses contradictions ; il n'est pas ni violent ni terrifiant vis-à vis des hommes.

Caducée d'Hermès (sceptre d'Hermès) :
C'est l'emblème d'Hermès, il est formé, comme c'est décrit dans ce traité, de bâton (baguette, houlette) en or, autour de laquelle s'enroulent en sens inverse deux serpents surmontés d'ailes. Le serpent représente symboliquement deux aspects, l'un bénéfique et l'autre maléfique ; les ailes symbolisent le suprême état de force de ces aspects contraires et l'enroulement autour du bâton symbolise l'équilibre entre ces deux puissances contraires qui se croisent et se séparent, qui s'approchent et s'éloignent ; cet équilibre est nécessaire pour obtenir la paix, l'harmonie et en terminologie médicale le bien être et la santé dans ses deux versants, physique et psychique. De nos jours, certaines institutions médicales considèrent ce caducée comme l'emblème universel de la science médicale.

D'autres voient dans les serpents les instincts de l'être et dans les ailes l'esprit.

Pour certains auteurs (Athénagore, Macrobe et Court de Gébelin), le bâton symbolise l'équateur, les ailes symbolisent le temps et les deux serpents, mâle et femelle, représentent le soleil et la lune qui, dans le cours d'une année, parcourent l'écliptique sur laquelle ils sont tantôt séparés, tantôt unis. On est dans le domaine de l'astronomie, la science inventée par Hermès, selon la mythologie grecque.

D'autre voit dans le caducée, les quatre éléments de la nature : le bâton représente la terre, les ailes correspondent à l'air, les serpents par leurs ondulations représentent l'eau et le feu.

Ce caducée a été utilisé comme emblème des commerçants et des professions qui s'occupent de la communication comme les imprimeurs.
Au 19e siècle, quand un éditeur imprima le caducée d'Hermès sur des ouvrages de Médecine, il évoqua dans les esprits de l'utiliser comme emblème des professions médicales et beaucoup d'institutions médicales l'utilisent comme symbole, mais vu les attributs du Dieu Hermès : dieu des commerçants, des voyageurs, des bergers... et dieu de la ruse, du vol et des voleurs, puis le dieu accompagnateur des âmes des morts au monde de Hadès ; il paraît évident que ce caducée ne doit pas être utilisé comme emblème médical et beaucoup d'institutions médicales ont décidé de reprendre l'emblème asclépiade (le serpent et le bâton d'Asklépios) comme symbole de leurs professions à caractère médicale.

En France, le caducée ou l'emblème des Médecins et de l'Ordre des Médecins est composé d'un seul serpent "serpent d'Asklépios" s'enroulant autour d'un bâton ou une baguette "bâton d'Asklépios" surmonté d'un miroir symbolisant la prudence que le médecin doit avoir avant chaque décision médicale. Le caducée des Pharmaciens de France est formé du serpent d'Asklépios s'enroulant autour de la coupe de Hygie, la fille d'Asklépios et la déesse de la santé...

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 24 Décembre, 2021

  • Bibliographie :
    • Robert Graves. "Les mythes grecs" traduction intégrale du livre de langue anglais "Greek Myths Cassell & C° LTD. Londre" . Edition 2, Livre de poche La Pochothéque, FAYARD. 2005.
    • Catherine Salles " La Mythologie grecque et romaine " Hachette littérature. Tallandier Editions, 2003.
    • Jean Chevalier, Alain Gheerbrant. "Dictionnaire des symboles" Edition Robert Laffont 1989.
    • L. K. L. Laurence Kahn-Lyotard. Dictionnaire des mythologies (Sous la direction de Yves BONNEFOY). Flammarion, Paris - 1981 ; tome I.
    • Pierre Grimal, La Mythologie grecque (collection Que sais-je ?) 1972.