Odénath de Palmyre (Tadmor), le Correcteur de tout l'Orient
Biographie
Auteur : Dr Aly Abbara (علي عبارة)
 

 
 

 
  • Odénath " en Arabe = Udheinah = أُذينة
    Auteur Dr Aly Abbara
    Synonyme : Odeinat
    Né vers 220 de notre ère.
    Titre : Septimius Odeinath ; clarissime exarque des Palmyréniens (252), c'est-à-dire il faisait partie de l'ordre sénatorial de l'Empire ; « consulaire ou clarissime consulaire » (258) ; dès 261, il fut général des Romains en Orient (dux Romanorum) ; gouverneur de la Syrie-Phénicie (256-257) ; Roi des Rois ; correcteur de tout l'Orient.
    Palmyre fut annexée à l'empire romain en 19 ap.J.-C. lors de la visite de Germanicus (fils adoptif de l'Empereur Tibère) en Orient et sous le règne de Tibère elle faisait partie de l'Empire comme étant une ville romaine sous l'autorité du gouverneur romain de la Syrie résidant à Antioche.
    Sous le règne de Septime Sévère (ou Caracalla), Palmyre reçoit le titre de colonie romaine, donc le Palmyréniens reçoivent le titre de Septimi qui peut être ajouté à leur nom.
    Odénath est originaire d'une famille palmyrienne indigène aux ambitions dynastiques, les Julii Aurelii Septimii (ou Septimus) qu'ils accédèrent à la citoyenneté romaine sous le consulat de Septime Sévère.
    Odénath commandait les légions romaines de la région palmyrienne quand l'empereur Valérien (253-260) le nomma consul et gouverneur de la Syrie-Phénicie (256-257), à une époque d'intenses pressions sassanides (Doura Europos tomba entre leurs mains en 256).

    Odénath fut encouragé par le pouvoir de Rome et par l'Empereur Gallien pour lutter contre les Perses Sassanides qui se montraient très agressifs et qui réussirent en 259 (ou 260), sous le règne de Shapur I, à capturer, sur le champs de bataille, près d'Edessa, l'Empereur de Rome Valérien

    En vainquant en Syrie puis en Mésopotamie, les Sassanides qui se repliaient après avoir pillé l'Asie Mineure, il prit avec son fils Hairan le titre de Roi des Rois, c'est-à-dire le titre du roi vaincu, Shapur I.
    En en 263 puis en 266-267, Odénath, très actif et très ambitieux, se battit contre les Perses au nom des Romains jusqu'à Ctésiphon, leur capitale. En effet, il fut l'homme de la situation car l'ensemble de ses interventions militaires permirent de sauver la partie Orientale de l'Empire romain de tomber sous la domination Sassanide, et malgré sa fidélité à Rome et à son Empereur Gallien, son autorité dans le Moyen-Orient ne fit que grandir pour apparaître à la fin comme un souverain agissant dans la région avec une grande autonomie et indépendance.

    Odénath fut assassiné entre 266 et 267 ap.J.-C., à Émèse (Homs aujourd'hui - حمص), en même temps que son fils aîné Herodès (Hairan en Arabe - حيران). Pour certains auteurs Odénath et son fils ainé furent assassinés en Cappadoce (où ils freinaient, encore pour le compte de Rome, une menace barbare) entre août 267 et avril 268 (Starcky Palmyre 1952, p. 57). Ce fut l'œuvre d'un soldat rebelle, mais pour le compte de qui ? de Zénobie, ou de l'empereur Gallien (260-268) qui voulait se débarrasser de ce rival ?....
  • C'est sa deuxième épouse Zénobie (زنوبيا) qui lui succéda en régnant à Palmyre pour le compte de son jeune fils Wahballat (وهب اللات). Il s'agit d'une femme très ambitieuse, bien déterminée et qui étendit son pouvoir sur toute la Syrie, l'Arabie, L'Egypte romaine en 269-270 et l'Anatolie jusqu'au la région de Ancyre (Ankara aujourd'hui).

 
  • ODÉNATH :
    D'après (Histoire Auguste - texte du commentaire)
    Odénath appartenait à la famille des Hairanides, princes de Palmyre, cité caravanière située à proximité de l'Empire perse dans le désert de Syrie. Se trouvant aux avant-postes du monde romain, les dynastes avaient pris d'eux-mêmes le titre de « roi des rois », et Septime Sévère
    leur avait accordé la citoyenneté romaine : c'est pourquoi Odénath s'appelle Septimius Odénathus sur les inscriptions. Dès avant 258, il porte le titre de « consulaire » : peut-être a-t-il été nommé consul suffect, à moins que ce titre ne lui ait été conféré par Valérien sans qu'il ait effectivement exercé le consulat'. En 260, après la capture de Valérien, il manifesta son ralliement à Gallien, coupa la retraite à Sapor, le vainquit et le rejeta en Perse ; puis, l'année suivante, il se tourna contre Quiétus et le battit à son tour. Dès 261, Gallien le nomma général des Romains en Orient (dux Romanorum). Il attaqua les Perses et parvint à Ctésiphon en 263, puis à nouveau dans une grande expédition en 266 ou au début de 267 ; Gallien accrut encore ses pouvoirs en le désignant comme « correcteur de tout l'Orient », en fait comme son délégué sur le plan tant civil que militaire. Il apparaît ainsi comme souverain autonome dans les faits, mais, à l'opposé de ce qu'affirme l'H.A., il ne rompit jamais avec Gallien et ne prit pas le titre d'Auguste à la romaine. Il fut assassiné en 267 ou 268 en même temps que son fils aîné, né d'un premier mariage et que le rédacteur appelle Hérodès, mais qu'il faut sans doute identifier avec le « roi des rois » Septimius Hérodianus que fait connaître une inscription' et qu'il aurait donc associé à ses pouvoirs. Si l'on en croit l'H.A., l'assassin aurait été l'un de ses cousins nommé Maeonius ; cependant ce nom est suspect, car il rappelle trop le pseudo-écrivain au nom homérique, Maeonius Astyanax, cité peu auparavant ; en fait Zonaras l'indique, sans donner son nom, comme le neveu d'Odénath (Georges le Syncelle l'appelle Odénath et le continuateur de Dion, Rufinus). Zonaras précise qu'il fut tué aussitôt après le meurtre, ce qui suffit à démontrer qu'il n'a pas été proclamé empereur.
    La description des moeurs d'Hérodès est sortie de l'imagination du rédacteur, qui ignorait tout du personnage.


  • ODÉNATH
    D'après (Histoire Auguste - texte original)
    Si, après la capture de Valérien et au milieu de l'épuisement des forces de l'Etat romain, Odénath, prince de Palmyre, ne s'était pas emparé du pouvoir, tout aurait été perdu en Orient. Aussi commença-t-il par prendre le titre de roi puis, accompagné de sa femme Zénobie, son fils aîné nommé Hérodès et ses fils cadets Hérennianus et Timolaus', il réunit une armée et se lança contre les Perses. II soumit d'abord à son autorité Nisibis et la plus grande partie de l'Orient avec toute la Mésopotamie, après quoi il vainquit le roi en personne et le contraignit à s'enfuir. Il poursuivit enfin Sapor jusqu'à Ctésiphon et, après avoir fait main basse sur ses concubines ainsi que sur un énorme butin, il se dirigea vers l'Orient. Il espérait pouvoir abattre Macrien qui venait d'usurper le pouvoir en s'opposant à Gallien ; mais comme Macrien, déjà parti affronter Auréolus et Gallien, avait trouvé la mort, il tua son fils Quiétus, tandis que Ballista, à ce que beaucoup affirment, s'attribuait le titre impérial pour éviter d'être lui aussi mis à mort. Néanmoins, après avoir en grande partie stabilisé la situation en Orient, Odénath fut assassiné par son cousin Maeonius - qui s'était également emparé du pouvoir - ainsi que son fils Hérodès qui, de retour de Perse, avait été aussi proclamé empereur en même temps que son père. Je crois que les dieux en voulaient à l'État puisque après la mort de Valérien ils ne consentirent pas à sauver Odénath. Or il est certain que ce dernier, aidé de sa femme Zénobie, aurait relevé non seulement l'Orient, auquel il avait déjà restitué sa situation antérieure, mais absolument toutes les parties de l'univers. C'était un guerrier énergique et qui, comme l'affirment un grand nombre d'écrivains, s'était acquis une célébrité durable par ses fameux talents de chasseur : dès sa jeunesse, en effet, il prodigua sa sueur en occupations viriles, capturant lions, léopards, ours et autres animaux des forêts ; il aimait vivre dans les bois et les montagnes, et supportait la chaleur, la pluie et tous les désagréments inhérents aux plaisirs de la chasse. Endurci par ces pratiques, il put, pendant les guerres contre les Perses, subir le soleil et la poussière. Son épouse les tolérait tout aussi bien et passait même, dans l'esprit de beaucoup, pour être encore plus intrépide que son mari ; c'était la plus noble de toutes les femmes d'Orient et, comme l'affirme Cornélius Capitolinus, la plus belle.

 
  • HÉRENNIANUS ET TIMOLAUS
    Selon l'H.A., Odénath aurait eu un fils d'un premier mariage, Hérodès, qui fut tué en même temps que lui, et, de ses secondes noces avec Zénobie, deux fils qui lui survécurent et que Zénobie aurait fait proclamer empereurs pour gouverner elle-même en leur nom. Les trois fils sont inconnus par ailleurs et inventés ; au reste le rédacteur ne sait rien à leur sujet, et les deux chapitres sont d'une indigence extrême. Dans la réalité, après la mort d'Odénath en 266-267, il y eut un de ses fils, nommé Vaballath, qui gouverna avec sa mère. Or il n'est nulle part question de lui dans la Vie des trente tyrans. Il est vrai qu'Aurélius Victor ne parle ni de Zénobie ni de Vaballath et que, si Eutrope et l'Épitome mentionnent Zénobie, ils passent eux aussi son fils sous silence. Il est caractéristique que le rédacteur ait reconnu son erreur après coup et l'ait rectifiée dans la Vie d'Aurélien.


  • HÉRENNIANUS :
    Odénath laissait à sa mort deux jeunes enfants, Hérennianus et son frère Timolaus, au nom desquels Zénobie, qui s'était arrogé le pouvoir impérial, gouverna l'État plus longtemps qu'il n' aurait convenu à une femme. Elle exhibait les garçonnets revêtus de la pourpre propre aux empereurs romains, les faisait participer aux assemblées de soldats auxquelles elle-même assistait comme un homme, exaltant entre autres Didon, Sémiramis et Cléopâtre', la fondatrice de sa famille. On ne sait pas exactement comment ils moururent. Beaucoup disent en effet qu'ils furent assassinés par Aurélien, tandis que beaucoup d'autres affirment qu'ils moururent de mort naturelle, étant donné que de nos jours encore subsistent dans la noblesse romaine des descendants de Zénobie.

 
  • HÉRODÈS (Hairan en Arabe - حيران)
    Hérodès, qui était le fils non pas de Zénobie mais d'une précédente épouse d'Odénath, reçut le pouvoir impérial en même temps que son père. C'était le plus efféminé de tous les hommes, qui s'adonnait totalement au luxe de l'Orient et de la Grèce : la toile de ses tentes était brodée de représentations figurées, ses pavillons étaient en brocart d'or, tout imitait le style perse. Par ailleurs Odénath, poussé par des sentiments d'indulgence paternelle, favorisait ses tendances et lui abandonnait toutes les concubines royales ainsi que toutes les richesses et les joyaux dont il s'était emparé.
    Quant à Zénobie, elle avaità son égard une attitude de marâtre, ce qui augmentait la sollicitude de son père. Il n'y a rien de plus à dire sur Hérodès.
 

Arrière-plan créé par Dr Aly Abbara à partir d'une statue de tête d'un personnage Palmyrénien, probablement Odénanth
 

 
  • Références :
    • 1- Annie Sartre Fauriat, Maurice Sartre. " Palmyre la cité des caravanes " - Gallimard 2008.
    • 2- Maurice Sartre. " La Syrie antique " - Gallimard 2008
    • 3- Maurice Sartre. " D'Alexandre à Zénobie - Histoire du Levant antique IVe siècles av.J.-C. - IIIe siècle ap.J.-C.". Fayard 2001
    • Jacques Charles-Gaffiot, Henri Lavagne, Jean-Marc Hofman - "Moi, Zénobie, Reine de Palmyre" - SKIRA/Seuil. - 2001.
    • Gérard Degeorge. - " Palmyre métropole caravanière " - Imprimerie nationale Éditions, 2001.
    • 4- Ross Burns - " Monuments de Syrie - guide historique " - Edition Dummar (Damas - Syrie) - 1998
    • 5- (HA) : HISTOIRE AUGUSTE "LES EMPEREURS ROMAINS DES IIe ET IIIe SIÈCLES". Ouvrage datant de III -IV siècle de notre ère, mais les auteurs sont inconnus.
      Édition bilingue latin-français Traduction du Latin par André Chastagnol - Édition établie par ANDRÉ CHASTAGNOL Professeur émérite à l'université de Paris IV- Sorbonne ROBERT LAFFONT Paris 1994.
    • Livre de l'exposition " Syrie mémoire et civilisation - Institut du Monde Arabe " - Flammarion, 1993.
    • 6- Moustafa Tlas "Zénobie, Reine de Palmyre" ouvrage écrit en Arabe - Tlasdar - 1989.
    • Burhan al-Din Dillo - Jazirat al-Arabes avant l'Islam - Al-Farabi - 1989 - Beirout-Liban
    • Henri Stierlin - " Cités du désert, Pétra, Palmyre, Hatra ". Office du Livre S.A., Fribourg (Suisse) - 1987.
    • 7- " HISTOIRE DE ROME " par Indro Montanelli, Edition augmentée et adaptée par Jacques Légaré et publiée sur le Web.
    • 'Abd al-'Aziz Salim - "Histoire des Arabes avant l'Islam " - tome I (en Arabe) - Muassasat Shabab al-Jami'a, Alexandrie - 1969.
 

 
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