La déesse au vase jaillissant ; Mari - Syrie :
Cette statue fut découverte en 1963, à Mari, dans les fouilles du palais de Zimri-Lim (au pied du podium de la salle 64 : la salle du trône). Elle a été vandalisée et morcelée en plusieurs segments lors du pillage de Mari par les soldats de Hammurabi de Babylone au milieu de XVIII siècle av. J.-C. La tête a été trouvée dans le bassin de la cour 106 du même palais.
Cette œuvre d'art illustre le thème du vase jaillissant des eaux vivifiantes, symbole de la fertilité, de l'abondance et de la prospérité. Ce thème était souvent reproduit dans des œuvres d'arts des différents contrées de la Mésopotamie et il était connu dès le dernier quart du IIIe millénaire av. J.-C (périodes akkadienne et néo-sumérienne).
La statue en calcaire blanche, haute de 142 cm, représente une déesse debout, coiffée d'une casque-perruque ou d'une tiare (coiffure des rois dans l'ancien Orient) enserrée dans une paire de cornes dont le volume prouve qu'il s'agit d'une déesse mineure. Les nattes à ondes épaisses de la chevelure tombent symétriquement de chaque côté sur les épaules et agrémentées d'un chignon. Les yeux sont vidés de leurs incrustations de coquille de lapis-lazuli. Le nez fut martelé depuis l'antiquité.
L'ensemble du visage est caractérisé par ses traits de grande finesse, puis la fossette du menton et la délicatesse des joues laissent apercevoir un discret sourire.
Le cou est orné d'un collier à six rangs composés de perles rondes, de différentes grosseurs. Trois bracelets de forme simple à chaque poignet des mains.
La déesse est vêtue d'une robe longue jusqu'au sol en s'évasant légèrement vers les côtés et se relève légèrement au milieu pour monter les pieds de la déesse. Cette robe est moulant et laissant apparaître ses formes féminines, surtout au niveau de sa poitrine qui semble muni de beaux seins, harmonieux
et fermes.
Le corsage est traité en bandes croisées, se terminant par courtes manches eu rebord festonné. caractéristique de la mode à Mari à cette période.
La ceinture qui porte la déesse est formée de deux bandes juxtaposées. La partie de la robe qui se trouve au-dessous de la ceinture est composée de cinq segments unis par quatre lignes horizontales de jonction (prenant la forme de légers évidements). Cette partie de la robe est décorée aussi par des lignes ondulées, incisées dans le calcaire et se terminant en spirale ; elles sont parcourues par des poissons montant et descendant.
Ces lignes verticales représentent les cours d'eau, riches de vie, qui jaillissent de la vase incliné et creux que la déesse porte entre ses deux mains à la hauteur de la ceinture.
Il s'agit effectivement d'une statue dynamique, car la cavité du vase que tient la déesse communique avec un canal intérieur traversant la statue verticalement jusqu'à sa base afin de pouvoir le relier une source d'eau ou d'une solution magique. Au cours des cérémonies religieuses, le prêtre pouvait, par un mécanisme caché, de faire jaillir à travers vase, le liquide précieux afin qui puisse ensuite ruisseler le long de la robe et ses incises verticales, sinueuses et poissonneuses et donner au spectacle religieux son aspect mystérieux et magique. Cette fonctionnalité de la statue impliquait dans le palais de l'installation d'un système haudrolique complexe et invisible.
Dans la salle où a été découverte cette statue, elle a été mise au jour une autre oeuvre d'art majeure de Mari, il s'agit de la statue du roi de Mari Ishtup-Ilum qui date de 2200 av. J.-C.
Auteur : Dr Aly Abbara.
Mise à jour : le
4 Novembre, 2013
Références :
Abed Issa, Le guide du musée national d'Alep, première version, 2010.
La Mésopotamie, pouvoir, religion, vie quotidienne. Guide des arts. Editions Hazan, Paris, 2006.
Catalogue de l'exposition : 10 000 ans d'art en Syrie ; Au pays de Baal et d'Astarté - Musée du Petit Palais 26 octobre 1983 - 8 janvier 1984.
Gérard Degeorge, Syrie. Hermann, éditeurs des sciences et des arts. 1983 - Paris.
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