- Ibrahim Pacha :
Vice-roi d'Égypte en 1848 (wali - والي) (durant sept mois et demi.
- Sa naissance :
Certains historiens pensent qu'il naquit en 1786, dans cette hypothèse, Ibrahim (إبراهيم) est le fils du gouverneur de Cavalla (Kavalla ou Kavala, l'ancienne Neopolis et Christoupolis, en Macédoine orientale, actuellement en Grèce) , et d'Amina (أمينة) qu'elle épouse Muhammad Ali (محمد علي باشا) en 1787 après son divorce du gouverneur.
D'autres références précisent que Ibrahim naquit en 1789, et il est bien le fils de Muhammad Ali (محمد علي باشا) et d'Amina (أمينة), l'ex-épouse du gouverneur de Cavalla.
Apparemment, Muhammad Ali avait eu une préférence à son fils Ahmad Tosson (أحمد طوسون), naquit en 1793, car c'est à ce dernier qu'il confia le commandement de l'armée de la campagne d'Arabie (الجزيرة العربية) en 1811 malgré son jeune âge (17 ans), et ce n'est qu'après sa mort, le 28 septembre 1816, qu'Ibrahim Pacha (إبراهيم باشا) prit le commandement de cette expédition.
- L'arrivée en Égypte :
Muhammad Ali fut arrivé en Égypte en 1801, mais il ne fit venir sa famille qu'après avoir assuré sa position en Égypte, d'abord ses deux fils Ibrahim (إبراهيم باشا) et Ahmad Tosson (أحمد طوسون) en 1805, puis sa femme et ses plus jeunes enfants, Ismai'il (إسماعيل) et deux filles en 1809.
- Premières missions politiques :
En 1806, Muhammad Ali envoya Ibrahim (إبراهيم) à Istamboul (إسطنبول) comme otage pour le paiement du tribut promis par son père, mais la Porte le renvoya après que la flotte anglaise eu quitté Alexandrie (الإسكندرية) en 1807.
En 1807, il fut nommé defterdar (دفتردار) (équivalent de ministre des finances).
En 1811, après le massacre des Mamluks (المماليك) du 01 mars 1811, son père en l'eut envoyé en Haute-Égypte (جنوب مصر) pour chasser des Mamluks qui eurent échappé au massacre et pour soumettre les Bédouins, restaurer l'ordre de l'état, exproprier des cultivables, et les biens wakf (وقف), puis prélever les impôts ( iltizam - التزام)
Ibrahim Pacha restera l'administrateur de la Haute-Égypte jusqu'au début de 1816.
Entre 1811 et 1816, la Porte lui conféra le titre de Pacha (باشا), en reconnaissance des services rendus par son père.
- Missions militaires :
- La campagne militaire en Arabie :
En 1816, après la mort d'Ahmad Tosson Pacha le 28 septembre 1816, le commandant de l'armée égyptienne en Arabie (الجزيرة العربية), Muhammad Ali envoya son frère, Ibrahim Pacha, à la tête de la troisième expédition militaire, pour soumettre, de façon définitive, la totalité de l'Arabie, à l'autorité égypto-ottomane, et finir avec les Wahhabites (الوهابيون) que son frère avait combattu avec succès de 1811 à 1813, et Muhammad Ali lui même de 1813 à 1815, mais suite à la trêve de 1815, signée avec 'Abd Allah Ibn Saoud, les Wahhâbites eurent réussi à conserver Nadjid (نجد) avec leur capitale Dar'yya (درعية).
Ibrahim Pacha débarque à Yanbu le 30 sptembre 1816, et après 3 ans, de durs combats, entre l'armée d'Ibrahim Pacha et les Wahhâbites, la capitale Al-Dar'iyya (الدرعية) fut détruite, et 'Abd Allah Ibn al-Saoud (عبد الله بن سعود) fut cédé au Sultan Mahmud II (محمود الثاني), qui ordonna de le tuer et exposer son corps à la population d'Istamboul.
Le 11 décembre 1819, Ibrahim Pacha, rentra triomphalement au Caire (القاهرة) et aussitôt après, le sultan ottoman le nomma gouverneur de Djedda (جده).
- La campagne de la Nubie et du Soudan :
En 1821 : Ibrahim Pacha fut envoyé comme commandant en chef au Sennar en Nubie, que son frère, Isma'il (إسماعيل) avait déjà conquis avec la Nubie (النوبة) en 1820 - 1821. Le but principal de cette mission c'est d'expédier des esclaves en Égypte pour les intégrer dans la nouvelle armée égyptienne (nizam djadid - نظام جديد).
C'est la dysenterie (الزحار) qui obligea Ibrahim Pacha à rentrer au Caire (القاهرة) au début du 1822.
- Entre 1822 et 1824 : c'est avec le colonel français Joseph Anthelme Sèves (qui se convertit à l'Islam et il prit le nom Sulayman Pacha - سليمان باشا), qu'Ibrahim Pacha, s'occupa de la formation de la nouvelle armée (nizam djadid نظام جديد) ; il s'agissait d'une formation militaire sur le modèle européen.
La campagne militaire en Europe (أُوروبا) - La Grèce (اليونان) :
Dans le cadre de la lutte contre les grecques qui tentaient d'obtenir leur indépendance de la domination ottomane, le sultan ottoman Mahmud II (محمود الثاني), par le firamn (فرمان) datant de 16 janvier 1824, il chargea Muhammad Ali Pacha, le gouverneur de l'Égypte, de reconquérir la Morée (Péloponnèse) ; ce dernier envoya son fils Ibrahim Pacha à la tête de l'armée égyptienne (الجيش المصري), nouvellement formée sur le modèle européen et composée d'une flotte de 18000 (ou 17000) hommes ; cette armée quitta l'Égypte le 4 juillet 1824.
Ibrahim Pacha, aidé par Sulayman Pacha (سليمان باشا الفرنساوي) s'empara de Navarin et de Tripolitsa puis, et le 24 avril 1826, il s'empara du verrou de la Grèce, Missolonghi après un siège de deux mois (février à avril 1826).
Athènes avait été prise en 1827. Il ne restait plus à la Grèce que Nauplie, Hydra et Égine.
Suite à la résistance grecque qui se forma contre les troupes d'invasion égyptienne et l'harcèlement de cette armée, Ibrahim Pacha se vengea de la population en détruisant le pays qui occupait, et il envoya des milliers de grecs en Égypte pour servir comme esclaves ; certains historiens l'on qualifièrent à l'époque de " Tigre Altère de Sang ".
Un mouvement d'indignation et de soutien pour la Grèce se développa en Europe.
Suite à la convention européenne (française-britannique-russe) de Londres en juillet 1827, qui reconnut l'autonomie de la Grèce tout en restant le vassale de l'Empire ottoman, les flottes de ces puissances attaquèrent, à la bataille de Navarin du 20 octobre 1827, l'armée turco-égyptienne (الأُسطول التركي المصري) et détruisirent la majeure partie de sa flotte ; il s'agissait pour les grandes puissances européennes d'une intervention limitée afin de convaincre la Porte (الباب العالي) d'accepter les termes de la convention.
Après la bataille de Navarin, les flottes des puissances européennes exercèrent un blocus pour empêcher Ibrahim Pacha de recevoir renforts et ravitaillement.
Sous la menace de l'amiral britannique Codrington qui s'était présenté devant Alexandrie (الإسكندرية), Muhammad Ali Pacha donna l'ordre à son fils Ibrahim Pacha de rentrer en Égypte avec son armée .
Ibrahim Pacha évacua la Grèce (اليونان) le 16 septembre 1828 ; lui même partit dans le dernier convoi le 1er octobre 1828, il arriva au Caire (القاهرة) le 10 octobre 1828.
- La campagne de la Syrie (الحملة على سورية) :
Muhammad Ali Pacha réclama du Sultan Ottoman, Mahmud II, le pouvoir sur la Syrie comme étant le prix de ses efforts militaires, pour le compte du sultan, en Arabie contre les Wahhâbites, et en Europe contre les grecques. Mahmud II céda à Muhammad Ali Pacha l'île de Crète et refusa de laisser la Syrie sous la domination de l'administration de l'Égypte. Muhammad Ali Pacha mécontent, il décida de conquérir la grande Syrie par la force.
Le prétexte avancé pour déclencher cette guerre, c'était de punir Abd Allah Pacha (عبد الله باشا), le gouverneur de Saint-Jean d'Acre - عكا qui refusait de payer à l'Égypte sa part de la contribution à l'expédition égyptienne en Grèce, et parce que, il hébergeait dans sa ville plusieurs milliers de fellahs égyptiens (فلاحون مصريون), certaines références avancent le nombre de 6000 Égyptiens qui ont fui l'Égypte pour échapper à la conscription à l'armée égyptienne.
Sous l'ordre de Muhammad Ali Pacha (محمد علي باشا), Ibrahim Pacha (إبراهيم باشا) commanda l'armée égyptienne dans une campagne contre l'armée turque en Syrie (سوريا) ; le 1er novembre 1931, il arriva en Palestine (فلسطين), après avoir franchi l'isthme de Suez (مضيق السويس), il prit Ghazza (غزة), Jaffa (يافا) et Haiffa (حيفا) ; il remporta de nombreuses victoires sur le Pacha de Tripoli (طرابلس) et d'Alep (حلب) dans la plaine de Zar'a (زرعا), au Sud d'Homs (حمص),
Le
27 mai 1832, et après un siège de 6 mois, Ibrahim Pacha obtint la reddition de la forteresse de 'Akka (Saint-Jean d'Acre - عكا) et il fit prisonnier Abd Allah Pacha (عبد الله باشا).
Ibrahim Pacha s'empara, presque sans aucune résistance, de Damas (دمشق), la plus importante ville de la Syrie, le 27 mai 1832.
Les 8 et 9 juillet 1832, à Homs (حمص), il battit l'armée turque, placée sous le commandement de Muhammad Pacha (محمد باشا) d'Alep (حلب) puis il s'empara de Hama (حماة) et d'Alep (حلب).
Le 29 juillet 1832, Ibrahim Pacha battit l'armée turque, sous le commandement de Husayn Pacha (حسين باشا), dans la passe de Baylan à Alexandrette.
Le 21 décembre 1832, à Konya, Ibrahim Pacha écrasa l'armée turque sous le commandement de Rachid Pacha (رشيد باشا), et ensuite, il atteignit Smyrne et marcha sur Istamboul (إستنبول).
Durant cette campagne, Ibrahim Pacha (إبراهيم باشا) obtint l'aide et l'encouragement de la population syrienne qui cherchait à se libérer de la domination ottomane. Parmi les autorités les plus puissantes dans la région, il y avait l'Amir libanais (الأمير اللبناني) Bachir II Shiab (بشير شهاب الثاني) qui se rangea de son côté.
En 14 mai 1833, à Kutahiya, et sous la pression des puissances européennes, un traité de paix fut signé entre Muhammad Ali Pacha et La Porte (الباب العالي) qui cédait à Muhammad Ali pacha la Syrie (سورية) et Adana (أضنه).
Muhammad Ali Pacha devint
le wali (والي) (le gouverneur général vice-roi) d'Égypte (مصر), du Soudan et de la grande Syrie (سورية),et de la Crète (كريت).
Ibrahim Pacha devint le gouverneur et l'administrateur des territoires conquis pour le compte de son père, et il reçut de La Porte (الباب العالي), le titre de muhassil d'Adana (محصل أضنة).
Sous l'administration d'Ibrahim Pacha, le mécontentement et les révoltes des populations syriennes éclatèrent car ce dernier appliqua en Palestine (فلسطين), au Liban (لبنان) et en Syrie (سورية) la même politique administrative appliquée en Égypte (مصر) avec la conscription à l'armée, et le prise d'armes, l'amélioration du statut de Chrétiens, et leur utilisation pour réprimer la révolte druze dans Hawran (حوران) en 1835.
En 1839, connaissant les intentions de Muhammad Ali Pacha, de se libérer définitivement du pouvoir de La Porte (الباب العالي) à Istamboul, le sultan ottoman Mahmud II, déclara Muhammad Ali pacha comme étant un traître et il déclencha de nouveau les hostilités contre l'armée égyptienne installée en Syrie.
La guerre avec l'armée turque éclata de nouveau, mais c'est Ibrahim Pacha qui sortit victorieux en remportant la victoire décisive sur les Turcs, commandés par Hafiz Pacha (حافظ باشا), à la bataille de Nisib, le 24 juin 1839.
Le sultan ottoman Mahmud II (محمود الثاني) mourut avant de recevoir la nouvelle de son armée à Nisib ; son successeur, le sultan Abd Al-Madjid (السلطان عبد المجيد الأول), tenta de négocier avec Muhammad Ali Pacha, le retrait de son armée de la Syrie (سورية)mais en vain.
Les puissances européennes interviennent de nouveau, elles suggérèrent à Muhammad Ali Pacha d'accepter le traité de Londres de 15 juillet 1840 qui lui demanda d'évacuer la Syrie jusqu'à 'Akka (عكا).
Muhammad Ali Pacha, en espérant l'appui de la France (فرنسا), refusa le traité, mais cet appui n'a pas eu lieu, et les flottes des grandes puissances bloquèrent les côtes syriennes et égyptiennes.
Le mécontentement et les révoltes des populations, le blocus des côtés puis la prise de 'Akka (عكا) par l'amiral britannique Napier et les nouvelles négociations avec Muhammad Ali Pacha, l'obligèrent, le 22 novembre 1840 de donner l'ordre d'évacuer La Syrie.
Ibrahim Pacha envoya une partie de son armée, sous le commandement de Sulayman Pacha (سليمان باشا) par 'Akkar (عكار) et il quitta Damas (دمشق) le 29 décembre 1840 pour rentrer en Égypte par Ghazza (غزة).
- Les dernières années d'Ibrahim Pacha :
Dans les années qui suivent, il s'occupa de l'administration de l'Égypte et en particulier de l'agriculture ; certaines références le décrivent comme en excellent cultivateur et signalent qu'il possédait à Héliopolis et ailleurs en Égypte, des grandes propriétés où on pouvait voir les belles plantations de coton, orge, fèves, du blé... Et des oliviers ; il planta, lui même, plus de 80 000 d'oliviers symétriquement rangés.
Ibrahim Pacha effectua aussi, durant cette période de sa vie, plusieurs voyages en Europe, surtout en 1845, où les médecins le conseillèrent de visiter le Midi de l'Europe. Au cours de ce voyage, Ibrahim Pacha, accompagné de plusieurs personnes de sa suite, dont Sulayman Pacha سليمان باشا (le Colonel Sève), il visita Florence et Gènes en Italie, puis Toulon, Marseille, Perpignan, Vernet les Bains (où il séjourna du 8 décembre 1845 au 15 février 1846, sous le conseil du Dr Lallemand, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier, pour des cures de Thalassothérapie) ; ensuite, il visita Toulouse, Bordeaux, et enfin Paris ou il a été reçu, le 25 avril 1846, au Palais de l'Elysée par le Ministre des Affaires Étrangères et divers officiers.
Actuellement, le Musée de Perpignan possède une momie égyptienne dans son sarcophage, elle fut offerte au Dr L. Companyo père pour le Musée en 1847 par Ibrahim Pacha.
Le 2 mars 1848, il remplaça Muhammad Ali Pacha, et il devint, sous l'ordre du sultan ottoman, le gouverneur de l'Égypte, car son père, vieux et sénile, ne pouvait plus s'occuper des affaires de l'État.
Il mourut, avant son père, au Caire (القاهرة), le 10 novembre 1848 ; son successeur fut 'Abbas Hilmi Pacha I (عبَّاس حلمي باشا الأول).
Ibrahim Pacha, par son fils, le Khédive Isma'il (الخديوي إسماعيل) qui règne du 19 janvier 1863 jusqu'au juin 1879, il est le père de la famille des khédives puis des sultans et des rois de l'Égypte jusqu'à la révolution des officiers libres en 1952.
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