Art africain - Statue Sénoufo deble (version masculine) liée au poro- Sénoufos - Côte d'Ivoire

Art africain
Statue Sénoufo deble (version masculine) liée au
poro (le processus d'initiation des garçons)
et aux processions de levée de deuil.
Côte d'Ivoire

  • Les statues Sénoufo deble :

    « deble » et l'abréviation de « mandebele » qui signifie « esprit »

    Chez les jeunes initiés Sénoufos, lors de la cérémonie de passage qui marque la fin d'une étape importante du poro, sortent du bois sacré, tout en plaçant à chaque extrémité de leur procession, des initiés tenant une statue deble par ses membres supérieurs ou son cou afin de pouvoir la balancer lentement et marteler le sol avec son puissant socle en suivant un rythme et une coordination bien précis ; ce martèlement du sol permet de chasser les mauvais esprits et de rétablir le lien avec les âmes des ancêtres.

    Les Sénoufos, lors des cérémonies poro accompagnent la version masculine de cette statue deble avec l'autre version féminine. Elle sont utilisées également aux processions de levée de deuil funéraires.

    Ce couple deble est de forme humaine ; il incarne le couple primordial générateur (les jumeaux primordiaux) ; il représente également les esprits de la brousse vivant dans la forêt, la savane, les champs et les cours d'eau. Ces esprits exigent d'être honorés par des offrants afin d'écarter les malheurs et les maladies.

    Il s'agit de grandes statues longiligne en bois caractérisées par leur phototype donnant l'impression de l'écoulement des éléments anatomiques antérieurs vers le devant et le bas : visage avec très long museau projeté vers l'avant et le bas, et également un ventre proéminent vers l'avant avec le nombril à son somment.

    Cheveux coiffés sous forme de crête médiane, antéro-postérieure.

    Oreilles décollées avec parfois, trois scarifications horizontales devant chaque oreille et trois d'autres scarifications sur chaque joue . Ces scarifications bilatérales évoquent bien le couple des jumeaux primordiaux.

  • Les Sénoufos (Senufo - Siéna) :

    Sont au nombre d'environ trois millions, vivant dans une large zone géographique répartie entre le Sud de Mali dans la région de Sikasso, le Sud-Ouest de du Burkina Faso, le Ghana et le Nord de la Côte d'Ivoire.

    Ils sont connus par leurs œuvres sculpturales : portes sculptées, masques, statues rituelles de grande taille appelées « pombibele » utilisées lors des funérailles par les enfants en cours d'initiation poro.

    Les Sénoufos produisent également des statues de maternité puis des objets divers cérémonieux et profanes utilitaires ou décoratifs comme les sièges, les cannes et les tissus peints.

    Les Sénoufos sont essentiellement cultivateurs produisant d'igname (plante grimpante des régions tropicales donnant des tubercules comestibles), de manioc (plante des régions tropicales, de la famille des euphorbiacées, dont la racine comestible est utilisée pour faire une farine, le tapioca), le mil (céréale à petits grains) et de riz (céréale de la famille des graminées).

  • Ils croient en un dieu créateur au nom de « Koulotiolo », il est inaccessible, mais par contre, chaque village a sa mère régénératrice « Katiéléo » accessible grâce à un processus initiatique appelé « poro ». Ce processus est divisé en trois phases, chacune dure 7 ans.

    La première phase de poro est appelée « poworo », elle concerne les garçons ages de 7 à 12 ans qui doivent être initiés à l'agriculture et à la mythologie Sénoufo. La deuxième phase « kwonro » comporte des enseignements militaires, liturgiques et des danses. La troisième phase « tyologo » concerne les adultes ; elle est divisée en douze échelons, le dernier est le « kafo ».


  • Références :
    • L'art de l'Afrique. Série " Génie de l'art". Editions Place des Victoires - Paris. 2014.
    • Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat, Lucien Stéphan, Germain Viatte. L'art africain. Editions Citadelles & Mazenod. 2008.
    • Boyer Alain-Michel. Les arts d'Afrique. Guides Hazan 2007.
    • Zerbini Laurick. ABCdaire des arts africains. Flammarion 2002.
    • Trésor de la Langue Française.
    • http://www.art-africain.fr/ethnie/senoufo/vie-rituels-afrique-noire


Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 18 Juillet, 2018

     
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