Les vaccins contre les papillomavirus humains Auteur : Dr Aly Abbara |
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En ce qui concerne les vaccins contre les Papillomavirus humains, il est indispensable du consulter le rapport de l'Académie Nationale de Médecine (France) de 11 décembre 2007 : http://www.academie-medecine.fr/UserFiles/File/begue_rapp_11dec_2008.doc |
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RAPPORT Au nom des commissions VI-A, VI-B, III et de deux groupes de travail Les vaccins des papillomavirus humains. Leur place dans la prévention du cancer du col utérin Pierre BÉGUÉ, Roger HENRION**, Bernard BLAN, Marc GIRARD***, Hélène SANCHO-GARNIER*** Constitué de :
Commission VI-A (Maladies infectieuses et médecine tropicale) Membres de l’Académie : Mme BRUGÈRE-PICOUX, MM. BASTIN, BÉGUÉ (Secrétaire), BUISSON, DARNIS, DENIS, EUZÉBY, FROTTIER (Président), GERMAN†, LAVERDANT, LE MINOR, PARODI, PÈNE, PILET, RÉRAT, ROCHEMAURE, TIOLLAIS, VAYRE. Membres correspondants : Mme CHOISY, MM. ARMENGAUD†, BASTIDE, BAZIN, BERCHE, BERTRAND E., BRICAIRE, CHASTEL, DUMAS, DURAND, GIRARD, LECLERC, LÉOPHONTE, MICHEL-BRIAND, PÉCHÈRE, PETITHORY, REY, RICHARD-LENOBLE, RODHAIN, SANSONETTI, TOUZE Commission VI-B (Infections sexuellement transmissibles - Sida) Membres titulaires : MM. ARSAC, BAZEX, DENIS, FROTTIER, GENTILINI (Président), HENRION, LAVERDANT (Secrétaire). Membres correspondants : MM. BÉANI, BRICAIRE, GIRARD. Invité : M. BLANC. Commission III (Cancérologie) Membres de l’Académie : Mme TARANGER-CHARPIN, MM. AURENGO, B. de THÉ, COUTURIER, MOREAUX, ROCHEFORT (Président), TIOLLAIS, TUBIANA. Membres correspondants : Mmes DEJEAN-ASSEMAT, SANCHO-GARNIER, MM. FIET, JEANTEUR, LEVERGER, MASSE, NORDLINGER, RICO, ROUËSSÉ (Secrétaire), SCHAISON. Commission VI-A (Maladies infectieuses et médecine tropicale), Sous-groupe Vaccinations Membres Titulaires : Mme BRUGÈRE-PICOUX, MM. BASTIN, BÉGUÉ (Président), BUISSON, DENIS, FROTTIER (Secrétaire), GERMAN†, LAVERDANT, LE MINOR, PARODI, PILET, RÉRAT, TIOLLAIS. Membres Correspondants : Mme CHOISY,MM. ARMENGAUD†, BAZIN, BRICAIRE, CHASTEL, DUBOIS G., DURAND, GIRARD, PÉCHÈRE, REY, RICHARD-LENOBLE, SANSONETTI. Groupe de travail sur « Agents infectieux, cancers et prévention » Membres participants : MM. B. De THÉ, COUTURIER, DENIS, JEANTEUR, SANCHO-GARNIER, SCHAISON, TIOLLAIS. Invités : Mmes LABIGNE, RAPHAËL, MM. GESSAIN, NICOLAS, ORTH, POL. **Membre de l’Académie nationale de médecine ***Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine Il existe deux groupes de virus HPV à tropisme génital: les virus à bas risque oncogène et les virus à haut risque oncogène (15 génotypes). Les HPV à bas risque sont la cause de condylomes génitaux et de lésions dysplasiques du col de bas grade. Les génotypes les plus fréquents sont l’HPV 6 et l'HPV 11, dont le risque carcinogène est exceptionnel. Les HPV à haut risque sont responsables de dysplasies du col utérin de haut grade et des cancers du col. Les HPV16 et18 sont le plus souvent en cause. Il est actuellement établi que les papillomavirus humains sont les facteurs étiologiques indispensables dans le développement de lésions pré néoplasiques et néoplasiques du col utérin. Deux vaccins papillomavirus, quadrivalent et bivalent, récemment mis au point, sont maintenant sur le marché. Ils sont tous deux efficaces sur les HPV 16 et 18, responsables de 70% des cancers du col utérin dans le monde. Le vaccin quadrivalent est également dirigé contre les HPV 6 et 11, responsables de 90% des condylomes génitaux acuminés. Les deux vaccins sont donc confrontés en priorité à la prévention du cancer du col de l’utérus, et les deux problèmes du dépistage de ce cancer et de la vaccination HPV sont donc indissociables. 1- ÉpidémiologieSelon l’OMS, environ 500 000 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus apparaissent actuellement chaque année dans le monde dont plus de 90 % dans les pays en développement [1].Ce fléau, avec plus de 260 000 morts par an, représente une des atteintes les plus graves à la santé des femmes dans les pays à ressources limitées. Ces résultats contrastent avec celui des pays riches qui ont développé des stratégies de dépistage et de prise en charge thérapeutique efficaces suivies d’une réduction spectaculaire de l’incidence et de la mortalité. Ces tendances sont cependant variables d’un pays à l’autre, en raison des nombreux facteurs qui influencent l’efficacité d’un programme de dépistage. En France, en 2000, le nombre de nouveaux cas de cancers invasifs était de l’ordre de 3400 (taux standardisé de 8/100 000), ce qui le plaçait au 8ème rang de fréquence des cancers féminins [2]. Les décès dus à ce cancer, pour la même année, étaient d’environ 1000 (taux standardisé de l,9/100 000) ce qui le plaçait au 5ème rang des décès par cancer de la femme. 2-Les vaccins HPVLes deux vaccins sont des vaccins recombinants issus du génie génétique, formés de pseudo-particules virales (VLP) fabriquées par auto-assemblage de la protéine majeure L1. Le vaccin quadrivalent (Gardasil® laboratoires Merck) contient 4 VLP des HPV 16, 18, 6 et 11 et le vaccin bivalent (Cervarix® laboratoires GSK) deux VLP des HPV 16 et 18. La réponse immunitaire humorale est constante et plus forte que celle observée après l’infection naturelle. Pour le vaccin quadrivalent tous les anticorps sont présents 5 ans après la vaccination. Pour le vaccin bivalent une étude de suivi prolongé sur 4,5 ans démontre que les anticorps HPV 16/18 demeurent très élevés, à des titres 17 et 14 fois plus élevés que ceux de l’infection naturelle pour les types 16 et 18 respectivement [3]. La réponse sérologique est plus forte chez les adolescentes de 11 à 15 ans que chez les femmes plus âgées. Sur ces seules données disponibles le recul n’est pas suffisant pour se prononcer sur la nécessité d’un rappel.Les essais d’efficacité sont peu nombreux mais de grande envergure. Le critère principal de jugement ne peut pas être le cancer du col utérin en raison de la durée trop prolongée d’observation qui serait nécessaire. La FDA américaine a recommandé d’utiliser d’autres marqueurs de substitution, les lésions CIN 2/3, car elles sont les précurseurs du cancer du col. Pour évaluer l’efficacité vaccinale sur le cancer du col utérin on a eu recours à des évènements préalables au cancer, à savoir la surveillance de la primo-infection à HPV 16/18, des lésions histologiques de bas grade et de haut grade: CIS (adénocarcinome in situ), CIN1, CIN2 et CIN 3 (CIN : néoplasie intra-épithéliale cervicale) et du portage viral prolongé. L’efficacité du vaccin quadrivalent a été évaluée par 4 études cliniques randomisées, en double aveugle, vaccin contre placebo, chez 20541 femmes âgées de 16 à 26 ans, exemptes ou non d’infection préalable par les HPV 6, 11, 16 ou 18. L’analyse des études combinées pour le vaccin quadruple montre une efficacité de 100% (IC à 95% : 93% à 100%) pour la prévention des marqueurs CIN2, CIN3 et AIS, chez les personnes non infectées et ayant suivi le protocole. Pour la population dite « en intention de traiter », incluant en plus les femmes infectées durant le protocole et ayant reçu au moins une dose de vaccin, l’efficacité diminue jusqu’à 39% sur les lésions dues aux types vaccinaux [4,5]. 3- Évolution actuelle des méthodes de dépistage et d’évaluation du cancer du colLes lésions précancéreuses retrouvées par les frottis ont connu des appellations successives diverses : dysplasies, puis « cervical intraepithelial neoplasia » (CIN) par Richart en 1968 divisés en trois sous-groupes : le CIN1 correspond à la dysplasie légère, le CIN2 à la dysplasie modérée et le CIN3 à la dysplasie sévère et/ou au carcinome in situ. En 1988 une nouvelle classification : The Bethesda System (TBS) distingue deux types de lésions : les lésions de bas grade (Low grade squamous intraepithelial lésions : LGSIL) qui correspondent aux CIN 1 et condylomes plans et les lésions de haut grade (Hight grade intraépithélial lesions : HCSIL) correspondant aux CIN2 et CIN3. Le diagnostic des lésions précancéreuses cervicales est histologique, le prélèvement biopsique étant guidé de préférence par un bilan colposcopique proposé après les résultats d’une cytologie évocatrice. L’apport de la cytologie est essentiel. Les frottis cervico-vaginaux peuvent être réalisés de façon conventionnelle par étalement selon la technique de Papanicola ou par une méthode en milieu liquide. Malgré son prix de revient plus élevé cette dernière devrait être privilégiée car elle améliore la qualité sémiologique du frottis et le dépistage des lésions précancéreuses tout en permettant l’utilisation des tests. Les tests HPV (PCR ou hybridation en phase liquide) reposent sur le principe de l’hybridation moléculaire. Leur application est un progrès. Des études portant sur plusieurs milliers de patientes ont permis d’aboutir à deux notions fondamentales. D’une part, la Valeur Prédictive Négative (VPN) du test pour les lésions de haut grade étant supérieure à 99%, l’absence de papillomavirus exclue presque à coup sûr la présence d’une lésion précancéreuse. D’autre part, le couplage du frottis et du test HPV augmente la sensibilité du dépistage conventionnel. Le test HPV est particulièrement intéressant en cas de frottis ambigu (frottis ASC-US, atypical squamous cells of undetermined significance) où l’implication virale est d’environ 50%. Il est recommandé par l’ANAES dans cette indication. Une nouvelle génération de tests HPV apparaît : tests PCR dits multiplex, permettant l’ identification d’une trentaine de types d’ HPV, oncogènes ou non, nouveau type d’ hybridation en phase liquide, détection qualitative de l’ARNm E6 E7, PCR quantitative. La combinaison de la cytologie et de la biologie suggère de nouvelles stratégies de dépistage. Le test HPV pourrait être utilisé en première intention, notamment dans les pays en voie de développement, le test dépistant les femmes à risque tandis que les frottis dépisteraient les lésions intraépithéliales chez les femmes HPV+. En fait, le test HPV utilisé en première intention devrait, pour avoir toute sa signification, être répété après 6 ou 12 mois ou n’être proposé qu’après l’âge de 30 ans, étant donné la fréquence de l’infection avant cette âge et son caractère le plus souvent transitoire. La réalisation d’études coûts/bénéfices permettant de choisir une stratégie nécessite pour être convenablement interprétée les conditions suivantes [7] : modalités de dépistage étudiées, valeurs fiables en terme de sensibilité et spécificité des tests, coûts directs et indirects explorés dans un contexte sanitaire défini, description détaillée des données utilisées et des méthodes d’analyse. Un des problèmes majeurs concernant le frottis cervical est la variabilité observée dans l’estimation de sa sensibilité : une méta-analyse prenant en compte les études les plus fiables dans les pays d’incidence basse, rapporte une variation de 37 à 66% (intervalle de confiance à 95%), alors que sa spécificité a une valeur élevée et une homogénéité beaucoup plus grande de 97 à 99% [8]. Un autre problème important est la disparité du dépistage entre les régions et le niveau socio-économique des patientes. Le risque de développer un cancer du col diminue régulièrement en France depuis 1980, date des premières estimations d’incidence, d’environ 2,9 % par an ; parallèlement la mortalité diminue de 4,4 % par an avec une stagnation depuis 2 000 à environ 700 décès par an. La diminution d’incidence est due, en grande partie, à la réalisation du dépistage des lésions pré-néoplasiques par le frottis cervical. Ainsi l’efficacité des programmes de dépistage est due à l’existence de lésions précancéreuses curables et d’évolution lente : plusieurs années séparent les lésions initiales de leur transformation en cancers invasifs. Les études anatomo-cliniques ont montré que les lésions de dysplasie légère, classée à l’heure actuelle comme néoplasie intra-épithéliale cervicale de bas grade régressent en grande majorité spontanément, alors que les lésions de haut grade ont une probabilité importante de devenir des cancers invasifs en une dizaine d’années en moyenne [9]. L’essentiel des conclusions des experts européens [10] publiées en 1999 reste d’actualité (HAS 2005) à savoir : - Le dépistage des cancers invasifs du col utérin s’adresse à toutes les femmes de 25 à 65 ans, (20 ans dans certains pays),- La périodicité optimale est de 3 ans, après deux premiers frottis négatifs, - Il n’est pas recommandé de moduler le rythme des frottis en fonction de l’âge ou de l’existence de facteurs de risque (car ces facteurs ne modifient pas la vitesse de croissance tumorale). - La recherche de l’HPV est recommandée en cas de lésions ASC-US pour déterminer la conduite à tenir. La vaccination HPV et le dépistage. Influence sur l’estimation coût-bénéfice. La vaccination contre le virus HPV change aussi les conditions car elle devrait diminuer la prévalence des lésions précancéreuses et des cancers et, ainsi, réduire encore la valeur prédictive négative du frottis. Une étude sur les bénéfices attendus de la vaccination réalisée par B. Detournay montre, en fonction d’un certain nombre d’hypothèses, que la vaccination apporte un bénéfice individuel supplémentaire au dépistage. La baisse maximale du nombre de cancers est obtenue en associant dépistage et vaccination avec une couverture de 80% [11].Une autre étude française très récente de modélisation médico-économique a comparé 4 stratégies associant ou non le dépistage du cancer du col à la vaccination HPV. Le rapport est bénéfique si la couverture vaccinale est de 80% chez des adolescentes de 14 ans et si le dépistage est organisé selon le modèle-type alsacien [12]. Quoiqu’il en soit, le développement de la vaccination va apporter de nouveaux changements, en réduisant la prévalence globale des cancers du col et des lésions précancéreuses ainsi que le pourcentage des frottis anormaux qui deviendra inférieur à 3%. On peut imaginer que cette réduction soit telle qu’elle remette en cause, à terme, le dépistage cytologique. D’autre part, du fait de la réduction du nombre des frottis suspects ou pathologiques, les anatomopathologistes et cytologistes auront moins d’expérience pour reconnaître les anomalies d’où une éventuelle réduction de la sensibilité des programmes de dépistages. A long terme le dépistage pourrait s’appliquer à une population à risque, susceptible de développer un cancer, dûment repérée auparavant, ou chez les femmes HPV positives. Qui vacciner et à quel âge ? Toutes les études publiées montrent que l’efficacité est proche de 100% si la vaccination est pratiquée chez des femmes n’ayant pas eu de contact préalable avec HPV 16/18. La plus forte prévalence de l’infection par HPV s’observe en début d’activité sexuelle. L’idéal est donc de vacciner les jeunes filles avant l’activité sexuelle. Or l’âge des premiers rapports sexuels varie selon les pays, les cultures, la société. A l’inverse l’efficacité est très diminuée chez les femmes vaccinées mais déjà infectées par ces HPV. Les vaccins n’agissent pas sur l’évolution des lésions précancéreuses dès qu’elles sont présentes. Leur action est donc seulement prophylactique. Il est donc évident que la stratégie de choix pour les pays occidentaux industrialisés sera la vaccination très précoce des filles avant les premiers rapports sexuels, seule stratégie qui pourra assurer un bon rapport coût- bénéfice et une efficience maximale.Aux États-Unis on recommande de vacciner les filles avant le début de l’activité sexuelle soit à 11-12 ans et un rattrapage est proposé pour les filles et les jeunes femmes de 13 à 26 ans [13]. En France le Conseil supérieur d’hygiène publique de France recommande le vaccin quadrivalent « dans la perspective de la prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l'utérus ainsi que de la prévention des condylomes vulvaires, la vaccination des jeunes filles de 14 ans, afin de protéger les jeunes filles avant qu'elles ne soient exposées au risque de l'infection HPV ». Cet âge plus tardif que celui retenu par les États-Unis et d’autres pays (Suisse, Grande-Bretagne, Italie) est justifié par l’âge des premiers rapports sexuels en France soit 3% avant 15 ans et 9% avant 16 ans et par l’incertitude sur la durée de protection [14]. La recommandation de vaccination est également très différente pour les femmes âgées de plus de 14 ans, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France « recommandant que le vaccin soit également proposé aux jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 23 ans qui n’auraient pas eu de rapports sexuels ou au plus tard, dans l'année suivant le début de la vie sexuelle, proposition qui pourrait être faite à l’occasion d’une primo-prescription de contraception, d'un recours à une pilule du lendemain, d'une consultation pour tout autre motif ». Il existe des divergences sur ce rattrapage par la vaccination des femmes plus âgées. La Société américaine du cancer estime que seule la vaccination avant l’âge des premières relations sexuelles, donc à 11-12 ans, procure une certitude d’efficacité. L’efficacité et le bénéfice potentiel au-delà de 19 ans étant beaucoup moins évidents, cette Société est actuellement réservée sur l’intérêt d’une vaccination généralisée au-delà de cet âge [15]. La vaccination des garçons. La vaccination des garçons, en cours d’étude, pourrait permettre l’interruption de la transmission. Cependant des inconnues scientifiques persistent sur la valeur protectrice du vaccin chez le garçon et le rapport bénéfice-risque ne parait pas évident. Taira et al, par une étude de modélisation, estiment que la vaccination conjointe des garçons n’affecterait l’incidence du cancer du col que d’une manière marginale et qu’elle n’est pas efficace sur le rapport coût-bénéfice [16]. Place des vaccins dans la prévention du cancer du col. Le risque d’introduire une vaccination contre le cancer du col est l’abandon du dépistage par une population féminine qui pense être protégée contre tous les cancers du col. Il serait en effet préjudiciable à la santé publique que cette vaccination qui, dans les meilleurs des cas ne pourra assurer que 70% de la prévention des cancers du col, fasse négliger le renforcement et l’organisation de ce dépistage en France. Par conséquent toutes les recommandations actuelles et les publications sur les vaccins HPV insistent sur la nécessité impérieuse de maintenir fermement le dépistage du cancer du col et de le renforcer. La vaccination et le dépistage demeurent donc complémentaires, comme l’expriment le CTV et le CSHPF : « organiser le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus par frottis cervico-utérin sur l'ensemble du territoire, la vaccination contre les papillomavirus 16 et 18 ne pouvant s'y substituer »[14] Si ces vaccins sont très efficaces chez les femmes vaccinées et non infectées par les HPV des vaccins, leur action reste modeste en cas d’infection préalable à la vaccination, comme le prouvent les essais cliniques randomisés. La mise en place d’une vaccination généralisée des adolescentes ne semble pouvoir être suivie d’un effet sur l’incidence du cancer du col qu’après 20 ou 30 ans. A long terme une vaccination largement appliquée permettrait un dépistage plus tardif et un espacement des examens systématiques. Plusieurs auteurs soulignent les incertitudes qui existent à long terme, rendant difficiles des études de coût-efficacité valables pour établir une politique vaccinale: les modifications possibles à long terme de l’histoire naturelle des maladies à HPV 16 /18 dont l’impact se réduirait pourrait conduire à espacer le dépistage. La vaccination peut réduire aussi la valeur prédictive positive de la cytologie en réduisant le nombre des prélèvements anormaux réellement positifs [17, 18, 19]. Les autres cancersLe bénéfice des vaccins peut aussi s’accroître parleur action sur d’autres cancers : cancers vulvaires, vaginaux, anaux et peut-être oro-pharyngés. Les condylomes L’incidence annuelle des condylomes génitaux a été estimée en France à 107 pour 100 000 habitants; le vaccin quadrivalent ajoute donc cette prévention, qui n’est pas à négliger en raison de la répercussion de cette affection sur la vie affective des patientes. La durée de la protection. Les rappels. Une surveillance très prolongée et complète doit s’instaurer sur l’évolution du cancer du col, la protection des femmes vaccinées, la durée de la protection immunitaire. Elle est également indispensable pour répondre sur le meilleur âge de la primo vaccination mais surtout sur la nécessité ou non d’un rappel vaccinal à 5 ans. Information et Formation. L’information, essentielle, devra concerner les adolescents, les femmes, les familles mais aussi l’ensemble des personnels de santé. L’information des adolescents, selon leur âge doit être particulièrement préparée. Leur accès libre à ces vaccins pose également des questions difficiles par rapport aux parents. Cette information est nécessaire mais difficile pour ce type de message de prévention, qui ne doit amoindrir ni celui du dépistage du cancer du col utérin ni celui du dépistage et de la protection vis-à-vis des autres IST, et en particulier du Sida. Elle devra aussi tenir compte de l’environnement socio-culturel de la population concernée, en fonction de l’âge auquel le vaccin sera proposé (les femmes migrantes, par exemple, qui ont un dépistage du cancer plus faible sont particulièrement concernées par ces vaccins). Les études faites aux États-Unis sur des populations variées d’adolescentes, de femmes jeunes et d’étudiantes sur leur connaissance des papillomavirus humains montrent que leur information est très limitée ou absente, même si elles ont des antécédents de dépistage avec des résultats anormaux [15]. Chez les professionnels de santé cette connaissance sera aussi à perfectionner. Les gynécologues ont une meilleure connaissance de l’histoire naturelle des HPV que d’autres catégories de médecins, tels que les pédiatres ou les généralistes. Des formations spécifiques sont donc souhaitables pour mieux appliquer les recommandations concernant les vaccins HPV. La vaccination HPV dans les pays en voie de développementLes pays qui ne disposent pas d’un dépistage organisé du cancer du col utérin sont ceux pour lesquels cette vaccination serait la plus bénéfique. On ne peut cependant pas exiger les mêmes critères de surveillance, très onéreux, que pour les pays industrialisés. La stratégie reste à définir et peut différer selon les pays. La question de l’acceptabilité culturelle de la prévention d’une IST par la vaccination HPV peut poser des problèmes importants de mise en place dans certains pays. La vaccination dirigée vers les filles peut, par exemple, exacerber des rumeurs défavorables envers ce vaccin, à l’instar d’autres expériences du passé.[20]. L’OMS de la région des Amériques recommande d’obtenir une couverture élevée chez les jeunes filles et de commencer 3 ans avant l’âge moyen des premiers rapports sexuels [21]. Références
L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 11 décembre 2007, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.
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Recommandations sur la vaccination par les vaccins HPV |
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Deux vaccins papillomavirus récents, bivalent et quadrivalent, sont maintenant disponibles en France. Deuxièmes vaccins contre un cancer humain, après celui de l’hépatite B, ils constituent un progrès important pour la santé publique. Ils s’avèrent bien tolérés et très efficaces contre les HPV 16 et 18, responsables de 70% des cancers du col utérin dans le monde et, pour ce qui est du vaccin quadrivalent, contre les HPV 6 et 11, responsables des condylomes acuminés de la sphère ano-génitale. Si leur application apparaît hautement souhaitable, elle doit être néanmoins soigneusement concertée et évaluée. L’Académie nationale de médecine émet les recommandations suivantes :
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