Éris "Discorde"
Illustration de la fable "La Discorde" de Jean De La Fontaine par
D. BRUX
Voir aussi l'illustration de Jean-Baptiste OUDRY
Discorde par Jean TERZIEFF (1937)


 
 

"La Discorde"
Par Jean de LA FONTAINE

     
 

La Déesse Discorde ayant brouillé les Dieux,
Et fait un grand procès là-haut pour une pomme,
On la fit déloger des Cieux.

Chez l'Animal qu'on appelle Homme
On la reçut à bras ouverts,
Elle et Que-si-que-non, son frère,
Avec que Tien-et-mien son père.

Elle nous fit l'honneur en ce bas Univers
De préférer notre Hémisphère
A celui des mortels qui nous sont opposés ;
Gens grossiers, peu civilisés,
Et qui, se mariant sans Prêtre et sans Notaire,
De la Discorde n'ont que faire.

Pour la faire trouver aux lieux où le besoin
Demandait qu'elle fût présente,
La Renommée avait le soin
De l'avertir ; et l'autre diligente
Courait vite aux débats et prévenait la Paix,
Faisait d'une étincelle un feu long à s'éteindre.

La Renommée enfin commença de se plaindre
Que l'on ne lui trouvait jamais
De demeure fixe et certaine.
Bien souvent l'on perdait à la chercher sa peine.

Il fallait donc qu'elle eût un séjour affecté,
Un séjour d'où l'on pût en toutes les familles
L'envoyer à jour arrêté.

Comme il n'était alors aucun Couvent de Filles,
On y trouva difficulté.

L'Auberge enfin de l'Hyménée
Lui fut pour maison assignée.

 
 
Recueil Madame OUICI Melouka

 
  Jean de la Fontaine  

Jean de LA FONTAINE : poète français (Château-Thierry 1621 - Paris 1695). Maître des Eaux et Forêts (1652), il écrit des ballades et des madrigaux, devient le protégé de Fouquet et, au moment de la disgrâce du surintendant, témoigne de sa douleur et de son courage dans l' Élégie aux nymphes de Vaux (1661). Il trouve cependant une nouvelle protection en Madame, veuve de Gaston d'Orléans, et publie ses premiers recueils de Contes (1665-1671), ainsi que les six premiers livres des Fables (1668). La suppression de ses charges et la mort de la duchesse d'Orléans le laissent sans ressources, lorsque Mme de La Sablière le recueille (1672-1693). De cette époque datent deux nouvelles séries de Contes (1671-1674), qui lui ouvrent les portes de l'Académie française ; mais il devra attendre l'approbation de Louis XIV (1684), qui lui préfère Boileau. La Fontaine prend parti pour les Anciens contre les Modernes (Épitre à Huet, 1687) et dédie au duc de Bourgogne un dernier livre de Fables (1694), alors qu'il a trouvé chez le financier d'Hervart un dernier asile.
© Larousse-Bordas 1998


Auteur : Aly Abbara
12 Janvier, 2021

 
 
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