Grand corbeau - Japon


Grand Corbeau - Japon - اليابان ـ الغراب
Oiseaux de la famille des corvidés (فصيلة الغرابية)

Le grand corbeau :

  • Du latin. corvus, et dans l'ancien français : corp, corb.

  • Nom de l'espèce : Corvus corax.

  • Oiseau passereau (de l'ordre des Passériforme : oiseau à quatre doigts, dont un tourné vers l'arrière) ; carnivore et charognard, de la famille des corvidés ou " covidea " ; cette famille comme est composée d'une longue liste d'oiseaux comme : la corneille noire, le corbeau freux, le choucas = corneille des clochers (des tours), le corvus cornix = corneille mantelée, la pie bavarde).

  • Description :
    Le grand corbeau : comparé à la corneille noire, il est plus massif ; plus grand avec des ailes plus longues (54 à 67 cm de longueur ; 120 à 150 cm d'envergure et 800 à 1500 g, voire 2000 g de poids ; longévité de 10 à 15 ans).

    Sa tête plus grosse et bec plus massif, plus épais et arqué (oiseau conirostre) ; le plumage tout noir (avec souvent des reflets bleutés, donnant au noir la variante bleu corbeau) et compact sauf au niveau du cou, sous la gorge où on trouve des plumes lâches formant une barbiche. La queue est plus longue ; en vol elle prend la une forme de losange. L'extrémité distale des ailes sont composées de plumes longues, anguleuses, dirigées et bien séparées.

    Il s'agit d'un oiseau charognard et omnivore se nourrissant essentiellement des petits mammifères, des gros insectes, des vers et des larves ; des cadavres d’animaux morts.

    Le corbeau communique avec son entourage pas des croassements aigus ou doux, mais le plus souvent, rauques caverneux de type "kro" ou "rrok" répétés ou pas, perçus par les humains comme étant des cris perturbant le statu quo, parfois envahissants et inquiétants.
    Au Japon le croassement du corbeau se dit " Kâ, Kâ ", proche du terme kawaii qui veut dire chéri, d'où le chant des enfants japonais à l'école primaire :

    Pourquoi le corbeau chante-t-il ?
    Parce que dans la montagne
    Il a un enfant chéri de sept ans
    Le corbeau chante
    Mon chéri ! Mon Chéri !
    Il chante
    Mon chéri ! Mon Chéri !

    Chez les Romains le corbeau est un symbole d’espérance et de bon augure : selon Suétone, le cris du corbeau qui ressemble au son " cras, cras " qui peut être interprété comme : " demain, demain " .

  • La nidification a lieu dans un très grand nid de branchettes, d'herbe et de laine, situé dans un grand arbre ou une plate-forme ; ce nid est souvent le même d'une année à l'autre parce que, une fois le couple est formé, il reste ensemble pour la vie. La femelle dépose de 4 à 6 œufs ; la pont a lieu entre février et mai.

  • Répartition géographique :
    Le corbeau vit sur tous les continents.

  • Le corbeau dans les fables de La Fontaine :
  • Le corbeau dans la Bible :
    • à la Genèse, 8, 6-7 : " Or, au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l'arche qu'il avait faite et lâcha le corbeau. Celui-ci sortit, allant et revenant, jusqu'à ce que les eaux eussent séché de dessus la terre " (La Bible, traduit par E. Osty, Paris, éditions du Seuil, 1973)].

  • Le corbeau dans la mythologie gréco-romaine :
    • En Grèce antique, le corbeau est consacré à Apollon, le dieu solaire par excellence ; il est son serviteur et son messager (et également le messager de Mithra).

    • Pour se cacher de Typhon qui a décidé d'éliminer les dieux de l'Olympe, Zeus se métamorphose en bélier, Dionysos en bouc et Apollon en corbeau.

    • A Delphes, la ville consacrée à Apollon, se sont deux corbeaux qui déterminèrent l'emplacement de l'omphalos (le nombril du monde) : dans d'autres version ce sont des aigles ou des cygnes.
      D'après Strabon, Zeus envoie deux corbeaux, l'un vers l'orient et l'autre vers l'occident ; leur point de rencontre correspond au nombril (omphalos) du monde.

      Dans le même ordre, dans les traditions gauloises, ce sont des corbeaux qui indiquèrent aux fondateurs, l'emplacement de la ville de Lyon en France : Lyon = Lugdunum = colline du corbeau (animal sacré chez les Gaulois) et nom " la colline de Lug " comme on pensait auparavant.

    • Trahison et vengeance divine :
      Selon Pindare, Coronis, enceinte d’Asclépios, le fils du dieu Apollon, elle le trahit avec un mortel, Ischys, fils du roi d’Arcadie Élatos. 

      Apollon, apprenant la nouvelle de cette trahison par un corbeau ou une corneille, ou grâce à ses pouvoirs divinatoires, il ne tard pas à punir l'oiseau qui lui a transmit la nouvelle en teignant en noir ces plumes, auparavant blanches ; puis il tue d'une flèche sa jeune femme enceinte, Coronis.

      D'après certains récits, le corbeau ou la corneille qui a rapporté la nouvelle de l’infidélité de Coronis était initialement Lycios, fils d'Harpé et de Cléinis qu'Apollon l'a auparavant transformé en corbeau blanc, mais suite à cette affaire de Coronis, le dieu le châtie de nouveau en le transformant en corbeau noir.

      Dans une autre version, Coronis périt sous les flèches d'Artémis vengeant son frère jumeau Apollon (probablement à la demande d'Apollon)

    • La naissance du Héros Asklépios :
      Lorsque le corps de la jeune femme morte, Coronis fut déposé sur le bûcher funéraire, entourée par les flammes d’Héphaïstos (le dieu-forgeron), Apollon s’élance pour sauver son fils Asklépios en l'arrachant du ventre de sa mère, c'est ainsi qu'il naît d'une femme morte et jaillit du feu funéraire (en terminologie moderne : césarienne post-mortem). 

      Il existe d'autres versions du mythe qui expliquent que c'est Hermès qui extrait Asklépios du ventre de sa mère morte.

      Selon aussi, une autre version, Asclépios est conçu après une relation amoureuse entre Coronis et Apollon, au cours d’un voyage de cette jeune femme dans le Péloponnèse, où elle accompagne son père Phlégyas. Quand tous deux arrivèrent à Epidaure, elle accouche en secret au pied d’une montagne (le mont Pyrtion selon certaines légendes), et abandonne son nouveau-né, Asklépios qui a été sauvé grâce à une chèvre qui l’allaite et un chien gardien du troupeau qui le protège. L'enfant Asclépios a été trouvé ensuite par le berger qui recherchait la chèvre manquante et le chien disparu ; il décide de tuer le nouveau-né mais, la foudre entoure et protège l'enfant d'Apollon.

    • Le corbeau et la femme enceinte et la mère :
      Chez Pline (Empire romain : 23-79ap. J.-C.), la femme enceinte doit se méfier de l’œuf du corbeau : si jamais elle passe par-dessus, elle avorte par la bouche. Si cette femme a un enfant, elle pourra le guérir de sa toux en lui attachant autour du cou de la fiente de corbeau avec de la laine.

  • Le corbeau dans la mythologie nordique :
    • Odin est un dieu de Paix :
      Pour assurer la paix, il faut la puissance, la force, mais il faut aussi la connaissance afin de percer les secrets du monde ; Odin était doué de toutes ces caractéristiques, aidé pour cette tache par les runes (l'écriture), puis deux agents de renseignement, les deux corbeaux : Huginn ou Hugin (pensée) et Muninn ou Munin (mémoire) ; ces deux corbeaux, chaque jour, survolaient le monde entier et revenaient murmurer quotidiennement aux oreilles d'Odin, tout ce qu'ils avaient vu ou entendu dans le monde des dieux, des géants, des nains et des hommes. 

  • Le corbeau est un oiseau lié à la mort :
    • Le corbeau évoque instinctivement l'idée de la mort en raison de sa couleur noire et son mode de vie d'oiseau charognard (détrousseur de cadavres) planant au-dessus des champs de bataille et arrachant les yeux et la chair des cadavres ; le pilleur des nids des autres oiseaux et le tueur des oisillons.

    • Autrefois, le corbeau était la personne qui, en temps d'épidémie, transportait les corps des pestiférés

    • Le terme "Homme-Corbeau" : évoque un employé de pompes funèbre.

    • Servir de pâture aux corbeaux : être mort (le corbeau est charognard).

    • Le corbeau dans certaines croyances est psychopompe : il guide l'âme lors de son dernier voyage dans le monde des morts.

    • Le corbeau, ou de façon générale, la famille des corvidés, est associé au mauvais présage annonçant l'arrivée du mal : chez les Chrétiens il évoque Satan ; chez les Celtes il prédit la guerre et la mort.

    • Dans le Mahâbhârata indien, le corbeau est le messager de la mort.

    • En Europe, dans les rêves, le corbeau est considéré comme une figure de mauvais augure, lié au malheur et à la mort.

      Dans les rêves également, le corbeau symbolise la tromperie et l'adultère parce, par sa couleur noire, il est invisible dans la nuit et puis, parce qu'il est capable d'imiter la voix des humains.

  • Croyances et légendes diverses liées au corbeau :

    • Corbeau : personnage avide d'argent et sans scrupule.

    • Corbeau : une constellation de l'hémisphère austral, évoquant la silhouette d'un corbeau.

    • Les Indiens du Nord-ouest américaine appellent leur grand corbeau mythique " le vrai chef " ou " celui dont la voix doit être obéie " et également " le grand inventeur " parce que le corbeau est effectivement un être doué d'un superbe intelligence lui permettant d'acquérir un art de vivre convenable basé sur la ruse, l'opportunisme et la recherche permanente des solutions devant les difficultés rencontrées lors de ses requêtes qui peuvent le mener parfois à fabriquer des outils.

    • Le grand corbeau chez les amérindiens d'Alaska et du Nord-ouest pacifique est le géniteur (créateur) et le chaman qui a fait sortir l’humanité d'une coquille et a volé pour elle la lumière du jour en s'opposant au faucon de la nuit ; il est également l' héros civilisateur qui organise le monde et enseigne les hommes l'agriculture et la chasse ; il crée et libère le soleil ; c'est un trickster également.

    • Dans le mythe haïda à propos de la naissance de l'humanité : après le déluge primordial, le corbeau trouva un palourde (mollusque bivalve) géante pleine de petits animaux effrayés pour sortir de leur cachette, il les convainc de la quitter afin d'explorer le monde ; abandonnant la mollusque, il devinrent les premiers hommes.

      Il donna aux humains de saumon, de baies et d'autres aliments.

    • Selon d'autres récits, le corbeau vola le feu des dieux pour le donner aux humains ; les dieux le punaisèrent en le carbonisant et transformant son plumage qui était blanc en plumage noir anthracite pour l'éternité.

    • En Amérique du Nord, certain récits le corbeau est la personnification du vent et du tonnerre : il fait souffler le vent avec le battement de son aile et sa langue est l'éclair.

    • Chez les Maya, le corbeau est le messager du dieu du tonnerre.

    • Selon certains mythes, le corbeau est naquit d'une femme ayant avalé une plume ou un caillou.

    • Chez les peuples Germaniques, les corbeaux sont des compagnons de Wotan.

    • Au Congo, chez les Likouba et les Likouala le corbeau est le l'oiseau protecteur qui prévient les hommes des dangers.

    • Au Laos, l'eau souillée par le corbeau est impropre à l'utilisation lors des cérémonies rituelles.

    • En Chine et au Japon, le corbeau qui habituellement nourrit père et mère est considéré comme le symbole de la gratitude filiale et l'amour familial et la fidélité conjugale.

    • Corbeau-soleil :
      Chez les Chinois et les Japonais le corbeau (ou la corneille) est l'âme du soleil ; le soleil est représenté comme un disque rouge habité par un corbeau à trois pattes symbolisant : l'aube, le zénith et le crépuscule ; ces trois pattes sont l'emblème des empereurs de Chine.

      Ce symbole est retrouvé sur des pierres sculptées du temps des Han

      Dans un mythe chinois, le corbeau vola le soleil et d'autres corps célestes d'un chefs avare pour les disperser dans le ciel.

      Dans un autre récit chinois, dix corbeaux s'envolèrent du mûrier du Levant pour apporter la lumière au monde, mais Yi, le bon archer en abattit neuf afin de ne pas brûler le monde.

  • Références :
    Dictionnaire numérique Cordial 2012
    Le livre des symboles. Edition Taschen 2011.
    Jean-Claud Belfiore. Dictionnaire des croyances et symboles de l'Antiquité. Larousse 2010.
    David Fontana. Le nouveau langage secret des symboles, SOLAR éditions 2010.
    Rob Hume, Guillemet Affres, Marc Duquet. Oiseaux de France et d'Europe. Larousse.
    Jean Chevalier, Alain Rebranchent. "Dictionnaire des symboles. Robert Laffont 1982".

Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : le 25 Décembre, 2020

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Paris / France