CABINET PHILOSOPHIQUE N°1
L’énigme syrienne
XV° av. J.-C. – XXI° ap. J.-C.
Une valise, comme une Boîte en-valise philosophique, contient à l’intérieur deux éléments : un masque funéraire et le premier alphabet connu. Tous deux sont nés de la même question:
“ comment se perpétuer au-delà de notre voix ? ”.
L’écriture qui transcrit notre voix, et l’art funéraire qui incise et transfigure notre visage,
sont les réponses les plus anciennes de l’humanité à cette question. Leur relation n’a jamais réellement été mise en évidence (ni imaginée), et reste aujourd’hui encore une énigme.
Comme telle, elle est ici recueillie en-valise.
Un fil subtil relie le visage à son moulage, modelé par la main humaine.
Un fil subtil relie l’esprit à l’écriture, à travers le médium du stylo antique,
Concave&convexe, positif&négatif, original&copie.
C'est la même matière. L’Homme et l’écriture ont été imprimés sur l’argile.
Ils sont nés simultanément : ces premières lettres incisées sont l’aube de l’homme,
tout comme l’homme est pierre écrite, terre qui peut comprendre la Parole qui a fait naître le Tout.
Un lieu les rassemble, la Syrie, qui fait partie d’une aire où toute forme a commencé.
La Jérusalem laïque de notre première culture.
Je dédie ce premier alphabet et ce masque funéraire
à qui est privé de liberté de parole ou a été victime de ce conflit insensé.
Là-bas ou ici.
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“Show me the place where the word became a men”
(Leonard Cohen)
Andrea Fogli, 2 Novembre 2013