Triskell ; Triskel ; Triskèle ; Triscèle ; Triquètre  - le symbole interceltique le plus commun

Triskell ; Triskel ; Triskèle ; Triscèle ; Triquètre
le symbole interceltique le plus commun
Bretagne - France
Auteur : Dr Aly Abbara

  • Étymologie :
    • En Français " triskèle (un nom masculin ou féminin).
      Du mot grec "triskelês" qui signifie « à trois jambes, à trois pieds » - de tri- « trois », et skelos « jambe ».
      En Français aussi " triscèle " du triscelum « figure à trois côtés, triangle ».
      La forme " triskell et triskel " : (noms masculins) constituent un réemprunt au Breton.
      On dit aussi " triquètre " : «  triangle  », du lat. triquetrus «  qui a trois angles  ».

  • Définitions et descriptions du symbole :
    • Motif décoratif composé de trois jambes humaines ou trois branches repliées (incurvées) dans le même sens, réunies en un centre d'où elles rayonnent en s'inscrivant le plus souvent dans un triangle équilatéral.

    • Le triquètre : trois jambes humaines soudées aux cuisses, avec au centre, une boule. Il figure souvent sur le bouclier d'Athéna.
      Référence : (JURGIS BALTRUSAITIS , Le Moyen Âge fantastique , Paris, Flammarion, 1981, page 63).

    • Des triscèles de complexité variable, celui qui se trouve dans la plus grande de ces figures ayant des lobes dépendants, créant un effet de contre-rotation »
      Référence : (Catalogue de l'exposition Trésors d'Irlande, Paris, Grand Palais, 23 oct. 1982-17 janv. 1983, p. 155).
  • Interprétation et symbolisme du triskèle (triskell) :
    Plusieurs interprétations furent données à ce motif :
    • L'interprétation la plus courante fait des trois branches la représentation de ces trois éléments universels " l'Eau, la Terre et le Feu ", mais pour certains, le " Feu " n'est pas présenté, ils le remplacent par le " Ciel "

    • Les trois branches gravitant autour du centre représentent les trois éléments fondamentaux " l'Eau, l'Air, le Feu " ; la terre étant le centre du motif, mais parfois la terre est représentée par un dragon enlacé dans le triskell.
      Plus précisément, pour certains auteurs, les trois branches symbolisent " la vague de la mer, le souffle du vent, et la flamme du feu ".

      D'autres auteurs n'acceptent pas interprétation dans laquelle l'air fait partie des trois éléments constituant les branches du triskell, car selon ces auteurs, l'air n'étant pas dans l'esprit celtique un élément dont la valeur équivaut celle de l'eau, du feu et de la terre.

    • Comme étant un symbole celtique, certains auteurs voient les trois branches du triskell comme étant la représentation des trois principales divinités celtiques :
      • Lug : le dieu-roi panceltique primordial, le dieu suprême qui occupe le sommet de la hiérarchie du Panthéon celtique. De son nom qui désigne la lumière on pense qu'il s'agit d'un dieu solaire. C'est un dieu polytechnicien assumant toutes les fonctions et maîtrisant tous les métiers, les arts et les sciences ;
      • Ogme : Ogma ou Ogmios, dieu de la guerre dont le rôle est de diriger les héros et les guerriers ; dieu de la magie qui a la capacité de paralyser les ennemis ; dieu inventeur mythique de l’écriture et des Ogams qui constituent l’alphabet des druides ; dieu l'éloquence et la poésie) ;
      • Dagda : le dieu-druide, le druide parfait, le frère et le complément d'Ogme ; il est le dieu dont la charge est le sacré, la science, les contrats ; il règne sur le temps, l'éternité et sur les éléments).

    • Une interprétation druidique, avance que les trois spirales du triskell représentent la fusion entre les trois composantes de l'être vivant : " Esprit, Âme et Corps ".

    • Pour d'autres auteurs, les trois branches du triskell, symbolisent :
      • Soit " Enfance, Vie adulte, Vieillesse " ou " Jeunesse, Âge mûr et Vieillesse ", donc les trois grandes étapes du cycle de la vie.
      • Soit " le Sommeil, le Rêve et l'Eveil ", c'est-à-dire les trois états de la conscience.
      • Soit " le Passé, le Présent et le Futur ", donc les trois composantes du temps.
      • Soit le symbole de la position de la femme (déesse unique) dans la société comme étant (Mère, Epouse et Fille).
      • Certains auteurs pensent tout simplement que le triskel n'est qu'un symbole végétal inspiré du trèfle.

    • La forme du triskèle résulte de la révolution d'une roue ou d'un disque en mouvement, sachant que dans l'Antiquité, la roue fut utilisée comme un symbole solaire en rapport avec les cultes du soleil autour duquel les planètes effectuent un mouvement périodique, comme si le soleil domine et surveille l'univers).
      La roue solaire du celtique Dagda est à huit rayons, elle rend sourd celui qui l'entend, aveugle celui qui la voit et tue celui sur qui elle tombe.

    • Le triskell, est utilisé aujourd'hui comme étant un des symboles de la Bretagne et des bretons, puis de façon générale, il est le symbole interceltique le plus courant, et pour cette raison on le retrouve chez es peuples d'origine celtique (en Bretagne, au Pays de Galles, en Écosse, en Irlande, à l'île de Mann, en Cornouailles), puis par extension, on le retrouve chez autonomistes de Galice et des Asturies.

    • Le sens de la rotation du triskell a aussi son importance :
      • quand le triskell est dextrogyre, c'est-à-dire tournant de gauche à droite (au sens de la rotation des aiguilles d'une montre), selon certains, il s'agit d'un sens positif, diurne et bénéfique annonçant la victoire et la paix ;
      • quand le triskell est lévogyre (sinistrogyre ; sénestrogyre), c'est-à-dire allant de droite à gauche (au sens inverse de la rotation des aiguilles d'une montre), il s'agit d'un sens négatif, nocturne et maléfique symbolisant l'interdiction, le défi et d'hostilité et annonçant la guerre.

  • Histoire :
    Les premières traces du triskell furent trouvées chez les hommes du mégalithique (à l’âge de pierre) en Irlande, où il fut gravé dans la pierre sur le site de New-Grange.

    Le rôle de la monnaie et des bijoux semble être décisif dans la retransmission du motif décoratif du triskèle. En effet on retrouve ce motif sur de nombreuses monnaies et bijoux celtiques datant à l’époque de La Tène (second âge du fer, Ve - IIe siècle av. J.-C.).

    Sur une monnaie d'Aspendos (ancienne cité gréco-romaine du sud de l'Asie mineure, située à environ 45 kilomètres à l'est de la ville actuelle d'Antalya.) on trouve précisément la roue associée au triskèle ou triquètre
    (JOSEPH DÉCHELETTE , Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, tome 2, 1910, page 454).

    Après avoir été oublié, le triskèle réapparaît à la fin du VIème siècle ap.J.-C. dans l'art mérovingien, pour redisparaître au Moyen-Âge sauf en Irlande où il décorait de nombreuses enluminures.

    Vers les années 1920, on redécouvre le motif du triskèle en Bretagne. Dans l’entre-deux-guerres, il fut utilisé en Bretagne comme “symbole héraldique national”.
    Enfin, dans les années 1970, le succès de la musique bretonne, tant en France que dans le monde, sous l’influence d’Alan Stivell, a fortement contribué à populariser ce symbole. On peut actuellement trouver des motifs empruntés du triskèle un peu partout en Bretagne et dans les pays à forte influence celtique, sur des bijoux, des vêtements, toutes sortes d'articles de consommation locale et touristique, puis dans les logos des divers organismes et sociétés associatives.

    Le triskell à trois jambes fut adopté officiellement depuis 1968 comme symbole héraldique et sur le drapeau de l'île de Mann, un territoire britannique formé d’une île principale et de quelques îlots situés en mer d’Irlande, au centre des îles Britanniques, mais en effet, le motif décoratif du triskèle fut utilisé depuis le Moyen-Age comme un élément symbolique et identitaire dans les tatouages des marins de cette île.

    Le triskèle existe également en Sicile sous le nom de " Trinakria " il occupe actuellement le centre de son drapeau comme étant le symbole de l'île depuis l'époque gréco-romaine.

Auteur : Dr Aly Abbara
30 Janvier, 2021

Références :
Dictionnaire Cordial des définition (Cordial pro -2009)
Dictionnaire " Le Grand Robert "
Vesion électronique 2 -2005
Encyclopædia Universalis tome 31968, page 628.
JURGIS BALTRUSAITIS , Le Moyen Âge fantastique , Paris, Flammarion, 1981, page 63.
Catalogue de l'exposition Trésors d'Irlande, Paris, Grand Palais, 23 oct. 1982-17 janv. 1983, p. 155.
JOSEPH DÉCHELETTE , Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, tome 2, 1910, page 454.
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