D'après : Médecine pittoresque - édition 1834.
Du thé (d'après la Flore médicale)
Fig. 4 — La plante chargée de fleurs et de fruits
Fig. 5 Le calice et le pistil
Fig. 6 — L'étamine
Fig. 7 — Une graine
Le thé, si célèbre par le commerce immense que l'on fait de ses feuilles, que l'on transporte par toute la terre et qui fournissent par infusion une liqueur agréable, d'une saveur astringente et amère, est un arbrisseau toujours vert, qui croît naturellement en Chine, au Japon, en Cochinchine et en général dans tout l'orient de l'Asie. On le cultive dans plusieurs jardins de l'Europe : il vit très bien dans les serres chaudes mais y fructifie rarement. [...] Le thé de bonne qualité doit être récent, net, uniforme, sans poussière, pesant, bien sec, d'une couleur verdâtre, d'une saveur agréable quoiqu'amère et un peu styptique. mais sans âcreté ; d'une odeur aromatique très suave, sentant un peu la violette odeur qui ne lui est point particulière, puisqu'il paraît que les Chinois la lui communiquent en le maintenant plus ou moins longtemps en contact avec des végétaux odorants, parmi lesquels on a surtout reconnu les fleurs de l'Oléa fragrans. celles du Camellia sesanqua et du Magnolia iulan, L. [...] Comme toutes les substances commerciales qui nous sont envoyées de loin, le thé est sujet à être altéré. Les Chinois y ajoutent parfois des brindilles de bois, du sable ferrugineux pour en augmenter le poids ; d'autres fois ils l'altèrent avec des sortes avariées, défectueuses ; ou bien les marchands fraudeurs le mêlent avec des feuilles de plantes indigènes ou exotiques. [...]
Il serait assez difficile de fixer l'époque précise à laquelle les Chinois commencèrent à faire usage du thé ; mais ce dont nous sommes bien certains, c'est que cet arbrisseau ne fut introduit en Europe que vers le milieu du XVIIe siècle. On assure que vers ce temps, des aventuriers hollandais, sachant que les Chinois faisaient leur boisson habituelle de la décoction ou de l'infusion des feuilles d'un arbuste de leur pays, voulurent essayer s'ils feraient quelque cas d'une plante européenne à laquelle on supposait de grandes vertus, et s'ils voudraient la recevoir comme objet de commerce. Ils leur apportèrent la sauge, plante que l'école de Salerne présentait autrefois comme un puissant préservatif contre toutes sortes de maladies. Les Chinois payèrent la sauge avec du thé, que les Hollandais portèrent en Europe ; mais l'usage de l'herbe européenne ne dura pas longtemps en Chine, et la consommation du thé augmenta chaque jour dans nos climats. Tulpius, médecin hollandais, fit le premier connaître cette plante, dans une dissertation publiée en 1641; Jacquet, médecin français, en fit le plus grand éloge en 1657, et la nomma herbe divine, en la comparant à l'ambroisie ; mais l'usage du thé ne commença à se répandre en Europe qu'en 1679, époque à laquelle Cornélius Bentekoë, médecin de l'électeur de Brandebourg, en vanta beaucoup les propriétés dans un traité qu'il publia alors sur le thé, le chocolat et le café. Ce médecin se déclara le partisan du thé, et assura que cette boisson ne pouvait faire aucun mal. Plusieurs de ses compatriotes furent encore au-delà de ces éloges ; ils en firent une panacée universelle. Le thé, convenablement préparé et pris en quantité modérée, cause chez certaines personnes une exal tation momentanée dans les idées, par l'action qu'il a sur le cerveau ; augmente momentanément les facultés mentales, répand une chaleur douce et halitueuse dans toute l'habitude du corps, procure un bien-être passager. mais à un degré moins marqué que le café. Son infusion convient très bien aux personnes replètes, lymphatiques, aux sujets lourds, disposés à l'assoupissement, qui font peu d'exercice, aux gros mangeurs, particulièrement à ceux qui se nourrissent d'aliments gras et huileux, qui habitent les pays plats, les contrées humides et froides. Quand il est nécessaire de délayer, de faciliter les sécrétions, les excrétions, d'entretenir à la peau une légère diaphorèse, il paraît avoir au moins autant d'utilité que la plupart des infusions chaudes.