La myopie scolaire en 1886


Article extrait par Dr Aly ABBARA de :
Louis FIGUIER. " L'année scientifique et industrielle - trentième année (1886) "
é Paris ; librairie Hachette et C. 1887. p:410-411.



La myopie scolaire

Un médecin allemand, le docteur Karl Reich, appelle, une fois de plus, l'attention sur ce qu'on peut appeler les « maladies scolaires «, c'est-à-dire celles qui sont produites par le régime scolaire, tel qu'on l'entend aujourd'hui. Au premier rang de ces affections se place la myopie. Un examen attentif, appliqué à 10 000 enfants, pris au hasard dans les écoles de village, écoles primaires et moyennes, Realschulen et gymnases, a démontré, il y a déjà vingt ans, que la proportion des myopes augmente rapidement à mesure qu'on s'élève sur l'échelle de ces établissements. On a trouvé, en effet : 1,4 pour 100 de myopes dans les écoles de village ; 6,7 pour 100 de myopes dans les écoles primaires urbaines ; 7,7 pour 100 de myopes dans les écoles secondaires de filles ; 10,3 pour 100 de myopes dans les écoles moyennes (mittelachulen); 19,7 pour 100 de myopes dans les realschulen; 26,2 pour 100 de myopes dans les gymnases.

D'autre part, la même gradation dans la myopie se faisait remarquer de classe en classe en une même école.

Des inspections analogues ont été faites à Vienne, à Saint-Pétersbourg, Moscou, Marseille, New-York, Tiflis, etc. Sur un chiffre total d'environ 30 000 enfants, on est arrivé à des résultats sensiblement identiques.

Ces troubles de la vision sont dus, pour la plupart, à l'éclairage vicieux des écoles et à une mauvaise installation des mobiliers scolaires. Mais, de plus, il est incontestable que les programmes de l'enseignement secondaire sont devenus si étendus depuis quelques années, qu'il est à peu près impossible à un élève de moyenne intelligence de les embrasser sérieusement. Tous les rapports constatent aujourd'hui le nombre exagéré des heures de classe, en comparaison du peu de temps accordé à la gymnastique, surtout en Allemagne.

Durr, et après lui Fuchs, ont institué sur ce point une comparaison entre l'Angleterre, la France et l'Allemagne, pour un cours d'études allant de dix à dix-neuf ans. En voici les résultats :

En Angleterre, 16 500 heures de travail; 4500 heures de gymnastique. — En France, 19 000 heures de travail; 1300 heures de gymnastique. — En Allemagne, 20 000 heures de travail ;
560 heures de gymnastique.

Ces chiffres parlent suffisamment, et ne permettent pas de s'étonner du nombre toujours croissant de myopes qu'on note dans les écoles, — sans parler des autres maladies qui résultent trop souvent de conditions hygiéniques défectueuses.

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE 1886.


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Paris / France