EBLA
(L'actuel Tell Mardikh)
 

 
 

 
  • Histoire d'EBLA
    • En 1964 la Mission Archéologique en Syrie de l'Université de Rome, dirigée par P. Matthiae, commença les travaux de fouilles à Tell Mardikh, une colline oblongue d'une soixantaine d'hectares, et délimitée par un rempart puissant ; elle se situe à environ 55 km au sud d'Alep, sur la route de Hama. Aujourd'hui, Ebla dépend administrativement d'Idlib qui se trouve à 26 km vers le nord-ouest de Tell Mardikh.

      Ce fut en 1968 que l'on identifie Tell Mardikh à l'ancienne Ville d'Ebla ; en effet, à cette date, les archéologues, lors des fouilles dans l'aire sacrée dédiée à la déesse Ishtar sur l'Acropole à Tell Mardikh (le temple D), découvrirent un buste acéphale que l'on data du XXe siècle av. J-C, il porte une inscription votive cunéiforme attestant qu'il s'agit du buste d'une statue représentant le prince de ville d'Ebla nommé Ibbit-Lim, fils d'Igrish-Khep.

    • Ce n'est qu'en 1975 que ces fouilles à Ebla aboutirent à des découvertes spectaculaires suite à la mise en évidence des Archives Royales dans le palais royal G (salle L 2769) avec 17000 tablettes et fragments de tablettes cunéiformes ; l'étude des textes de ces documents montre l'importance des rôles historiques et culturels d'Ebla dans la Syrie au cours d'un millénaire (de 2400 à 1600 av. J-C) ; donc suite à ces découvertes, Ebla est devenue la meilleure source de renseignements sur la civilisation de la Syrie du Nord au IIIe millénaire av. J-C ; ces informations ont permis de compléter les données archéologiques obtenues avant et après la découverte d'Ebla à Hama, Qatna, Tell Umm el-Mara, Tell Touqan, Tell Soueyhat, Tell Halawa, Tell Brak, Habouba Kébira, Tell Kannas, Djebel Arouda, Tell Bï'a (l'ancienne Tuttul)... et autres villes et villages de la Syrie.

    • L'ensemble des découvertes archéologiques à Tell Mardikh montre que l'ancienne ville Ebla, s'étendait sur 50 à 60 hectares de superficie ; elle fut la deuxième ville syrienne ancienne dans son étendue après la ville de Qatna (Al-Mishrifa) près de Homs actuelle. Avec une étendue de cette dimension, Ebla avait une superficie identique à celle d'Ur en Babylonie et peut-être à celle d'Assur en Assyrie.

    • Au IIIe millénaire av. J.-C., Ebla fut l'un des trois centres urbains majeurs de Syrie, avec Mari (aujourd'hui Tell Hariri ) et Nagar (aujourd'hui Tell Brak) ; ce fut une cité-État syrienne constituée vers 2700 av.J.-C., le plus important centre urbain et la capitale du royaume le plus important de la Syrie à la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J.-C. ; il s'agissait à l'époque d'un grand Etat unifié au Nord-Ouest de la Syrie, il était limité :
      • à l'Ouest, par les chaînes montagneuses du Liban et du Djebel (montagne) Ansariyyah ;
      • à l'Est, par les régions arides du désert syrien ;
      • au Nord par les montagnes de Taurus ;
      • au Sud, par la région de Homs (l'ancienne Emèse) ;
      • le cours de l'Euphrate formait probablement les limites au Nord-Est.

    • Sa puissance politique était égale à celle de Mari, de Kish et d'Akkad ; elle contrôlait :
      • Le commerce de textiles, principale production du royaume (des documents de la ville de Lagash en Mésopotamie font allusion aux étoffes d'Ebla ) ;
      • Le commerce du bois dans les montagnes de Syrie depuis l'Amanus jusqu'au Liban ;
      • Ebla était le site d'une industrie florissante de meubles de luxe en bois incrusté de nacre (quelques fragments très endommagés par le feu d'incendie ont été trouvés dans le palais royal G - environ 2300 av. J.-C.) ;
      • Le commerce des métaux (cuivre, or, argent), et des pierres précieuses (surtout les lapis-lazuli apportés d'Afghanistan) ;
      • De ce fait, Ebla contrôlait une partie de la route commerciale reliant l'Egypte à la Mésopotamie, à l'Iran jusqu'à l'Inde, et la route reliant l'Anatolie à la Syrie du Sud et le littoral syrien.

    • Sa richesse est attribuée aussi à sa position géographique dans une région permettant le développement d'une agriculture florissante des céréales, de la vigne et de l'olivier grâce à la qualité et la quantité des pluies qu'elle recevait et enfin les vastes pâturages dans les steppes avoisinantes et les prés aux pieds des montagnes qui permettaient le développement de l'élevage d'immenses troupeaux d'ovins et de bovins.

    • Les textes de l'Archive Royale (vers 2300 av. J.-C.) citent des centaines de noms de lieux (villes, villages et probablement des fermes) qui avaient, d'une façon ou d'une autre, des relations avec la ville d'Ebla.

    • Ebla, la cité-État syrienne entretenait des relations économiques très étroites et amicales avec les grands centres urbains de la Haute Mésopotamie, et en particulier avec la ville de Mari sur le moyen Euphrate ((la principale cité-Etat de la Syrie du sud-est), et Nagar en haute Mésopotamie (la principale cité-Etat de la Syrie du nord-est), Kakmu, avec Kish dans la partie septentrionale de Sumer, au pays d'Akkad, puis avec d'autres villes non identifiées à ce jour.

    • Ebla fut citée dans les sources sumériennes, akkadiennes, hittites et égyptiennes et dans les textes paléoassyriens de Cappadoce en Anatolie.

    • L'Histoire d'Ebla s'étend sur à peu près 11 siècles (de 2700 à 1600 av.J.-C.), mais les seules réellement documentées, sont les soixante dernières années du XXIVe siècle av.J.-C. durant lesquelles régnèrent trois rois connus parce qu'ils vécurent à des périodes contemporaines des archives du palais royal (palais G) : Igrish-Halam (ou Igrish-Khalam, ou encore, khalab), Irkab-Damu et Is'ar-Damu. On sait qu'à cette époque, Ebla était gouverné par un roi (Mâliku ou Mâlikum) à pouvoir politico-religieux très fort ; il partage le pouvoir avec son épouse royale, la reine (Mâliktu). Les Vizirs étaient associés aussi au pouvoir, le premier Vizir avait un rôle prépondérant dans l'organisation des fonctions et activités religieuses du roi ; le deuxième Vizir s'occupait de l'administration et la gestion des ressources de la cité-état d'Ebla.

      Les territoires qu'Ebla contrôlait, furent administrés par des dignitaires appelés (Lugal, ou Sharrum en Akkadien) et possédant une certaine indépendance dont certains semblèrent avoir des rôles importants dans l'Histoire d'Ebla. L'étude des textes de l'archive royale a permis de calculer que les palais d'Ebla employaient 4700 fonctionnaires, et que l'ensemble du royaume, au-delà de ces serviteurs des palais, était administré par 11 700 fonctionnaires. Le royaume d'Ebla, à cette époque était peuplé d'environ 260 000 habitants. Certaines archives du Palais Royal (datant de 2350 - 2250 av.J.-C.) dénombrent plus de 100 000 têtes d'ovins et 10 000 têtes de bovins. A Ebla la métallurgie prit une importance particulière : 500 forgerons contre 260 meuniers et 60 charriers.

    • La ville d'Ebla a connu deux apogées :
      • Entre 2400/2350 - 2300/2250 av. J-C (Bronze Ancien), que les archéologues appellent Mardikh III B1 :
        • Dans cette période, Ebla fut le centre d'une civilisation protosyrienne florissante et la plus grande force économique, politique et culturelle de la Syrie occidentale ou la Haute Syrie (connue dans les textes Akkadiens sous le nom des régions du " Pays Supérieur ").
          La puissance politique et économique du Royaume d'Ebla, son rôle d'intermédiaire et son monopole sur le commerce des matières premières (bois et des métaux...) en Syrie puis les ambitions impérialistes des souverains du pays rival d'Akkad, tous ces éléments étaient à l'origine de l'hostilité naissante entre Ebla et la Mésopotamie du Sud. Cette hostilité s'est manifestée par :
          • Les expéditions militaires contre Ebla par le roi d'Uruk (ou d'Umma), Lugalzaggesi (vers 2300 av . J-C), qui prétendait d'avoir pris le contrôle des régions qui s'étendaient entre la Mer Intérieure (Le Golf arabo-persique) et la Mer Supérieure (la mer Méditerranée)
          • L'expédition du roi d'Akkad, Sargon (2340-2284 av.J.-C.), le fondateur du plus ancien Empire de l'Histoire (vers 2300 av . J-C) ; il pénétra en Syrie en attaquant Mari, Yarmuti (au nord de Mari) puis Ebla. Sargon déclara que le Dieu Dagan, seigneur du " Pays Supérieur " lui avait donné Mari, Yarmuti, Ebla, jusqu'à la Forêt des Cèdres et la Montagne de l'Argent
          • La conquête par Sargon d'Akkad fut de courte durée, et c'est son petit fils Naram-Sin (2259 - 2223 av . J-C) qui entreprit la reconquête de territoires syriens perdus et détruisit Ebla. En effet Naram-Sin, vers 2250 av. J-C réussit à anéantir les Royaumes de la Haute Mésopotamie et de la Syrie ; il détruisit les grands centres de la Mésopotamie (Mari, Nipure...) puis Ebla et Armanu avec la bénédiction et la permission du Dieu de la guerre Nergal. En ce qui concerne Ebla, Naram-Sin déclara que personne avant lui n'avait réussi à la conquérir depuis la fondation de l'humanité.

        • Suite à la destruction d'Ebla vers 2250 av. J-C, hégémonie politique sur la Syrie Occidentale " Pays Haute " devint sous le contrôle de la ville d'Urshu qui se situait peut-être proche d'Ebla, car Ebla ne formait plus qu'un pauvre petit centre urbain.

        • Après un siècle, Ebla fut de nouveau reconstruite, un palais royal fut édifié (le palais archaïque) au Nord-Ouest de la ville, mais une nouvelle destruction eut lieu au XXIe siècle av.J.-C. par un ennemi encore non identifié clairement, cette deuxième destruction marque la fin de la période proto-syrienne.

      • La reconstruction d'Ebla a eu lieu entre 2000/1900 et 1800 av. J-C (la nouvelle ville correspond à Mardikh III A des archéologues ; la majorité des monuments actuellement visibles d'Ebla datent de cette période : trois palais, six temples, et les fortifications intérieures et extérieures). En effet, durant cette période, Ebla était sous la domination des dynasties Amorites qui fortifièrent la ville par des puissants remparts défensifs longs de 2800 mètres qui entouraient la ville, et possédant de massives tours et quatre portes monumentales.
        Sur l'acropole (d'environ 170 mètres de diamètre) qui occupait le centre de la ville furent bâti un palais royal servant comme résidence royale et un centre administratif ; dans la partie basse de la ville fut édifiée l'air sacrée de la déesse Ishtar. C'est grâce au buste dédié au temple d'Ishtar sur l'acropole, du prince Ibbit-Lim l'Amorite qui a régné sur la ville d'Ebla, vers XXe siècle av. J-C, que les archéologues, en 1968, ont pu identifier Ebla à Tell Mardikh.
        Le repeuplement d'Ebla à cette époque fut attribué soit à une explosion démographique, soit à un afflux de populations des campagnes.

      • C'est vers 1900 av. J-C, qu'Ebla retrouva son rôle de puissance politique et économique ; elle resta la plus grande puissance de Syrie du Nord jusqu'à environ 1800 av. J-C, où les princes de l'Etat de Yamkhad (ou Yamhad, l'actuelle ville d'Alep) réussirent à limiter son importance pour devenir un Etat vassal.

    • Durant le règne de la XIIIe dynastie, entre 1800/1650 - 1600 av. J-C, en Egypte, les princes d'Ebla avaient gardé une certaine indépendance politique leur permettant d'établir des relations étroites avec les Pharaons d'Egypte, et en particulier le pharaon (Hotepibrê = Fils de Paysan ou Fils de l'Asiatique XIIIe dynastie) qui règne de 1710 à 1760 av. J.-C. environ).

    • La destruction fatale d'Ebla a eu lieu vers 1600 av. J-C (Mardikh III B), par les Hittites suite à des expéditions multiples des rois paléo-hittites (Mursili Ie et probablement Hattusili Ie) qui provoquèrent l'écroulement du Royaume d'Alep et de tous ses alliés dans la Haute-Syrie (Ebla, Alalakh, Urshu...)
      A Ebla, dans le palais occidental de la basse-ville, on y trouva une tablette juridique citant Indilimgur comme étant le dernier roi de la ville avant sa destruction par les Hittites.
      En 1982, fut découvert à Hattusha, capitale hittite aujourd'hui en Turquie, un texte mi-historique, mi-légendaire dit « Le poème de l'affranchissement », indiquant que le roi hittite, peut-être Hattusili Ier ou son fils Mursili 1er, compare ses exploits à ceux de Sargon d'Akkad et s'exprime ainsi : « J'annihilerai la ville d'Ebla et je la rendrai semblable à un lieu qui n'aurait jamais été habité. Je briserai l'enceinte de la ville basse comme un gobelet, et je disperserai les fortifications de l'acropole comme un tas d'ordures. Et au milieu de la place du marché j'anéantirai la population d'Ebla ».

    • Ebla a été citée dans la célèbre liste géographique de Karnak qui énumère les villes traversées par Thoutmosis III, peu avant 1450 av. J-C lors d'une de ses campagnes militaires qui avait comme but d'atteindre la région de l'Euphrate. Ebla à cette époque était probablement un immense champ de ruines.

      Ebla fut une pauvre contrée à l'époque araméenne (de 720 à 235 av. J.-C.)
    • On trouve sur l'Acropole d'Ebla, de modestes établissements et des maisons datant des époques plus récentes (Perse tardive, Romaine puis Byzantine).

    • Les Croisés Francs, de Raymond de Saint-Gilles, Robert de Flandre et Bohémond d'Antioche avaient fait halte à Tell Mardikh pour préparer leur grande attaque contre la forteresse de Ma'art Al-Nou'man qui fut tombée dans leurs mains le 11 décembre 1098 après un bain du sang.

  • La religion à Ebla :
    • D'après les textes de l'Archive Royale, la religion éblaïte est une religion polythéiste ; les dieux attestés dans les documents d'Ebla sont plus d'une centaine à recevoir des offrandes. Les Dieux les plus connus du Panthéon Eblaïte sont : Kura et NI.DA.KUL, le Dieu Rashap (Dieu de l'Enfer), Dagan, Ada (Haddu/Hadad), Ashtar (Ishtar, la Régente du Ciel et de la Terre, la déesse de la fertilité ; puis elle deviendra la Déesse Astarté de la Syrie et Phénicie, Aphrodite en Grèce, et Vénus des Romains), Adammaum, Kamish,Amarig, Ilam, Be Kananaim, Timmutu (Tiamat), Ashtabi, Ishkhara,Utu (Shamash ou le Dieu Soleil de la Mésopotamie), Agu, Balikh (le fleuve divinisé), Baradu Madu (probablement l'Euphrate)...
      Les fouilles archéologiques de Ville Basse à Ebla (trois édifices religieux en étroite connexion avec des tombes princières datées de 1800 - 1650 av. J-.C.), évoquent la présence, à cette époque., d'un culte des ancêtres (souverains et personnages de haut rang) à Ebla.

  • Les ruines d'EBLA
    • Les palais royaux (Saza en Eblaïte) :
      Il s'agit d'un complexe s'étalant sur le sommet nord (Palais E) et sur la pente Ouest (Palais G) de l'acropole; il fut édifié au cours de la deuxième moitié du IIIe millénaire av.J.-C. ; sa superficie était au moins de 10 000 mètres carrés :
      • Palais E :
        La surface de la partie dégagée aujourd'hui de ce palais situé au nord du sommet de l'Acropole correspond au quart de la superficie originelle du rez-de-chaussée du palais ; il est très mal conservé et la partie dressée sur le bord nord du sommet a été partiellement emportée par l'érosion des pentes de l'Acropole.
        Il comprenait des salles de réserve et de broyage de céréales (des meules de basalte sont toujours en place) et la zone explorée comporte une vaste cour rectangulaire avec des pièces qui s'articulent sur trois côtés. Il date de la même époque que le Palais occidental de l'aire Q d'Ebla (Palais Q). Les archéologues pensent que le Palais E servait de résidence des rois de l'époque amorite, alors que le palais Q était lié aux manifestations publiques des organismes de l'Etat.
        Sur les ruines de ce palais s'implanta à l'époque perse un petit palais rustique remarquablement étendu.

      • Palais G :
        Il fut construit à l'époque de Mardikh III B1 [2350-2250 env].
        C'est la partie située sur la pente Ouest et au pied de l'acropole, d'une superficie d'un peu plus 2500 mètres carrés ; il est le mieux conservé car il fut recouvert par les ruines des parties en rebord de l'acropole suite à la première destruction d'Ebla et l'incendie du palais par les Akkadiens en de 2300 av.J.-C. ; il fut construit en briques crues, des murs 6 - 7 mètres de hauteur furent dégagés.
        Les fouilles archéologiques récentes de ce site ont révélé que ce palais fut bâti sur les ruines d'un édifice plus ancien, du Bronze ancien II - III (entre 2700 et 2500 av. J.-C.).
        On peut identifier aujourd'hui les éléments architecturaux suivants de cette partie du palais (palais G) :
        • L'espace protocolaire, dit " Cour des Audiences " ou " l'aile cérémoniale ":
          • Elle était bordée sur deux côtés par des portiques à colonnes en bois dont subsistent les dalles percées où se logeaient les piliers ; les dalles elles-mêmes reposaient sur une plaque de calcaire.
            On peut aujourd'hui bien identifier deux portiques (ou galeries à colonnes) :
            • Le portique Est "portique E", ou le portique de l'escalier
            • Le portique Nord " portique N "
          • Un escalier monumental de calcaire et de basalte d'une longueur impressionnante (22 m), débute dès le portique E, qui se trouve contre la colline. Cet escalier relie l'espace protocolaire et le secteur de la ville basse aux quartiers hauts du palais E sur l'acropole.
            En montant l'escalier, on peut accéder par la gauche à une pièce qui était la cuisine où étaient préparées les collations pour les hôtes et les ambassadeurs (on y a retrouvé une série de fours ainsi que de grandes quantités d'herbes à infuser)
          • A l'extrémité Nord du portique E s'ouvre une petite pièce qui abritait une partie des archives palatiales.
          • Le podium royal en pierre et briques crues et de 4,5 x 3 x 0,50 mètres de dimensions : il fut édifié au centre du portique Nord ; le trône du roi se trouvait probablement sur ce podium pour qui puisse donner ici audience.
          • L'escalier d'honneur à quatre volées (rampes) se situe dans la massive tour d'angle entre le portique Nord et portique Est ; les marches de cet escalier étaient habillées de panneaux de bois ornés de motifs floraux géométriques en nacre.
            Cet escalier permettait au roi et aux hauts dignitaires de disposer d'un accès particulier reliant la Cour des Audiences à l'étage du portique E sans passer par l'escalier public (Escalier E).

          • Le quartier administratif. situé au Sud de l'escalier monumental (à sa droite si on est en face de l'entrée de cet escalier) :
            • La Bibliothèque royale (salle L. 2769) : une pièce rectangulaire limitant l'extrémité Sud du portique E de la cour d'audience ; elle fut la principale salle des archives du palais. Les textes y étaient disposés par taille et par contenu sur des étagères de bois fichées dans le sol, qui a gardé la trace des montants (on peut en voir la reconstitution au musée d'ldlib). Les tablettes à forme arrondie étaient plus petites, pour cela elles avaient été rangées dans des corbeilles, sur le sol.
              Les tablettes sont écrites en écriture cunéiforme ; la langue est une langue locale sémitique proche de l'Akkadien de la Mésopotamie, elle est connue actuellement par les chercheurs sous le nom de " langue éblaïte ".

            • Trois salles (du Nord au Sud par rapport à la cage Sud de l'escalier E) :
              • la première salle de forme trapézoïdale située contre une cage d'escalier E, il s'agit de la deuxième salle des archives du palais
              • la deuxième salle est plus grande que la précédente, elle est dotée de quatre bases de colonnes dans son centre et faisant partie du secteur administratif
              • une grande pièce pouvant être la deuxième salle d'audiences, elle est dotée de deux bases de colonnes dans son centre
            • Plus au Sud, on trouve une série de réserves et d'annexes domestiques.

          • Les murs de ce palais (comme la majorité des édifices d'Ebla) furent bâtis en briques crues sur des fondations en pierres ; parfois l'épaisseur des murs dépasse les deux mètres.

          • Parmi les objets les plus importants qui sont découverts dans le palais royal G, les savants citent une statuette de taureau couché, androcéphale (taureau à tête humaine) , dont le corps est en bois recouvert de feuille d'or et la tête en stéatite (roche à base de talc, silicate hydraté naturel de magnésie).Cette statuette a été datée entre 2350 et 2300 av. J.-C. ; elle représente un des thèmes dominant de la Mythologie éblaïte et de la Syrie intérieure.

    • Le Palais Occidental de l'aire Q d'Ebla (Palais Q) :
      Il s'agit d'un palais de construction monumentale impressionnante, étendu sur une superficie de 7300 m², avec un plan de construction presque rectangulaire dont l'axe le plus long est de 115 mètres avec une largeur irrégulière d'au moins 63 mètres. Il a été édifié à la période de Bronze Moyen I d'Ebla (2000/1900-1800 env), dans la Ville Base, à l'emplacement du noyau le plus ancien de la ville, à l'ouest et au pied de l'Acropole, en face de la Cour des Audiences et de la section administrative déjà dégagée du Palais G. Vers le sud-est, le Palais Occidental s'ouvrait vers un sentier qui mène à la porte monumentale du sud-ouest (Porte de Damas).
      Il fut construit, en grand partie sur une base rocheuse, à surface irrégulière en hauteur ; sur ce sol on peut identifier les canalisations reliées aux différentes parties du palais, des citernes creusées dans le rocher en voûte et réutilisées plus tard comme des hypogées pour la nécropole royale amorite du XIXe siècles av.J.-C. jusqu'à la destruction d'Ebla par les Hittites (vers1650-1600 av.J.-C.), là où furent retrouvées les très riches tombes royales d'Ebla, souvent pillées dès l'Antiquité sauf quelques tombes dont :
      • " la tombe de la Princesse ; vers 1825 - 1775 av. J.-C. " ; dans cette tombe, on trouve un trousseau de bijoux en or (six bracelets, un collier, un anneau pour le nez et une épingle à cheveux) ;
      • " la tombe des citernes " : c'est la tombe la plus récente (vers 1650 av. J.-C.), en partie violée, mais malgré cela on y trouve des trésors en or et en argent et de pierres précieuses, des jarres...
      • " la tombe du seigneur aux caprinés " : elle a été datée de (1750 av. J.-C.) ; elle renferme des luxueux objets de fabrication locale et d'importation égyptienne, en particulier, plusieurs vases en pierre d'albâtre, puis un fragment de manche de massue en argent et or, avec le nom en Hiéroglyphe du pharaon Hétépibre (1775 - 1765 av. J.-C.) (de la XIII dynastie).

    • La section nord-est du palais est la mieux conservée, la partie sud s'est écroulée par l'érosion naturelle ; le reste du palais fut utilisé comme carrière à l'époque perse et byzantine.
      Le palais possédait apparemment une cinquantaine de pièces au rez-de-chaussée formant des unités habitables autour d'une salle principale ; puis certaines parties du Palais devaient avoir deux étages, surtout là où il a été mis en évidence quatre escaliers et trois ou quatre rampes contre les murs du périmètre du palais.
      La destruction du palais qui a débutée lors du saccage d'Ebla par les Hittites vers (1650-1600 av.J.-C.) et l'utilisation de ses ruines comme carrière, rend l'identification de la fonction des différentes parties du palais impossible, sauf une pièce dans l'aile nord-ouest à longue banquette munie de seize meules en basalte alignées contre les murs et destinées au broyage des céréales, retrouvées en place avec leurs pilons. Certains Auteurs décrivent le Palais Occidental comme étant la résidence du prince héritier

      La seule tablette cunéiforme découverte dans le palais Q, est un texte juridique mentionnant un roi d'Ebla au nom d'Indilimgur ; puis un sceau-cylindre de grande dimension mentionnant le fils d'Indilimgur comme propriétaire, il pouvait s'agir du dernier souverain d'Ebla avant sa troisième destruction par les Hittites vers 1600 av.J.-C.

    • Le palais Nord (Palais N)
      Il se situe dans la Ville Basse, côté nord, et à l'ouest de l'Acropole et au nord de l'aire sacrée de la déesse d'Ishtar ; il fut fondé pendant la période paléosyrienne archaïque d'Ebla entre 2000/1900-1800 av.J.-C. Ce palais d'une superficie de plus de 3500 mètres carrés n'avait pas de fonctions administratives, il servait comme étant le centre des activités religieuses du roi. On identifie une série des petites pièces semblables servant comme des réserves ; au centre du palais on retrouve la salle du trône avec un podium adossé à un petit côté.

    • Le grand temple de l'Acropole, dédié à d'Ishtar (temple D) :
      Sur le bord ouest de l'Acropole, fut édifié vers 1900 av.J.-C.
      Le plus grand édifice sacré d'Ebla de la période paléosyrienne et du Bronze moyen. Il s'agit d'un bâtiment sous forme rectangulaire, conservé sur un mètre de hauteur, il est composé de trois parties limitées par des murs extérieurs de plus de 2 mètres d'épaisseur, un vestibule, une antichambre (ou anticella) et une cella mesurant 11,5 m x 7,5 m, elle recevait l'effigie de la déesse Ishtar dans une niche creusée dans le mur du fond. Devant la niche se trouvait une banquette en face de laquelle étaient placés des objets de cultes, une table d'offrandes et une grande vasque circulaire, toutes les deux en basalte. A l'angle sud-ouest de la cella fut trouvé un bassin rectangulaire en calcaire à deux vasques, avec des reliefs rituels et mythiques sur trois de ses faces.
      Ce temple est orienté sud-nord, du vestibule au fond de la cella. Dans le vestibule fut trouvé un grand bassin monolithique décoré en relief d'une scène de banquet.
      Ce temple a servi de modèle pour la construction des édifices sacrés paléosyriens, en Syrie et Palestine et même une influence sur le plan de la construction du Temple du Salomon à Jérusalem. Son utilisation comme un lieu du culte dédié à la déesse Ishtar persista jusqu'à l'âge du Bronze Récent II (1400-1200 env).
      Il a été trouvé sous ce temple les restes d'un bâtiment peut-être un temple, de la ville d'Ebla de la période protosyrienne de Mardikh II B 1-2 (2350 - 2000 av.J.-C.)
      C'est dans ce temple que le roi d'Ebla Ibbit-Lîm, probablement au XXe siècle av.J.-C., avait dédié à la déesse d'Ebla, Ishtar sa statue en basalte. L'inscription votive gravée sur cette statue acéphale a permis d'identifier le Tell Mardikh comme étant Ebla.

    • Le temple du dieu Rashap (ou Rechef) (temple B1) :
      Dans la Ville Basse, au sud-ouest, et au sud du palais occidental (palais Q) ; il fut édifié au cours d'une période ancienne du Bronze Moyen I (2000/1900-1800 env). Il s'agissait d'un petit temple-tour orienté sud-nord, à cella rectangulaire unique de 10,5 x 4,5 mètres et d'épaisseur de 3 à 4 mètres. Un bassin rituel en basalte à deux vasques fut retrouvé sur les marches de l'entrée.
      Ce temple fut dédié au dieu Rashap, le dieu de l'Au-delà, de la guerre et des épidémies.

    • Le sanctuaire du culte des ancêtres royaux et illustres (temple B2) :
      Dans la Ville Basse, au sud-ouest, directement au sud et au voisinage du temple du dieu Rashap. Son plan de construction est complexe avec multiples cellas ; il est différent des autres édifices religieux d'Ebla, cela est dû, peut-être, au fait qu'il était dédié à plusieurs divinités (ancêtres morts et divinisés),

    • L'aire sacrée d'Ishtar (aire P) :
      Il s'agit d'un complexe situé dans la partie ouest de la Ville Basse d'Ebla, entre le Palais nord (Palais N) et le Palais Occidental (Palais Q); donc à l'ouest de l'Acropole. Cette aire sacrée comporte trois édifices :
      • Le grand Temple d'Ishtar : directement au sud du Palais N, c'est le plus grand temple d'Ebla, long de 33 mètres et large de 20 mètres. Au début, les archéologues ont cru qu'il était dédié au dieu Hadad, mais ensuite il fut affirmé qu'il s'agit d'un temple consacré à Ishtar, la maîtresse d'Ebla (la déesse de la fertilité, de la guerre et de l'amour). Il date de la même époque du temple D, c'est-à-dire le temple d'Ishtar, sur l'Acropole qui fut édifié vers 1900 av.J.-C.
        Le plan de ce temple est proprement syrien : un temple monocellaire ; un vestibule s'ouvrant sur une cella allongée. L'épaisseur de ses murs permet de penser qu'il s'agissait d'un temple de plus de douze mètres de hauteur.
        C'est dans ce temple qu'on a retrouvé des vestiges de statues royales généralement dédiées à Ishtar par couple, le roi assis et la reine debout. Les plus récentes statues remontent à 1700 av.J.-C.

      • La plate-forme d'Ishtar (ou la terrasse des lions ou tout simplement, le Monument - monument P3) : au sud-ouest du temple d'Ishtar ; il s'agit d'une terrasse en forme de pyramide tronquée dont la base est rectangulaire de 52 m de long et 42 mètre de large et probablement de plus de 15 mètres de hauteur, constituée de pierres de calcaire rangées de façon rigoureuse verticalement et inclinées légèrement de l'extérieur vers l'intérieur, comme les ziggourrats mésopotamiennes ; au centre de la terrasse se trouve une cour intérieure sans aucun accès vers l'extérieur. Les archéologues ont imaginé que cet édifice servait de cage pour les lions sacrés dédiés à la déesse (le lion est l'animal emblématique d'Ishtar) ; les représentations montrant des lions déchiquetant des corps humains peuvent faire penser à des offrandes humaines (prisonniers ?) servaient parfois de nourriture pour ces lions.

      • Une favissa, ou une fosse culturelle située à au sud du temple d'Ishtar, et au nord du palais Occidental. Dans cette fosse furent retrouvés enfouis de multiples objets dédiés aux dieux d'Ebla, qu'on ne pouvait ni jeter, ni désacraliser.

    • Le temple N :
      Situé au nord de l'Acropole, dans la ville basse ; il s'agit d'un temple-tour dédié au dieu Shamash (le dieu soleil) ; un édifice de forme rectangulaire, d'une seule pièce. On y trouva une table d'offrandes et la moitié d'un bassin votif en calcaire sculpté.

    • Les maisons privées de la Ville Basse d'Ebla :
      Les maisons privées identifiées à Ebla se trouvent :
      • Dans l'aire N, dans la partie basse au nord de l'Acropole
      • Sur l'Acropole : il s'agit de vestiges de modestes maisons annexielles près du palais de l'Acropole.
      • Dans l'aire B, à côté et au sud du temple du dieu Rashap (temple B1) et le sanctuaire du culte des ancêtres (Temple B2) : ce sont les maisons les mieux conservées ; là on peut constater que généralement la maison éblaïte était constituée d'une entrée s'ouvrant sur un vestibule puis une cour et deux pièces qui s'ouvraient sur la cour du côté opposé au vestibule. D'autres maisons étaient plus complexes et plus grandes, avec une cour centrale et plusieurs pièces sur plusieurs côtés. Des citernes utilisées comme réserves d'eaux ont été identifiées.
      • Des maisons privées dans l'aire A, à l'intérieur de la porte sud-ouest d'Ebla (la porte monumentale de Damas) ; dans ces maisons, il fut constaté la présence d'une citerne d'eau par unité domestique.

    • Les fortifications extérieures :
      • Les remparts extérieurs : longs de trois km, ils entourent la ville de tous les côtés pour former un losange dont le centre est occupé par l'Acropole. Il s'agit d'immenses masses de terre élevées en talus sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur en pente plus aiguë à l'extérieur de la ville qu'à l'intérieur avec une fosse précédant la pente extérieure ; la surface des remparts est protégée par un revêtement de blocs d'argile imperméables, et la base dont l'épaisseur est 40 mètres est protégée par des gros blocs de pierre. Sur le sommet des remparts furent construites des murailles en pierre en brique, renforcées par quelques tours et bastions.

      • La porte de Damas (la porte sud-ouest) : appelée la porte de Damas parce que elle s'ouvre vers le sud, en direction de Damas, c'est l'une des cinq portes monumentales qui perçaient les remparts de la ville et permettaient de la défendre et contrôler les mouvements de circulations de l'intérieur vers l'extérieur d'Ebla et vice-versa. Donc il s'agit d'un monument à fonction militaire et civile, et aussi de prestige ; elle possédait de chaque côté, sur le talus, une tour de défense, l'escalier qui permettait d'accéder à la tour gauche (sud et côté ville) est en partie conservé. Après le premier passage (côté ville) on identifie une grande cour trapézoïdale fermée du côté extérieur (campagne) par une deuxième porte protégée par deux tours (en tenaille) ; les portes, côté ville et côté campagne étaient à double battant actionnés depuis l'intérieur.
        Il existe un petit mur construit par les croisés qui ont utilisé le site d'Ebla comme une base militaire, c'est le mur qui barre le passage dans la cour intérieure de cette porte.

 

 

 
Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour le : 10 Mai, 2015
 

 
  • Références :
    • Syrie - Guides Bleus - Hachette 2007.
    • Maria Giovanna Biga - La musique à Ebla - La Musique au Proche-Orient ancien - Dossier Archéologie et Sciences des origines n° 310- février 2006.
    • Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne - sous la direction de Francis Joannès - Robert Laffont 2001.
    • Guy Rachet - Dictionnaire des civilisations de l'Orient ancien - Larousse 1999.
    • Paola MATTHIAE - Aux origines de la Syrie, Ebla retrouvée - Découvertes Gallimard/276-Archéologie - 1996
    • Paolo MATTHIAE - La découverte d'Ebla - Dossier/Histoire et Archéologie - En Syrie, Ebla retrouvée - N°83/mai 1984
    • Fajr Haj Muhammad : Tel Mardikh Ebla
 

 
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