LA CEINTURE
Une des chansons de salle de garde des hôpitaux
          
 

Partant pour la croisade un seigneur fort jaloux
De l'honneur de sa dame et de son droit d'époux
Fit faire une ceinture à solide fermoir
Qu'il attacha lui-même à sa femme un beau soir.

Quand il eut son honneur solidement bouclé
Notre seigneur partit en emportant la clé
Depuis la pauvre Iseuit murmurait chaque jour
Quand donc t'ouvriras-tu prison de mes amours ?

Elle fit la connaissance le soir au fond d'un bois
D'un jeune troubadour, poète montmartrois
Qui vint lui proposer justement d'essayer
Si d'un poète l'amour peut faire un serrurier.

Elle était séduisante et belle et tant et tant
Que le fermoir cède et qu'elle en fit autant
Depuis bientôt deux ans durait leur tendre amour
Quand le seigneur revint avec cors et tambours.

La belle étant enceinte depuis près de neuf mois
S'écria :«Sur ma vie ! Quel malheur j'entrevois !
Mais mettant la ceinture et la serrant un peu
Notre mari n'y verra que du feu.

Le Sire s'en aperçut et se mit en courroux
«Seigneur, s'écria-t-elle, cet enfant est de vous !
Depuis près de deux ans fermé à double tour
L'enfant respectueux attend votre retour.


«Miracle ! » cria-t-il, femme au con vertueux
Ouvrons vite la porte au fils respectueux !»
De joie la tendre Iseult aussitôt accouchait
Et depuis la ceinture c'est lui qui s'la mettait !

 
 
 
 
Mise en page et publication : Dr Aly Abbara
10 janvier, 2009
 
 
 
  Référence :
Patrice Josset "Salle de garde". Le léopard d'Or - 1996 ; p:223:230.
 
 
 
 
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