CONCEPT DE LA SOCIETE MALIENNE TRADITIONNELLE SUR LA GROSSESSE, L'ACCOUCHEMENT ET LE POST PARTUM |
En Afrique en général et au Mali en particulier, la grossesse est considérée comme un don de Dieu donc un événement heureux. C'est Dieu qui décide qui aura une grossesse, qui accouchera et qui aura un enfant vivant ou pas. Si une femme tombe enceinte, on dit qu'elle a un pied dans la tombe et l'autre pied dans le monde, ce qui veut dire qu'elle a 50% de vivre ou de mourir au cours de la grossesse. Si elle fait une fausse couche, ce n'est pas une catastrophe par ce qu'on dit que c'est un malheur qui prédit un bonheur très prochain. Il peut arriver que la femme accouche d'un enfant malformé comme hydrocéphalie par exemple, on pense plutôt à un envoûtement surtout si elle a une coépouse avec qui elle ne s'entend pas du tout ou bien on dira que les démons ont changé le fœtus dans le ventre de sa maman contre un fœtus démons (diable). On accusera la femme d'être responsable de ce malheur car peut être elle s'est lavée vers le crépuscule (petit soir) ou qu'elle s'est promenée la tête nue dans les rues du village. L'enfant malformé est le plus souvent, s'il est né vivant, abandonné la nuit derrière le village et laisser à son sort car il n'est pas considéré comme un être humain et que les démons viendront le chercher la nuit. Si la femme accouche d'un mort né ou que l'enfant meurt dans les heures ou les jours qui suivent l'accouchement, on dit le plus souvent que cet enfant ne devrait pas vivre car seul Dieu sait pourquoi il est décédé. Il se peut que s'il grandissait, il allait devenir un psychopathe, un délinquant, un exclu social et c'est pourquoi Dieu n’a voulu qu'il survit. Si jamais un décès maternel survient c'est une peine sociale, mais la défunte est considérée comme une personne qui est tombée sur le champ de bataille et elle ira directement au paradis. En somme toute gestante est considérée comme ayant 50% de risque de mourir au cours de la grossesse ; elle peut faire une fausse couche ou avoir un enfant vivant ou mort né telle est la volonté de DIEU tout puissant. Dans tous les cas, les sages du village, les parents, les amis sont toujours à côté de la famille pour leur apporter le soutien nécessaire pour surmonter la tragédie que la famille vient de subir. Une accouchée est considérée comme une personne fragile et le plus souvent elle est gardée dans la chambre et ne participe à aucun activité ménagère durant les 40 jours qui suivent l'accouchement. Elle a le plus souvent un apport alimentaire conséquent pour mieux récupérer de sa parturition. L'allaitement est quasi constant au Mali sauf quelques rares fois en cas de pathologie mammaire ne le me permettant pas. Il existe rarement des poursuites judiciaires contre le personnel soignant pour une faute quelconque. Même si un parent décide de porter plainte contre le personnel médical, il est vite dissuadé par ses proches qui vont lui qualifier de non croyant et que tout ce qui est arrivé c'est Dieu qui l'a voulu et personne ne pouvait faire quelques choses et ainsi va la vie. Auteur du texte : Docteur BOCOUM Amadou - Gynécologue & Obstétricien Malien |
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Dr Aly Abbara Mise à jour : le 26 Décembre, 2020 |
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Paris / France |