Définitions standardisées des infections nosocomiales
Établies par le C-CLIN Paris-Nord en 1995.
Extrait de :
100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales
Ministère de l'Emploi et de la Solidarité Secrétariat d’État à la Santé et à l'action sociale
Comité technique national des infections nosocomiales
- deuxième édition, 1999
Infection nosocomiale (en général)
  • Infection nosocomiale (en général)
    • Une infection est dite nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d'une hospitalisation et si elle était absente à l'admission à l'hôpital.
      • Ce critère est applicable à toute infection.
    • Lorsque la situation précise à l'admission n'est pas connue, un délai d'au moins 48 heures après l'admission (ou un délai supérieur à la période d'incubation lorsque celle-ci est connue) est communément accepté pour distinguer une infection d'acquisition nosocomiale d'une infection communautaire.
      • Toutefois, il est recommandé d'apprécier, dans chaque cas douteux, la plausibilité du lien causal entre hospitalisation et infection.
    • Pour les infections du site opératoire, on considère comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant l'intervention, ou, s'il y a mise en place d'une prothèse ou d'un implant, dans l'année qui suit l'intervention.

  • Pour les besoins de certaines enquêtes, les infections nosocomiales peuvent être différenciées en fonction de leur acquisition :
    • infection acquise au sein du service où l'enquête est effectuée ;
    • infection dite "importée", c'est-à-dire acquise dans un autre hôpital voire dans un autre service de l'établissement (l'infection étant alors présente au moment de l'admission dans le service enquêté).Les mêmes critères de définition du caractère nosocomial s'appliquent dans ce cas.

Classification des infections du site opératoire
Extraite du guide de définition des infections nosocomiales ; CCLIN Paris Nord (1995

 
Infection urinaire
  • Infection urinaire
    • Bactériurie asymptomatique
      • Cas 1 Une uroculture quantitative positive (> 10 5 micro-organismes/ml), si le patient a été sondé (sondage vésical à demeure) au cours de la semaine précédant le prélèvement.
      • Cas 2 En l'absence de sondage, deux urocultures quantitatives consécutives positives ( > 10 5 micro-organismes/ml) au(x) même(s) micro-organismes(s) sans qu'il y ait plus de deux micro-organismes isolés.

    • Bactériurie symptomatique (chez un patient sondé ou non)
      • Fièvre (> 38° C) sans autre localisation infectieuse et/ou envie impérieuse et/ou dysurie et/ou pollakiurie et/ou tension sus-pubienne.
      • ET une uroculture positive (>10 5 micro-organismes/ml) sans qu'il y ait plus de deux espèces microbiennes isolées, ou une uroculture positive (>10 3 micro-organismes/ml) avec leucocyturie (> 10 4 leucocytes/ml).

  • Dans certaines situations, pour des besoins épidémiologiques locaux, des critères de définition différents peuvent être utilisés, par exemple :
    • lorsque le critère de "sondage vésical à demeure" est remplacé par "tout geste touchant l'appareil urinaire" (tels que cystoscopie, examen urodynamique, sondage itératif...) ;
    • lorsque le dépistage systématique des infections urinaires asymptomatiques n'est pas réalisé. Dans tous les cas, les modifications apportées aux critères de définition des infections surveillées doivent être clairement indiquées et prises en compte lors de l'interprétation des résultats de la surveillance.
Bactériémie
  • Bactériémie
    • Au moins une hémoculture positive prélevée au pic thermique (avec ou sans autre signe clinique)
      • sauf pour les micro-organismes suivants :
          • Staphylocoques à coagulase négative
          • Bacillus spp.
          • Corynebacterium spp.
          • Propionibacterium spp.
          • Micrococcus spp.
          • ou autres micro-organismes saprophytes ou commensaux à potentiel pathogène comparable.
        • pour lesquels deux hémocultures positives prélevées lors de ponctions différentes, à des moments différents, sont exigées.

  • Les syndromes septiques (sans hémoculture positive) ne rentrent pas dans cette définition.
Infection sur cathéter
  • Infection sur cathéter
    • Infection locale
      • Pus franc ou liquide puriforme au niveau de l'émergence ou la tunnellisation du cathéter.

    • Infection sur cathéter avec bactériémie
      • hémoculture périphérique (prélevée par ponction veineuse) positive
        • ET un des critères suivants :
          • Cas 1 Infection locale ET isolement du même micro-organisme dans le pus et le sang périphérique.
          • Cas 2 Culture positive du cathéter
              • méthode quantitative de Brun-Buisson : >1000 UFC/ml ;
              • ou méthode semi-quantitative de Maki : > 15 UFC (UFC = Unité Formant Colonie).
            • ET isolement du même micro-organisme que dans l'hémoculture.
          • Cas 3 Le rapport de la concentration en micro-organismes (UFC/ml) de l'hémoculture prélevée sur cathéter à la concentration en micro-organismes (UFC/ml) (des) de l'hémoculture(s) périphérique(s) est supérieur ou égal à 5.
UFC/ml (hémoculture prélevée sur cathéter)

 > 5

UFC/ml (hémoculture périphérique)

      • Cas 4 Signes cliniques d'infection résistant à l'antibiothérapie mais disparaissant 48 h après l'ablation du cathéter.
      • Cas 5 Signes cliniques d'infection lors de la manipulation du cathéter.
Pneumopathie infectieuse
  • Pneumopathie infectieuse
    • Diagnostic radiologique (radiographie thoracique, scanner) d'une ou plusieurs opacités parenchymateuses anormales, récentes et évolutives
      • ET l'une des caractéristiques suivantes :
        • Cas 1 identification d'un micro-organisme isolé :
          • de l'expectoration s'il s'agit d'un micro-organisme pathogène qui n'est jamais commensal des bronches : Legionella pneumophila, Aspergillus fumigatus, mycobactéries, virus respiratoire syncytial...,
          • ou d'un lavage broncho-alvéolaire avec 5 % au moins de cellules contenant des micro-organismes à l'examen microscopique direct après centrifugation appropriée, ou plus de 10 4 micro-organismes/ml,
          • ou d'un prélèvement par brosse télescopique protégée ou d'un prélèvement trachéal distal par cathéter protégé avec plus de 10 3 micro-organismes/ml (en l'absence d'antibiothérapie récemment instaurée),
          • ou d'une ponction d'un abcès pulmonaire ou de plèvre,
          • ou d'une pneumopathie infectieuse ou d'un abcès authentifiés par un examen histologique.
        • Cas 2 un sérodiagnostic, si le taux des anticorps est considéré comme significatif par le laboratoire (ex. : Legionella).
        • Cas 3 au moins un des signes suivants :
          • expectoration (ou sécrétions trachéales chez les patients ventilés) purulente d'apparition récente,
          • fièvre supérieure à 38°5 d'apparition récente en l'absence d'autre cause,
          • hémoculture positive à un micro-organisme pathogène en l'absence de tout autre foyer et après avoir éliminé une infection sur cathéter.

  • Des définitions spécifiques basées sur des critères cliniques peuvent être utilisées dans les unités de long séjour.
  • Les autres infections respiratoires basses suivent d'autres critères.
Infection cutanée
  • Infection cutanée
      • Cas 1 Écoulement purulent, pustules, vésicules ou furoncles
      • Cas 2
        • Présence de deux des signes suivants :
          • douleur locale
          • tuméfaction
          • chaleur
          • sensibilité
          • rougeur
        • ET d'un des signes suivants :
          • micro-organisme isolé par culture d'un prélèvement du site concerné,
          • micro-organisme isolé d'hémoculture (ex : pyogène),
          • cellules géantes multinucléées observées lors d'un examen microscopique des tissus.
  • Références
    • Bleichner G, Beaucaire G, Gottot S et coll. Conférence de consensus de la Société de Réanimation de Langue Française. Infections liées aux cathéters veineux centraux en réanimation. Rean Urg 1994 ; 3 : 321-30.
    • Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales de l'interrégion Paris et Nord. Guide de définition des infections nosocomiales. Paris : C-CLIN Paris-Nord, 1995.
    • Conseil supérieur d'hygiène publique de France. 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 1992, numéro spécial.
    • Garner JS, Jarvis WR, Emori TG et coll. CDC definitions for nosocomial infections, 1988. Am J Infect Control 1988 ; 16 : 128-40.
    • Horan TC, Gaynes RP, Martowe WJ et coll. CDC definitions of nosocomial surgical sites infections, 1992 : a modification of CDC definitions of surgical wound infections. Infect Control Hosp Epidemiol 1992 ; 13 : 606-8.
    • Mc Geer A, Campbell B, Emori TG et coll. Definitions of infection for surveillance in long-term care facilities. Am J Infect Control 1991 ; 19 : 1-7.
    • Raad II, Bodey GP. Infectious complications of indwelling vascular catheters. Clin Inf Dis, 1992 ; 15 : 197-210.


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