Centre hospitalier de Longjumeau Parasitologie
La gale : généralité et le traitement au cours de la grossesse et l'allaitement
 
  Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 15 Mai, 2023
 
  • La gale (scabies - الجَرَب) :
    • L'agent responsable de la maladie est un acarien ectoparasite connu sous le nom de (Sarcoptes scabiei) vivant dans l'épiderme humain (la couche superficielle de la peau).

    • L'homme est le seul réservoir du parasite.

    • La gale est due à la présence de la femelle du parasite dans la partie superficielle cornée de la peau du malade où elle creuse un sillon dans lequel elle dépose ses œufs.

    • La survie du parasite à l'extérieur de l'hôte est estimée entre 1 et 4 jours. Il est détruit à une température supérieure à 55 °C.

    • La transmission de la gale est :
      • directe, inter humaine dans 95 % des cas ;
      • indirecte par l'intermédiaire de l'environnement (linge et literie).

    • Il s'agit d'une maladie très contagieuse, un seul contact suffit à la transmission de la maladie.

    • Durée d'incubation est de 3 semaines à un mois.

    • Pas de guérison spontanée.

    • Elle touche toutes les tranches d'âges et tous les niveaux socio-économiques, mais particulièrement les sujets vivant dans de mauvaises conditions d'hygiène et de précarité.

    • La gale en France est inscrite au tableau des maladies professionnelles.

    • Le diagnostic clinique est basée sur la présence de :
      • prurit cutané important à recrudescence nocturne à l'origine de multiples lésions cutanées de grattage.
      • des lésions cutanées sous formes de sillon situé sous l’épiderme, parfois terminé par une vésicule perlée correspondant au lieu de migration du sarcopte femelle. Ce sillon caractéristique est appelé le sillon scabieux (relatif à la gale).
        • Les localisations préférentielles des lésions cutanées dans la gale sont : espaces interdigitaux, face antérieure des poignets, régions inguinale, fesses ; ventre ; seins et particulier la région péri mamelonnaire. Le visage et le dos sont généralement épargnés.

    • Dans les formes atypiques, le diagnostic peut être confirmé par la recherche sous microscope de la présence du parasite dans des prélèvements sur les croûtes ou sur un sillon cutané à l'aide d'un vaccinostyle.
      Un examen parasitologique négatif n'élimine pas le diagnostic de la gale.

 
  • AVIS DU CONSEIL SUPERIEUR D'HYGIENE PUBLIQUE DE FRANCE SECTION DES MALADIES TRANSMISSIBLES Relatif à la conduite à tenir devant un cas de gale (séance du 27 juin 2003)

  • Considérant qu'en matière de santé publique :
    • La maladie touche les individus de tous âges et tous milieux sociaux,
    • La gale est une maladie pouvant être responsable d'épidémie dans les collectivités (1),
    • La gale est une maladie très contagieuse due à un parasite, Sarcoptes scabiei hominis,
    • La femelle fécondée colonise les couches superficielles de l'épiderme, pond 3 à 5 œufs par jour pendant 2 mois, chaque œuf donne une larve qui devient adulte en 2 à 3 semaines,
    • La charge parasitaire peut atteindre quelques dizaines de parasites dans la gale commune et plusieurs milliers dans les gales profuses,
    • Le parasite survit, hors de son hôte humain, pendant plusieurs jours jusqu'à une semaine,
    • La dissémination du parasite est favorisée par la vie en collectivité et le non-respect des règles d'hygiène,
    • Le facteur de risque de transmission est la cohabitation d'un grand nombre de personnes dans un espace restreint,
    • La contamination est avant tout inter humaine, par contact cutané direct d'un sujet parasité à un autre sujet, particulièrement à l'occasion d'une relation sexuelle,
    • Dans les gales profuses, la transmission indirecte est possible par contact avec des vêtements, literie, serviettes, fauteuils …. parasités,
    • L'immunodépression locale et /ou générale (corticothérapie, infection par le VIH…) constitue un facteur favorisant de gales profuses.

  • Considérant qu'en matière de diagnostic (6) :
    • La gale présente 2 formes cliniques :
      • La gale commune
      • Les gales profuses, les plus contagieuses (gale hyperkératosique et gale disséminée inflammatoire)

    • La gale se manifeste par un prurit à recrudescence nocturne quasi-constant et le plus souvent par des lésions non spécifiques : lésions eczématiformes et de grattage, impétigo, - La notion de contage et de prurit dans l'entourage est un élément très évocateur du diagnostic.

    • Le traitement d'épreuve à visée diagnostique doit être évité : en effet, un prurit d'autre étiologie peut céder sous ce traitement et inversement, le prurit de la gale peut être long à disparaître.

    • Les lésions spécifiques (sillons, vésicules perlées, papulo-nodules) ne sont pas constamment retrouvées.

    • La topographie des symptômes aux espaces interdigitaux dorsaux des mains, à l'aréole mammaire, aux organes génitaux externes (papulo-nodules), aux fesses, aux coudes, aux zones axillaires antérieures, sans atteinte du dos et du visage, est évocatrice du diagnostic de gale commune.

    • La topographie est d'aspect trompeur dans les gales profuses :
      • L'atteinte du dos est fréquente dans la gale disséminée inflammatoire.
      • L'atteinte peut être généralisée dans la gale hyperkératosique avec prédominance des squames friables et parfois absence de prurit.

  • La gale commune du nourrisson présente des spécificités cliniques :
    • L'éruption est le plus souvent vésiculopustuleuse, parfois papuleuse, prurigineuse prédominant aux extrémités mais pouvant être plus diffuse, le visage est habituellement épargné, une atteinte du cuir chevelu est possible,
    • Les sillons sont inconstants, mais des nodules inflammatoires et prurigineux, (nodules scabieux), prédominants aux aisselles, au bas du dos et aux organes génitaux ne sont pas exceptionnels, ils peuvent être la seule manifestation clinique et persister plusieurs semaines, § Le prurit en l'absence de lésion cutanée n'est pas un mode révélateur fréquent de la maladie,
    • Une surinfection cutanée (impétiginisation) est fréquente, peut majorer l'éruption pustuleuse et entraîner adénopathies et fièvre ,
    • Le retard diagnostique est source d'épidémie.

  • La persistance d'un prurit dans les 8 à 15 jours après le traitement ne traduit pas forcément un échec, les causes pouvant être (5) :
    • Une irritation cutanée par le traitement,
    • Un eczéma de contact,
    • Une acarophobie,
    • Autres causes de prurit masquées par la gale,

  • Le diagnostic de gale est établi sur les éléments suivants :
    • Présence de lésion clinique évocatrice et/ou un examen parasitologique positif
    • En l'absence de prurit, l'examen parasitologique est nécessaire

  • Considérant qu'en matière de traitement :
    • Il n'y a pas de guérison spontanée de la maladie,
    • Le traitement est justifié lorsque le diagnostic de gale est établi

  • Il existe 2 types de traitements (4):
    • Le traitement per os : l'ivermectine en prise unique à la posologie de 200 μg / kg. La sécurité d'emploi n'a pas été établie chez les enfants de moins de 15 kg,

    • Les traitements locaux (en annexe):
      • Toutes les régions du corps doivent être traitées, y compris le cuir chevelu et le visage s'il y a un doute sur leur atteinte,
      • Les traitements locaux peuvent être irritants, d'autant plus qu'ils sont répétés,

      • Le Conseil supérieur d'hygiène publique de France recommande devant un ou plusieurs cas de gale que ce soit la gale commune ou les gales profuses :
        • Au niveau individuel:
          • De traiter simultanément le(s) sujet(s) parasité(s) et toute personne ayant eu un contact intime avec le(s) malade(s), selon les modalités de traitement suivantes (2-4, 7-9) :

            • Pour la gale commune :
              • Le traitement est réalisé à domicile ; quel que soit le traitement choisi, le CSHPF estime que dans l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de niveau de preuve suffisant pour recommander préférentiellement un traitement per os ou par voie locale. Cependant, la facilité d'utilisation plaide en faveur du traitement per os et ce d'autant plus que le nombre de personnes à traiter est important.

            • Pour les gales profuses :
              • Le malade doit être isolé (le plus souvent, lors d'une hospitalisation),
              • Le traitement per os est recommandé et un traitement local peut être associé au traitement per os,
              • La définition des sujets contacts à traiter devant être large dans le cas de gales profuses en raison de la très forte contagiosité.

            • Un traitement antibiotique per os sera recommandé en cas d'impétiginisation,

        • De traiter à nouveau :
          • Tous les sujets qui ont des signes cliniques spécifiques de gale et/ou un examen parasitologique positif, persistant 8 à 15 jours après le traitement (résistance, ré-infestation ou traitement insuffisant par incompréhension ou mauvaise observance)
          • Dans les gales profuses une deuxième dose du traitement per os et/ou l'association à un traitement local peuvent être nécessaires pour obtenir la guérison,
          • Traiter à nouveau n'est pas justifié en présence de nodules post scabieux qui peuvent persister plusieurs semaines après un traitement, en particulier chez le nourrisson, en l'absence d'autres signes de gale.

        • Au niveau environnemental :
          • Les vêtements, les draps, les serviettes …doivent être lavés, si possible en machine;
          • Une désinfection de l'environnement n'est pas indiquée dans le cas de gale commune,
          • La décontamination des lieux de vie par un acaricide est à décider avec les autorités sanitaires dans le cas de gale profuse.

        • Au niveau de la collectivité, (2-4) :
          • De mettre en place une stratégie de prise en charge de la collectivité par le médecin traitant, le responsable de l'établissement et les autorités sanitaires,
          • En fonction du nombre et de la dissémination des cas dans la collectivité, de traiter au minimum toutes les personnes en contact avec le malade et au maximum toutes les personnes vivant, travaillant ou visitant l'institution et le cas échéant leur propre entourage, en privilégiant le traitement per os,

        • De prévenir les familles des malades.
        • Dans les collectivités d'enfants, une éviction est prévue jusqu'à 3 jours après le traitement pour une gale commune et jusqu'à négativation de l'examen parasitologique pour les gales profuses (10).

  • Références bibliographiques :
  • 1- Ancelle T. la gale dans les établissements pour personnes âgées en France en 1996 Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 1997 ; 7 ; 27-9
  • 2- CClin Paris nord. Lutte contre les ectoparasites et agents nuisibles en milieu hospitalier, guide de bonnes pratiques mars 2001 : 17-24
  • 3- CDC. Guidelines for treatment of sexually transmitted diseases. MMWR 2002 ; 51 ; RR-6
  • 4- Chosidow O. Scabies and pediculosis Lancet 2000 ; 355 : 819-26
  • 5- Chosidow O, Bécherel PA. Traitement de la gale. Revue Prat 2001 ; 51 : 1281 - 2
  • 6- Meinking TL. Infestations Curr Probl Dermatol 1995 ; 11 : 80-118
  • 7- Anonyme. Reconnaître et traiter la gale en 2002. Rev Prescrire 2002 ; 22 ; 229 : 450-5
  • 8- Anonyme. Ivermectine, nouvelle indication : contre la gale, un traitement oral, efficace et d'emploi facile. Rev Prescrire 2002 ; 22 ;229 : 405-9 8, avenue de Ségur, 75700 PARIS 07 SP – Tél : 01 40 56 60
 

 

CRAT - Centre de Référence sur les Agents Tératogènes
Hôpital Armand Trousseau, 26 avenue du Docteur Arnold Netter, 75012 PARIS
Tel/fax : ++33 (0)143412622 - www.lecrat.org

 

 
  • Traitement de la gale chez la femme enceinte
  • Mise à jour : 21 avril 2011
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  • Il existe 2 types de traitement de la gale :
    • •par voie orale : ivermectine (Stromectol®) en prise unique.
      •par voie cutanée : Ascabiol® et Sprégal®. Ils peuvent être irritants, d'autant plus s'ils sont répétés.
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  • EN PRATIQUE
    • En cours de grossesse on utilisera de préférence l'ivermectine (Stromectol®) quel que soit le terme de la grossesse.
    • L'Ascabiol® et le Sprégal® peuvent également être utilisés. Leur efficacité sera appréciée au cas par cas.
      On ne dispose pas d'argument en faveur d'une diminution du temps d'application d'Ascabiol® chez la femme enceinte.
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  • Seuls quelques noms de spécialités sont mentionnés dans ce site. Cette liste est indicative et n'est pas exhaustive.
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  • Ivermectine
  • Mise à jour : 21 avril 2011
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  • MECTIZAN® - STROMECTOL®
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  • L'ivermectine est un anti-parasitaire antihelminthique utilisé par voie orale dans le traitement de la gale et des helminthes.
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  • ETAT DES CONNAISSANCES
    • Les données publiées chez les femmes enceintes exposées à l'ivermectine sont nombreuses et rassurantes.
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  • EN PRATIQUE
    • Traiter une femme enceinte
      • L'utilisation de l'ivermectine est possible quel que soit le terme de la grossesse.
    • Découverte d'une grossesse après un traitement
      • Rassurer quant au risque malformatif de l'ivermectine.
    • Allaitement
      • La quantité d'ivermectine ingérée via le lait est faible : l'enfant reçoit moins de 2% de la dose maternelle (en mg/kg) (calculs effectués sur un petit effectif).
      • Aucun événement particulier n'a été signalé à ce jour chez des enfants allaités.
      • Au vu de ces éléments, l'utilisation de l'ivermectine est possible en cours d'allaitement.
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  • Ascabiol®
  • Mise à jour : 21 avril 2011
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  • L'Ascabiol® est une association de benzoate de benzyle et de sulfiram.
    L'absorption est faible par voie cutanée.
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  • ETAT DES CONNAISSANCES
    • Il n'y a pas de donnée publiée chez des femmes enceintes exposées à l'Ascabiol® au 1° trimestre mais le recul est important et aucun élément inquiétant n'est rapporté à ce jour.
    • Aux 2° et/ou 3° trimestres les données sont nombreuses et rassurantes.
    • Le benzoate de benzyle n'est pas tératogène chez l'animal.
    • Il n'y a pas d'étude de tératogenèse chez l'animal avec le sulfiram.
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  • EN PRATIQUE
    • Traiter une femme enceinte
      • On préférera l'ivermectine (Stromectol®), mieux connue chez la femme enceinte en particulier au 1er trimestre.
        Cependant, l'utilisation d'Ascabiol® est possible quel que soit le terme de la grossesse.
      • Dans ce cas, on ne dispose pas d'argument en faveur d'une réduction de son temps d'application chez la femme enceinte.
    • Découverte d'une grossesse après un traitement
      • Rassurer quant au risque malformatif de l'Ascabiol®.
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    Source : Wikipedia
    Parasite de la gale

    Gale : lésions péri-ombilicales

    Gale : tunnel  intra-épidermique

    Gale : lésions cutanées multiples

    Gale : lésions cutanées multiples



    Gale : lésions interdigitales

    Gale : lésions cutanées à la face antérieure du poignet
 

 
 

 

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