La flore bactérienne vaginale ; le pH du vagin et le score de Nugent
Auteur : Dr Aly Abbara
Mise à jour : 16 Mai, 2023


 
     
    • Définition " flore " :
      • En botanique :
        Ensemble des végétaux qui croissent de façon naturelle dans un pays, une région ou à une époque donnée.
      • En Médecine :
        Flore bactérienne : ensemble des micro-organismes vivant à l'état naturel ou pathologique dans certaines parties de l'organisme.
      • En Gynécologie :
        La flore bactérienne vaginale saine : ensemble de micro-organismes colonisant le vagin et formant un biofilm protecteur sur la muqueuse vaginale empêchant la prolifération des germes pathogènes par inhibition de leur croissance, leur adhésion et leur développement..
        Elle est constituée 108 à 109 germes/ml de sécrétion vaginale répartie en 5 à 6 espèces de micro-organismes avec un état d'équilibre entre les germes pathogènes et non pathogènes, ces derniers sont composés essentiellement de germes saprophytes (qui vivent sur un hôte sans entraîner de maladie) et en particulier les bacilles de Döderlein (ou lactobacilles) qui représentent environ 95 % de la flore vaginale globale. Les espèces restantes sont essentiellement des germes anaérobies, 2 à 5 fois plus nombreuses que les germes aérobies (Gardnerella vaginalis, Mycoplasma hominis, Prevotella spp, Pepto Streptococcus spp).

    • Certains auteurs classent les micro-organismes composant la flore vaginale en trois groupes :
      • Micro-organismes sans pouvoir pathogène connu : Lactobacillus ;Corynebacterium ; Neisseria autres que gonorrhoeae ; Staphylocoques non aureus
      • Micro-organismes toujours pathogènes : Neisseria gonorrhoeae ; Chlamydia trachomatis ; Trichomonas vaginalis ; Herpès virus.
      • Micro-organismes commensaux éventuellement pathogènes : Candida albicans ; Gardnerella vaginalis ; Mobiluncus spp ; Mycoplasma, Ureaplasma ; Staphylococcus aureus ; Streptococcus spp ; Anaérobies strictes ; Entérobactéries ; Papillomavirus.

    • Les mécanismes de l'inhibition de la prolifération des germes pathogènes par les lactobacilles (bacilles de Döderlein) :
      • Le pH du milieu vaginal :
        En métabolisant le glycogène emmagasiné dans les cellules de l'exocol utérin (sous l'influence des œstrogènes), les lactobacilles produisent de l'acide lactique. Cet acide produit permet le maintien du pH du milieu vaginal entre 4 et 4,5 ; cette acidité joue un rôle bactériostasique empêchant la prolifération de la plupart des germes vaginaux pathogènes excepté le Candida Albicans.
      • La sécrétion de peroxyde de l'hydrogène par les lactobacilles :
        Par son effet oxydatif, le peroxyde de l'hydrogène joue le rôle de puissant inhibiteur de la prolifération des germes pathogènes anaérobies stricts en inhibant l'implantation de ces germes, en particulier les Gardnerella vaginalis.
      • La sécrétion des bactérocines :
        Ce sont des dérivés protéiques produits par les lactobacilles ; ils sont capables de se fixer et de déstabiliser la membrane cytoplasmique des germes en formant des pores.
      • L'arginine désaminase :
        Les lactobacilles produisent cette enzyme, qui en métabolisant l'arginie, prive les germes pathogènes de cet acide aminé nécessaire à leur croissance et leur prolifération.
      • Inhibition de l'adhésion des germes pathogènes :
        En adhérant à la surface de la muqueuse vaginale, le biofilm constitué par la flore vaginale joue le rôle de barrière limitant l'adhésion des germes pathogènes.
        La capacité des lactobacilles à s'adhérer de façon spécifique à la fibronectine renforce l'efficacité du biofilm protecteur. Cette capacité est plus forte dans les milieux à pH acide, comme c'est le cas dans le milieu vaginal normal.
        Les lactobacilles produisent aussi des biosurfactants, en particulier la surfactine, un inhibiteur d'adhésion de certains germes pathogènes comme l'E.Coli, et Candida Albicans.
      • Les lactobacilles possèdent la capacité de co-agréger aux germes pathogènes ce qui empêche ces derniers d'accéder et s'adhérer aux tissus cibles et les infecter.
      • La flore vaginale joue aussi le rôle de la première ligne de défense immunitaire vaginale en stimulant les défenses pré-immunitaires grâce aux antigènes de surface des micro-organismes composant cette flore.

    • Les modifications de la flore vaginale et le pH vaginal en fonction du statut hormonal :
      • Chez la femme adulte, en période d'activité génitale :
        Sous l'influence des œstrogènes, le glycogène s'accumule dans la muqueuse exocervicale puis le métabolisme de ce glycogène en acide lactique par les lactobacilles (qui présentent 95 % de la flore vaginale) entraîne la baisse du pH vaginal pour avoisiner le 4,5.
      • A la naissance, jusqu'au 3e jour de vie :
        Le nouveau-né de sexe féminin possède une muqueuse vaginale identique à celle de la femme adulte.
      • Pendant les règles :
        Avec la baisse de l'imprégnation œstrogénique le pH vaginal augmente pour avoisiner le 6.
      • La grossesse modifie la flore vaginale avec diminution, voire dans certains cas, la disparition complète des lactobacilles.
      • Chez la femme ménopausée et dans l'enfance :
        Il existe une diminution importante du nombre des lactobacilles, et une sécrétion en glycogène abaissée en raison de carence œstrogénique qui caractérise cette période de la vie ; la conséquence de ces modifications est l'élévation du taux du pH vaginal pour avoisiner le 7.
        La flore et le pH vaginaux de la femme ménopausée sont similaires à celle de l'enfance avec une muqueuse vaginale et exocervicale mince, non kératinisée et une flore pauvre en lactobacilles et composée essentiellement de streptocoques, staphylocoques, corynebactéries, entérobactéries et des germes de la flore cutanée vulvaire.
      • Les dispositifs intra-utérins (DIU) et les diaphragmes augmentent le pH vaginal.
      • Les douches vaginales et les toilettes vulvaires trop fréquentes peuvent entraîner le déséquilibre de la flore vaginale et vulvaire et favorisent la prolifération des germes pathogènes.
      • Les rapports sexuels :
        Le sperme a un pH élevé de l'ordre de 7, donc la multiplication des rapports sexuels et des partenaires peuvent déséquilibrer la flore vaginale en réduisant le nombre des lactobacilles.
      • Le tabac est un facteur d'altération de la flore vaginale.
      • Les antibiotiques et en particulier les bêta-lactamines, les cyclines, et les antibiotiques à large spectre (exceptés le métronidazole et les quinolones) détruisent les lactobacilles et déséquilibrent la flore vaginale.

      • Le pH vaginal au cours des mycoses vaginales est classiquement inférieur à 4,5.

      • Dans les vaginoses bactériennes le pH de la cavité vaginale s'élève au-delà de 5

      • Certains probiotiques, administrés par voie orale ou vaginale, sont capables de reconstituer une flore bactérienne vaginale saine.
    • Score de Nugent :
      En explorant par examen direct, après coloration de Gram, des sécrétions vaginales prélevées au niveau du cul-de-sac postérieur ou latéral du vagin on peut établir le score de Nugent qui divise la flore vaginale en trois groupes :
      • Groupe 1 :
        • Score compris entre 0 et 3 :
          • flore normale, à prédominance de lactobacilles.
      • Groupe 2 :
        • Score compris entre 4 et 6 :
          • flore intermédiaire, avec des lactobacilles peu abondantes et associées à d'autres morphotypes bactériens peu différenciés en petites quantités.
      • Groupe 3 :
        • Score compris entre 7 et 10 :
          • flore évocatrice d'une vaginose bactérienne. Les lactobacilles ont disparu, au profit d'une flore anaérobie abondante et polymorphe.

    • Références : Bohbot Jean-Marc (Institut Alfred-Fournier Paris) : données scientifiques publiées par Laboratoire MERC - août 2006.


    Auteur : Dr Aly Abbara
    Mise à jour : 16 Mai, 2023


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